Qu’est-ce qu’une rumeur ?

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PLD (Peace, Love and Diversity)
http://www.psycheduweb.fr/comment-naissent-et-evoluent-les-rumeurs-sur-les-medias-sociaux/

Qu’est-ce qu’une rumeur ?La rumeur désigne dans le langage populaire une information qui rencontre une certaine médiatisation. Étymologiquement, « Rumor » signifie en latin bruit qui court, bruits vagues, opinions courantes. La généalogie de ce terme désigne donc une supputation qui émane d’une foule. La rumeur n’a pas attendu l’arrivée du web pour faire parler d’elle. Pourtant, l’évolution des canaux communicationnels a accéléré sa vitesse de propagation aux delà des frontières physiques.

Souvent sulfureuse, cette information passant de bouches à oreilles se démarque d’une information factuelle dans le fait qu’elle n’est pas vérifiée. D’après le psychologue R. Knapp, il s’agit d’une « déclaration destinée à être crue, se rapportant à l’actualité et rependue sans vérification » .
La force des rumeurs réside donc dans l’attraction qu’elles engendrent, et dans les suppositions qu’elles cultivent. La rumeur naît, existe et circule en toute impunité pour composer un tableau psychosocial, peint par un phénomène de contagion sociale. C’est donc une porte ouverte aux spéculations les plus farfelues, et surtout à des croyances erronées pouvant porter préjudice à l’e-réputation d’une entreprise.
En 1990, Rouquette développe un modèle qu’il appelle « le syndrome de rumeur ». Dans ce cadre, il délimite 4 composantes essentielles des rumeurs :
L’implication : les individus qui relayent la rumeur sont la plupart du temps concernés par ce qu’elles véhiculent. La rumeur se rapporte souvent à l’environnement social de l’individu, ce qui le pousse à en parler autour de lui.L’attribution : le discours qui est rapporté dans une rumeur n’est pas la signalisation d’une information, mais le compte-rendu de cette signalisation. En ce sens, la réappropriation d’une actualité s’avère être un témoignage subjectif. La rumeur n’est au final qu’un discours rapporté qui intègre des composants personnels et que l’on ne peut vérifier en l’état.La négativité : les rumeurs sont rarement de bonne augure. Elles désignent dans la plupart des situations de menace ou de polémique pour prévenir autrui d’un danger éventuel. Le partage confère ainsi une sensation de service rendu, d’altruisme. Les rumeurs pointant du doigt de bonnes nouvelles restent minoritaires, car elles témoignent rarement d’un état d’alerte pouvant absorber l’attention et créer une émulation à ce sujet. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles ; bonnes nouvelles, peu de nouvelles.L’instabilité : l’information est malléable puisqu’elle est confrontée à l’interprétation des individus qui la reçoivent. Lors de la formation d’une rumeur, chaque individu va consciemment ou non déformer ce qu’il a vu ou entendu, soit par des ajouts (conscients ou non), soit pas des oublis (volontaires ou réfléchis)
 

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Face à ses caractéristiques, on comprend que, comme pour le buzz, la rumeur a besoin de ces traits identitaires pour subsister. Car le propre d’une rumeur est de se répandre comme une traînée de poudre. Portée par le relais presque robotique des individus, elle constitue un fil inflammable qui peut conduire à une explosion si le contexte provoque l’étincelle de trop.


Comment se forme et se consolide une rumeur ?Une information ne naît pas rumeur, elle le devient. Comme on vient de le voir, sa création et sa prolifération requièrent la présence de prérequis. Mais son succès sous-tend également la présence d’éléments déclencheurs. La rumeur dépend en ce sens du contexte social. Rouquette soutient d’ailleurs que la rumeur ne peut devenir féconde que si le climat social est propice à sa gestation. Le plus souvent, la « population » d’une rumeur représente un public qui partage des connaissances et des attentes communes à un instant T. Il est intéressant de noter que ces contextes peuvent même annihiler les différences intergoupales. Des communautés opposées peuvent de ce fait se rejoindre par l’intermédiaire d’une rumeur, car cette dernière répond à des thématiques partagées réciproquement.

Afin de mieux comprendre le fonctionnement d’une rumeur en bas âge, les psychologues Allport et Postman ont travaillé sur l’évolution d’un message lors de sa transmission. Pour ce faire, ils ont réalisé une expérience très simple. Des sujets tests ont observé un dessin et ont du rapporter à une autre personne que qu’il avait vu. Ainsi de suite. À la fin de la procédure, on observe qu’après chaque relais, l’information subie des distorsions. Selon l’expérience, le message prend même une forme définitive au bout du 7ème relais. Finalement, l’information se transforme vite en une rumeur. Le message semble devoir trouver une forme définitive stable et suffisamment solide pour être partagé de façon mécanique et fidèle.
Cette expérience nous renseigne sur 3 mécanismes inhérents à la formation d’une rumeur :
Un effet de réduction : l’information tend à se raccourcir pour supprimer les détails et ne garder qu’une forme simple à reproduire.Un effet d’accentuation : les éléments de l’information jugés centraux sont préservés et restent prédominants. La structure « qui, que, quoi est mise en avant ».Un effet d’assimilation : les premiers relais s’effectuent selon le système de valeurs et les croyances de la personne qui ingère l’information.
 

