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"L’application au djihadisme de ce modèle de la «dérive sectaire», bien connu des spécialistes critiques des «nouveaux mouvements religieux» et autres organisations de lutte contre les sectes, remonte aux attentats du 11-Septembre aux Etats-Unis. Depuis, l’analogie n’a fait que progresser. Ainsi dit-on de plus en plus souvent que l'organisation terroriste fonctionne «comme une secte».
Et, en effet, dans tous les processus de radicalisation islamique étudiés par les spécialistes, on retrouve des mécanismes bien connus en dehors du champ de l’islam, identifiés et dénoncés depuis trente ans dans l’analyse des mouvements sectaires: manipulation mentale; lavage de cerveau; rupture avec l’environnement scolaire, familial, amical; endoctrinement par internet; embrigadement de jeunes et d’enfants; discours antisocial; troubles à l'ordre public; lourd passé judiciaire; mise en place de grosses sommes d’argent; détournement de circuits économiques; tentatives d'infiltration, etc.
Dans un livre paru sous le titre Radicalisation (La Maison des sciences de l'Homme, 2014), le sociologue Farhad Khosrokhavar, spécialiste de l’islam des prisons, décrit en détail la «dérive sectaire» des groupuscules djihadistes. Ils possèdent en commun, dit-il, «une identité forte opposée à celle de la société globale», ainsi qu’une identification à une communauté imaginaire qui est la «néo-oumma chaleureuse et mythiquement homogène». L’individu, qui se perçoit comme «humilié», «victimisé», devient l’ennemi de la société au nom de la «religion des opprimés». Peu importe la part de la réalité et celle de l'imaginaire, les perceptions priment et cette construction justifie la radicalisation.
Le sociologue relève aussi que ce n'est pas une connaissance effective de l'islam qui conduit au djihadisme. C'est au contraire une inculture profonde qui y mène. Il raconte l’histoire de ces apprentis djihadistes de Birmingham qui, pour se préparer à leur départ en Syrie, avaient téléchargé des textes djihadistes en ligne, mais aussi acheté L'islam pour les nuls ou Le Coran pour les nuls! Pour Fahrad Khosrokhavar, ce sont le plus souvent des frustrations non religieuses qui se traduisent dans un répertoire religieux. Pour ceux qui ont suivi des parcours de délinquants avant d'embrasser le djihadisme, un islam ainsi mythifié «autorise la généralisation de la violence à la société entière». Une violence qui devient «la voie royale de la réalisation de soi, en tant que chevalier de la foi contre un monde impie».
Spécialiste des sectes, le Suisse Jean-François Mayer note aussi, dans son blog Religioscope, que le conflit en Syrie, accompagné du départ de volontaires étrangers, souvent très jeunes, pour combattre avec des groupes djihadistes, confirme le modèle explicatif des dérives sectaires. La radicalisation est très rapide et les familles sont sous le choc, écrit-il. Il établit un parallèle avec la stupéfaction des parents et proches des jeunes adhérents d’une secte dans les années 1970 et 1980. «Il n'est pas étonnant, écrit Jean-François Mayer, qu'une grille explicative déjà disponible se trouve reprise et appliquée à ces conversions au djihadisme, qui peuvent être le fait de jeunes issus de milieux musulmans, mais aussi de personnes sans arrière-plan musulman, et embrassant à la fois l'islam et, peu de temps après, le djihadisme. Une nouvelle génération d'aspirants djihadistes émerge, parmi lesquels se trouvent de potentielles recrues très jeunes et pour lesquels les réseaux sociaux jouent un rôle crucial.»"
(source: https://www.slate.fr/story/110029/radicalisation-djihadiste-derive-sectaire)
"L’application au djihadisme de ce modèle de la «dérive sectaire», bien connu des spécialistes critiques des «nouveaux mouvements religieux» et autres organisations de lutte contre les sectes, remonte aux attentats du 11-Septembre aux Etats-Unis. Depuis, l’analogie n’a fait que progresser. Ainsi dit-on de plus en plus souvent que l'organisation terroriste fonctionne «comme une secte».
Et, en effet, dans tous les processus de radicalisation islamique étudiés par les spécialistes, on retrouve des mécanismes bien connus en dehors du champ de l’islam, identifiés et dénoncés depuis trente ans dans l’analyse des mouvements sectaires: manipulation mentale; lavage de cerveau; rupture avec l’environnement scolaire, familial, amical; endoctrinement par internet; embrigadement de jeunes et d’enfants; discours antisocial; troubles à l'ordre public; lourd passé judiciaire; mise en place de grosses sommes d’argent; détournement de circuits économiques; tentatives d'infiltration, etc.
Dans un livre paru sous le titre Radicalisation (La Maison des sciences de l'Homme, 2014), le sociologue Farhad Khosrokhavar, spécialiste de l’islam des prisons, décrit en détail la «dérive sectaire» des groupuscules djihadistes. Ils possèdent en commun, dit-il, «une identité forte opposée à celle de la société globale», ainsi qu’une identification à une communauté imaginaire qui est la «néo-oumma chaleureuse et mythiquement homogène». L’individu, qui se perçoit comme «humilié», «victimisé», devient l’ennemi de la société au nom de la «religion des opprimés». Peu importe la part de la réalité et celle de l'imaginaire, les perceptions priment et cette construction justifie la radicalisation.
Le sociologue relève aussi que ce n'est pas une connaissance effective de l'islam qui conduit au djihadisme. C'est au contraire une inculture profonde qui y mène. Il raconte l’histoire de ces apprentis djihadistes de Birmingham qui, pour se préparer à leur départ en Syrie, avaient téléchargé des textes djihadistes en ligne, mais aussi acheté L'islam pour les nuls ou Le Coran pour les nuls! Pour Fahrad Khosrokhavar, ce sont le plus souvent des frustrations non religieuses qui se traduisent dans un répertoire religieux. Pour ceux qui ont suivi des parcours de délinquants avant d'embrasser le djihadisme, un islam ainsi mythifié «autorise la généralisation de la violence à la société entière». Une violence qui devient «la voie royale de la réalisation de soi, en tant que chevalier de la foi contre un monde impie».
Spécialiste des sectes, le Suisse Jean-François Mayer note aussi, dans son blog Religioscope, que le conflit en Syrie, accompagné du départ de volontaires étrangers, souvent très jeunes, pour combattre avec des groupes djihadistes, confirme le modèle explicatif des dérives sectaires. La radicalisation est très rapide et les familles sont sous le choc, écrit-il. Il établit un parallèle avec la stupéfaction des parents et proches des jeunes adhérents d’une secte dans les années 1970 et 1980. «Il n'est pas étonnant, écrit Jean-François Mayer, qu'une grille explicative déjà disponible se trouve reprise et appliquée à ces conversions au djihadisme, qui peuvent être le fait de jeunes issus de milieux musulmans, mais aussi de personnes sans arrière-plan musulman, et embrassant à la fois l'islam et, peu de temps après, le djihadisme. Une nouvelle génération d'aspirants djihadistes émerge, parmi lesquels se trouvent de potentielles recrues très jeunes et pour lesquels les réseaux sociaux jouent un rôle crucial.»"
(source: https://www.slate.fr/story/110029/radicalisation-djihadiste-derive-sectaire)