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Problème entre chrétiens et musulmans
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[QUOTE="lfmrime, post: 5410816, member: 205435"] Que disent-ils de l'Islam? Poeme de Victor Hugo, le 15 janvier 1858. L'an neuf de l'Hégire. Comme s'il pressentait que son heure etait proche, Grave, il ne faisait plus a personne une reproche ; Il marchait en rendant aux passants leur salut ; On le voyait vieillir chaque jour, quoiqu'il eut A peine vingt poils blancs a sa barbe encore noire ; Il s'arretait parfois pour voir les chameaux boire, Se souvenant du temps qu'il etait chamelier. Il semblait avoir vu l'Eden, l'age de d'amour, Les temps anterieurs, l'ere immemoriale. Il avait le front haut, la joue imperiale, Le sourcil chauve, l'?il profond et diligent, Le cou pareil au col d'une amphore d'argent, L'air d'un Noe qui sait le secret du deluge. Si des hommes venaient le consulter, ce juge Laissait l'un affirmer, l'autre rire et nier, Ecoutait en silence et parlait le dernier. Sa bouche etait toujours en train d'une priere ; Il mangeait peu, serrant sur son ventre une pierre ; Il s'occupait de lui-meme a traire ses brebis ; Il s'asseyait a terre et cousait ses habits. Il jeunait plus longtemps qu'autrui les jours de jeune, Quoiqu'il perdit sa force et qu'il ne fut plus jeune. A soixante-trois ans une fievre le prit. Il relut le Coran de sa main meme ecrit, Puis il remit au fils de Seid la banniere, En lui disant : " Je touche a mon aube derniere. Il n'est pas d'autre Dieu que Dieu. Combats pour lui. " Et son ?il, voile d'ombre, avait ce morne ennui D'un vieux aigle force d'abandonner son aire. Il vint a la mosquee a son heure ordinaire, Appuye sur Ali le peuple le suivant ; Et l'etendard sacre se deployait au vent. La, pale, il s'ecria, se tournant vers la foule ; " Peuple, le jour s'eteint, l'homme passe et s'ecroule ; La poussiere et la nuit, c'est nous. Dieu seul est grand. Peuple je suis l'aveugle et suis l'ignorant. Sans Dieu je serais vil plus que la bete immonde. " Un cheikh lui dit : " o chef des vrais croyants ! le monde, Sitot qu'il t'entendit, en ta parole crut ; Le jour ou tu naquit une etoile apparut, Et trois tours du palais de Chosroes tomberent. " Lui, reprit : " Sur ma mort les Anges deliberent ; L'heure arrive. Ecoutez. Si j'ai de l'un de vous Mal parle, qu'il se leve, o peuple, et devant tous Qu'il m'insulte et m'outrage avant que je m'echappe ; Si j'ai frappe quelqu'un, que celui-la me frappe. " Et, tranquille, il tendit aux passants son baton. Une vieille, tondant la laine d'un mouton, Assise sur un seuil, lui cria : " Dieu t'assiste ! " Il semblait regarder quelque vision triste, Et songeait ; tout a coup, pensif, il dit : " voila, Vous tous, je suis un mot dans la bouche d'Allah ; Je suis cendre comme homme et feu comme prophete. J'ai complete d'Issa la lumiere imparfaite. Je suis la force, enfants ; Jesus fut la douceur. Le soleil a toujours l'aube pour precurseur. Jesus m'a precede, mais il n'est pas la Cause. Il est ne d'une Vierge aspirant une rose. Moi, comme etre vivant, retenez bien ceci, Je ne suis qu'un limon par les vices noirci ; J'ai de tous les peches subi l'approche etrange ; Ma chair a plus d'affront qu'un chemin n'a de fange, Et mon corps par le mal est tout deshonore ; O vous tous, je serais bien vite devore Si dans l'obscurite du cercueil solitaire Chaque faute engendre un ver de terre. Fils, le damne renait au fond du froid caveau Pour etre par les vers devore de nouveau ; Toujours sa chair revit, jusqu'a ce que la peine, Finie ouvre a son vol l'immensite sereine. Fils, je suis le champ vil des sublimes combats, Tantot l'homme d'en haut, tantot l'homme d'en bas, Et le mal dans ma bouche avec le bien alterne Comme dans le desert le sable et la citerne ; Ce qui n'empeche pas que je n'aie, o croyants ! Tenu tete dans l'ombre au x Anges effrayants Qui voudraient replonger l'homme dans les tenebres ; J'ai parfois dans mes poings tordu leurs bras funebres ; Souvent, comme Jacob, j'ai la nuit, pas a pas, Lutte contre quelqu'un que je ne voyais pas ; Mais les hommes surtout on fait saigner ma vie ; Ils ont jete sur moi leur haine et leur envie, Et, comme je sentais en moi la verite, Je les ai combattus, mais sans etre irrite, Et, pendant le combat je criais : " laissez faire ! Je suis le seul, nu, sanglant, blesse ; je le prefere. Qu'ils frappent sur moi tous ! Que tout leur soit permis ! Quand meme, se ruant sur moi, mes ennemis Auraient, pour m'attaquer dans cette voie etroite, Le soleil a leur gauche et la lune a leur droite, Ils ne me feraient point reculer ! " C'est ainsi Qu'apres avoir lutte quarante ans, me voici Arrive sur le bord de la tombe profonde, Et j'ai devant moi Allah, derriere moi le monde. Quant a vous qui m'avez dans l'epreuve suivi, Comme les grecs Hermes et les hebreux Levi, Vous avez bien souffert, mais vous verrez l'aurore. Apres la froide nuit, vous verrez l'aube eclore ; Peuple, n'en doutez pas ; celui qui prodigua Les lions aux ravins du Jebbel-Kronnega, Les perles a la mer et les astres a l'ombre, Peut bien donner un peu de joie a l'homme sombre. " Il ajouta ; " Croyez, veillez ; courbez le front. Ceux qui ne sont ni bons ni mauvais resteront Sur le mur qui separe Eden d'avec l'abime, Etant trop noirs pour Dieu, mais trop blancs pour le crime ; Presque personne n'est assez pur de peches Pour ne pas meriter un chatiment ; tachez, En priant, que vos corps touchent partout la terre ; L'enfer ne brulera dans son fatal mystere Que ce qui n'aura point touche la cendre, et Dieu A qui baise la terre obscure, ouvre un ciel bleu ; Soyez hospitaliers ; soyez saints ; soyez justes ; La-haut sont les fruits purs dans les arbres augustes, Les chevaux selles d'or, et, pour fuir aux sept dieux, Les chars vivants ayant des foudres pour essieux ; Chaque houri, sereine, incorruptible, heureuse, Habite un pavillon fait d'une perle creuse ; Le Gehennam attend les reprouves ; malheur ! Ils auront des souliers de feu dont la chaleur Fera bouillir leur tete ainsi qu'une chaudiere. La face des elus sera charmante et fiere. " Il s'arreta donnant audience a l'espoir. Puis poursuivant sa marche a pas lents, il reprit : " O vivants ! Je repete a tous que voici l'heure Ou je vais me cacher dans une autre demeure ; Donc, hatez-vous. Il faut, le moment est venu, Que je sois denonce par ceux qui m'ont connu, Et que, si j'ai des torts, on me crache aux visages. " La foule s'ecartait muette a son passage. Il se lava la barbe au puits d'Aboufleia. Un homme reclama trois drachmes, qu'il paya, Disant : " Mieux vaut payer ici que dans la tombe. " L'?il du peuple etait doux comme un ?il de colombe En le regardant cet homme auguste, son appui ; Tous pleuraient ; quand, plus tard, il fut rentre chez lui, Beaucoup resterent la sans fermer la paupiere, Et passerent la nuit couches sur une pierre Le lendemain matin, voyant l'aube arriver ; " Aboubekre, dit-il, je ne puis me lever, Tu vas prendre le livre et faire la priere. " Et sa femme Aischa se tenait en arriere ; Il ecoutait pendant qu'Aboubekre lisait, Et souvent a voix basse achevait le verset ; Et l'on pleurait pendant qu'il priait de la sorte. Et l'Ange de la mort vers le soir a la porte Apparut, demandant qu'on lui permit d'entrer. " Qu'il entre. " On vit alors son regard s'eclairer De la meme clarte qu'au jour de sa naissance ; Et l'Ange lui dit : " Dieu desire ta presence. - Bien ", dit-il. Un frisson sur les tempes courut, Un souffle ouvrit sa levre, et Mahomet mourut. A suivre [/QUOTE]
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