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Préliminaires: ce sont les arabes qui les ont inventés
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[QUOTE="Drianke, post: 13097725, member: 174325"] L’art d’aimer : moralistes et poètes A côté des textes canoniques et du parcours prophétique, il existe, dans la culture arabo-musulmane, un imaginaire amoureux d’une fabuleuse richesse. Un tel imaginaire s’était épanoui évidemment avant l’islam, y compris chez les Arabes bédouins. Les Arabes n’ont-ils pas une centaine de noms pour dire l’amour ? C’est surtout pendant la période où l’islam va connaître la prodigieuse expansion que l’on connaît, devenant une civilisation essentiellement citadine, qu’une culture de la passion amoureuse, de la galanterie et de la séduction, du libertinage et de l’érotisme va se déployer, notamment à travers la littérature romanesque et la poésie, mais aussi la jurisprudence ou l’éthique, voire la médecine. Il convient cependant – ainsi que le rappelle Jamel Eddine Bencheikh – de distinguer les œuvres des moralistes de celles des poètes notamment. Les premiers ont essayé d’élaborer une éthique sexuelle destinée principalement à édifier le croyant, qui doit, dès lors, mener une «vie vertueuse». En particulier parce que la problématique du pouvoir était devenue cruciale dans un Dâr al-Islâm rapidement transformé en un vaste empire s’étendant de l’Inde à l’Espagne, ils tentèrent d’élaborer une morale permettant d’éviter que les Princes ne se laissent égarer par la passion amoureuse. La jubilation du «trop de sexe» engendre son contraire : l’angoisse de la «dissolution des mœurs», la peur de la négation des vertus élémentaires qui fondent la civilisation arabo-islamique. Ainsi, s’il n’y avait pas de péché de chair, les relations sexuelles furent cependant scrupuleusement codifiées. Les moralistes établirent notamment une distinction nette entre l’union licite (nikâh) et l’union illicite ou adultère (zinâ), interdit qui repose fondamentalement – compte tenu des mœurs de l’époque – sur le respect dû à la dignité de la femme et sur son égalité avec l’homme. Mais, à côté de cette éthique, a toujours existé une littérature libre et une poésie amoureuse. En particulier – comme le rappelle fort opportunément Jamel Eddine Bencheikh –, les notions de raffinement, d’amour courtois (dharf) contribuèrent à penser et à fonder de nouvelles formes de sociabilité et un art d’exister, qui touchent aux rapports à soi et à autrui, au maniement du langage, à la définition des attitudes. C’est dans ce cadre que se développe très tôt un courant de poésie amoureuse, illustré notamment par l’œuvre d’un Ibn al-Ahnaf (m. en 808) et de plusieurs poètes andalous. La poésie mystique, en particulier, va se nourrir de cette inspiration profane originelle. Elle est dédiée à l’Etre non présent. Vers Lui s’élève notre âme, abandonnant le corps, dans un désir brûlant de se fondre dans Son essence supérieure. On retrouve, à propos de cette ivresse, l’utilisation par les mystiques d’odes bachiques profanes, dont le lexique et les symboles sont utilisés par un Al-Hallâj, supplicié en 922, l’ascète Ibn al-Fârid (m. en 1235) ou encore le grand mystique Ibn al-‘Arabî (m. en 1240). Le statut de la femme Ainsi qu’on l’a dit précédemment, la femme est omniprésente dans la vie du Prophète ; il lui confie ses pensées, ses tourments, ses projets, voire les déploiements mêmes de sa prédication – ce fut le cas en particulier pour la «mère des musulmans» : Khadidja (m. en 619). Du temps du Prophète et de ses Compagnons, les femmes jouaient un rôle – social, spirituel et politique – considérable ; nombre d’entre elles assistaient, par exemple, aux assemblées délibératives des musulmans, y compris du vivant du Prophète ; ce fut une période de grande tolérance entre hommes et femmes, et de mixité, y compris dans les lieux de culte. Si le Coran, Livre révélé et sacré, est identique pour tous les musulmans, il a fait l’objet, dès le début – y compris peu de temps après la mort de Muhammad, au moment de sa recension sous le califat de ‘Omar puis sous celui de ‘Uthmân –, et tout au long de