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Le psychologue Bartlett à quand a lui mis en évidence le phénomène de la « reproduction serielle ». Toujours dans une optique d’une retranscription d’une information, il met en lumière la prédominance de notre subjectivité dans la transmission d’un message, conduisant àune normalisation culturelle inconsciente. En le partageant, nous l’adaptons généralement pour le rendre compatible avec notre propre perception de l’environnement. La forme ou le fond du message peut ainsi évoluer selon les relais, et induire en erreur. Toutefois, une fois qu’une forme stable est trouvée, ces modifications disparaissent. Le dessin ne va donc plus évoluer, car il correspond à une information facile à intégrer et retranscrire à grande échelle.
Ces aspects de réduction, d’accentuation et d’assimilation constituent la consolidation de la rumeur. Ils la rendent plus solide, résistante et donc plus apte à être diffusée. Un jeu de dupe qui donne petit à petit, raison à tort à à travers à la rumeur, et qui rend toute tentative d’éradication par l’entreprise contestable, comme l’explique la fin de cet article sur la rumeur du bug Facebook. Car lorsque la rumeur est à son paroxysme, les démentis peuvent être perçus comme des aveux, la confirmation qu’il y a bien un problème.
Notons également que les rumeurs peuvent voir le jour consécutivement à une crise ou un bad-buzz subit par une marque. Les rumeurs témoignent dans ce cas de la persistance des incertitudes et des angoisses des communautés. « La rumeur pousse comme une mauvaise herbe après un incendie de forêt », écrivait l’auteur Moses Isegawa. En résumé, la rumeur peut-être la cause et/ou la conséquence d’un bad buzz.


Les internautes comme instigateurs officieuxL’objectif avec les renseignements confidentiels consiste souvent à les avoir avant les autres. C’est pourquoi les journalistes et autres paparazzis sont friands de scoops et de photos volées qui valent leur pesant de cacahuètes. L’assurance de remplir son porte-feuille et de faire saliver les éditeurs en mal de polémiques. Seulement avec l’essor su web participatif, les lecteurs assidus de la presse à scandale, MAIS EGALEMENT les détracteurs de ces pratiques peu déontologiques sont eux-mêmes devenus, par la force des choses, de vrais « consoacteurs » pouvant devenir les initiateurs de rumeurs.
Certains individus sont d’ailleurs plus susceptibles de rechercher des informations là où il n’y en a pas forcément quand le sujet les passionne. Ils sont à l’affût de la moindre fuite à se mettre sous la dent pour partager la nouvelle à leur réseau. Leur impatience peut provoquer une curiosité exacerbée qui va les aider à sous-tirer une information, qui, sortie de son contexte peut être perçue différemment par des tiers.
 

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En parallèle, la croissance exponentielle d’une génération plateau-repas dicte dorénavant une appétence envers des contenus racoleurs et des articles « microndables ». À tel point que même les puristes se résignent à déformer les titres de leurs articles pour espérer capter une plus grande audience. Un bon globiboulga qui rassemble, mais qui pèche de plus en plus par sa saveur.
Toutefois, les rumeurs circulant sur les médias sociaux font de plus en plus l’objet de vérifications de la part des internautes. Face à la part toujours plus conséquente d’intox dans nos flux RSS, un mouvement de solidarité se met en marche, où ce sont les internautes eux-mêmes qui désamorcent des rumeurs. Un acte d’entraide et de modération pour connaître la vérité lors d’un engouement hypnotisant. C’est pourquoi aujourd’hui, bon nombre de rumeurs se font faucher en pleine ascension par la vigilance des internautes.
Malgré cette surveillance collective, certaines informations passent toujours entre les mailles du filet. Dans ces cas de figure, les sources originelles de l’information sont ensevelies sous le flux de relais instinctifs. Comme souvent, le contenu du message devient rapidement un prétexte pour s’inscrire dans la réalisation d’un acte social de partage, et la mécanique virale est mise en marche.
Au final, l’information biaisée est perpétuellement connue d’une majorité, mais les faits avérés le sont par une minorité. Ce qui est déplorable, c’est que même si la supercherie est démasquée, les effets néfastes que la rumeur porte en elle peuvent déjà avoir agi. Un climat pesant de suspicion et une perte de la confiance s’installent.
 
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