Le prix à payer : un documentaire qui dénonce les paradis fiscaux

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la rose et le réséda
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VIDÉO - http://www.lefigaro.fr/conjoncture/...umentaire-qui-denonce-les-paradis-fiscaux.php

Ce documentaire engagé signé Harold Crooks dénonce la face cachée de la mondialisation, explique la genèse et les ressorts de la finance offshore.

De 21.000 à 32.000 milliards de dollars, soit l'équivalent de 10 à 15 % du patrimoine financier mondial! C'est une estimation de l'argent caché dans les paradis fiscaux fin 2010. Dans son documentaire choc sorti en salle mercredi, Harold Crooks, habitué des films engagés, s'interroge: si le «prix à payer» - titre du film - était la mort de nos démocraties? «L'âge d'or de l'État libéral, l'État providence, c'est fini, assène Saskia Sassen, l'une des économistes interrogées. Le contrat social est rompu.» La prospérité d'après-guerre - qu'illustrent les prises de vue de quartiers proprets, des éclats de rire d'enfants et du bonheur de leurs parents - contraste avec celles des déshérités de la crise financière: quartiers abandonnés, maisons délabrées, familles jetées à la rue.

«Ce n'est pas illégal, c'est immoral!»
Alternant effets spéciaux, images d'archive et témoignages d'experts - souvent d'anciens «insiders» passés par les banques d'affaires, les cabinets de consultants - le réalisateur décrypte la finance offshore, en explique la genèse et les ressorts. Sur le banc des accusés: la City de Londres et les dépendances de la couronne (Jersey, Guernesey, l'ile de Man, les îles Caïmans…). Comment dans les années soixante les banquiers londoniens ont créé en utilisant des failles de la loi des paradis fiscaux dans les anciennes colonies de l'empire britannique.

Le Prix à payer pointe les grandes multinationales, les géants du numérique - Amazon, Apple ou Google - qui s'entourent d'armadas d'avocats et de fiscalistes pour réduire leurs impôts à presque rien. Et ce chiffre mentionné par l'OCDE: 75 % de leurs profits sont localisées en Suisse, à Singapour et aux Caïmans. Ces pratiques sont légales, se défendent les accusés, mais n'en scandalisent pas moins l'opinion publique à l'heure où les caisses des États sont vides. L'une des scènes mémorables du Prix à payer est celle où Matt Brittin, vice-président de Google pour le Royaume-Uni, tente de justifier les pratiques de son entreprise devant une commission d'enquête parlementaire. «Pour se développer à l'international, dit-il, on doit protéger sa propriété intellectuelle, bien gérer ses coûts pour satisfaire nos actionnaires», dit-il. «Donc, vous minimisez vos impôts, ce qui est injuste pour le contribuables anglais», lui rétorque la présidente de la commission, Margaret Hodge. «Non car nous payons tous les impôts requis. En Grande-Bretagne, nous avons payé 6 millions!» se défend-il. Réplique cinglante de la présidente: «Ce que vous faites n'est illégal mais immoral!».

Éclairs apocalyptiques
Autre scène: un cadre de Barclays, passé à la question par un député travailliste pugnace, est incapable d'indiquer le nombre de filiales que la banque possède sur l'île de Man, à Jersey et aux Caïmans. Le député, lui, le sait. «Vous avez plus de 300 filiales actives dans les paradis fiscaux», assène-t-il. À Washington aussi, les élus se déchaînent, à l'instar du sénateur démocrate Carl Levin qui ne se prive pas d'étriller un responsable d'Apple.

Le Prix à payer devrait surtout séduire un public engagé. Il manque parfois de clarté pour les moins avertis et l'usage un zeste lancinant d‘images de synthèse, des ciels assombris zébrés d'éclairs apocalyptiques. Que le spectateur se rassure, une lueur d'espoir luit qaund même dans ces ténèbres. Pour éviter le cataclysme, pour combattre ce gigantesque «cloud» financier qui abrite 1.600 milliards de dollars, Harold Crooks avance des solutions. «Dans un monde où la richesse des multinationales n'a plus d'adresse fixe, la démocratie ne peut être préservée que si nous agissons en coopérant au-delà des frontières».

Les États, responsables pour s'être livrés à une rude compétition fiscale depuis les années 80 doivent s'entendre et changer les règles. Pascal Saint-Amans, directeur du Centre de politique et d'administration fiscale de l'OCDE, estime que les États doivent mieux coopérer. L'économiste Thomas Piketty, auteur du best seller Le Capital au XXIe siècle, va jusqu'à plaider pour un même impôt sur les sociétés dans l'Union européenne avec déclaration et prélèvement uniques.

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