l’histoire musulmane, de diverses lectures et interprétations. C’est pourquoi, d’une contrée à l’autre du vaste monde musulman et d’une époque historique à l’autre, la question de la sexualité ou celle du statut de la femme ont été posées de manière fort distinctes. Les aspects obscurantistes (haine de l’érotisme et de l’amour, marginalisation sexiste et juridiquement codifiée des femmes) ne sont apparus que plus tard, notamment avec la fermeture progressive des portes de l’Ijtihâd et l’érection, aux quatre coins du vaste Empire, de Palais somptueux dans lesquels des califes et potentats enfermèrent leurs nombreuses esclaves et concubines (jawârî), organisant bien souvent orgies et saturnales gigantesques, confortant l’imagerie d’une religion faite d’un mélange confus de suavité extrême et de puritanisme absolu. De cette période nous vient, en effet, l’image occidentale, complètement caricaturale, partielle et partiale, d’un monde musulman où le sexe était à la fois enfermé mais triomphant dans la débauche, ce qui évidemment était loin d’être le cas pour l’immense majorité des pauvres, pour lesquels, les soucis matériels aidant, c’était la règle du mariage monogamique qui prédominait, comme aujourd’hui d’ailleurs. Avec la modernité – ses promesses et ses innombrables et traumatisants échecs –, la peur de l’amour et du sexe (ou plutôt leur dévoiement) est à nouveau instrumentalisée, pour se muer invariablement en haine de la femme. Cette stigmatisation de la femme – alliée à la thématique plus générale de dénonciation de la «dilution des mœurs», caractéristique supposée définir la dérive du monde moderne – fait partie de la psychologie profonde du néofondamentaliste. L’intériorisation du sentiment de «menace» explique que les groupes néofondamentalistes – phénomènes que l’on peut évidemment observer dans toutes les religions et sociétés, pas seulement islamiques (militants extrémistes hindous, ultra-orthodoxes juifs, néofondamentalistes américains, intégristes catholiques en Europe, etc. – soient parfois enclins à embrasser des interprétations pour le moins délirantes : si les valeurs sont à tel point minées, il doit y avoir une «conspiration» étrangère et/ou une «corruption» endogène du corps social. Le véritable facteur responsable de cette déliquescence – en ce qui concerne les sociétés extra-occidentales du moins – est…«l’occidentalisation du monde». On connaît par cœur un tel «diagnostic», au moins depuis le célèbre Jalons sur la Route (Ma‘âlim Fî al-Tarîq) de Sayyed Qotb : l’état de «décadence morale» de la société occidentale s’expliquerait par le fait qu’elle n’est plus dirigée par une vérité normative assurée, ni par un idéal spirituel transcendant. Dans une telle perspective, qu’il s’agisse des fondamentalistes hindous, juifs, protestants, catholiques ou musulmans, tous voient dans l’occidentalisation des élites une des sources principales de la crise de civilisation et du profond malaise identitaire. Prenant acte de la chute morale de la société occidentale et de sa profonde corruption des sociétés islamiques traditionnelles, les islamistes radicaux, eux, la jugent anti-musulmane (kufr). Dans une telle perspective, la femme cristallise les peurs et les ressentiments. Si donc, comme on l’a rappelé, l’éthique coranique et la prédication prophétique insistèrent très souvent sur l’égalité spirituelle des deux sexes, historiquement, ni les théologiens ni les jurisconsultes ni les responsables politiques n’ont majoritairement su inscrire cette égalité dans le droit, encore moins dans les faits. Au contraire, ils mirent l’accent sur la «prééminence de l’homme» et imposèrent une vision étriquée de la «pudeur», de sorte que tout un imaginaire «machiste» et paternaliste – qui, évidemment, existait bien avant l’islam, dans des sociétés à la fois «segmentées», tribales et claniques, et «holistes» – s’est accentué, ouvrant la voie à la plupart des discriminations et humiliations actuelles. la suite à se procurer dans les liens.... [url]http://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2002-2.htm[/url] [/QUOTE]
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