Ramadan au goût de la révolution égyptienne

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Les dattes aux noms de la révolution

Mais cette année, les noms sont inspirés de cette révolution qui a changé le visage du pays et bouleversé le trône des symboles du pouvoir.

Les noms des personnalités politiques, les vedettes et les stars du football comme Obama, Abou-Treika ou Haïfaa Wahbi ont cédé leur place à d’autres. « Les chohada (martyrs) est le nom attribué à une excellente variété de dattes.

C’est la plus chère. Elle se vend à 30 L.E. le kilo et se caractérise par sa couleur sombre, son aspect moelleux et sa taille moyenne. Les dattes Armée sont très sucrées et d’une grande taille. Leur prix atteint les 25 L.E. alors que les dattes Révolution se vendent à 15 L.E.

le kilo. Al-Adely (nom de l’ex-ministre de l’Intérieur Habib Al-Adely) est attribué à la plus mauvaise variété de dattes vendue à 2 L.E. le kilo. S’il y avait une variété infecte, elle aurait sans doute porté son nom », explique Ibrahim, un marchand de dattes. Et ce, sans compter les dattes du tycoon de l’industrie du fer Ahmad Ezz, actuellement en prison.

Ibrahim explique que non seulement le changement a touché les surnoms mais aussi les prix ont grimpé pour atteindre une hausse de 35 %.


Autre scène, autre image. Au quartier de Sayeda Zeinab, l’éclairage et les couleurs des lanternes accueillent les visiteurs. Ici, l’ambiance et les aspects du mois sacré sont omniprésents avec le yamich (fruits secs) et les fawanis (lanternes) qui s’étalent à perte de vue. Dans tous les coins du quartier, notamment aux alentours de la rue Al-Sad, des vendeurs ambulants, qui auparavant ne pouvaient écouler leurs marchandises sur les trottoirs qu’en payant des dessous-de-table au policier de passage, sont aujourd’hui partout. Révolution oblige, ils exposent de nouvelles lanternes en forme de char ou avec les couleurs du drapeau égyptien avec différents calibres, dessins et avec des chansons patriotiques de l’actrice Chadia et Mohamad Mounir.

Leur prix varie entre 60 et 120 L.E. « Nous n’avons plus peur. Nous pouvons gagner notre pain sans que personne ne le partage avec nous », lance Abbass, vendeur de lanternes. Et Bien que ces marchands souffrent de la récession, ils affirment que le Ramadan 2011 est exceptionnel. « Il est vrai que les clients ne sont pas nombreux, car les têtes sont ailleurs. Tout le monde est sur le qui-vive, préoccupé par les manifestations et ce qui va se passer à la place Tahrir. Mais plusieurs parents tiennent quand même et malgré la crise économique qui a touché les familles à en acheter, les parents tentent tant bien que mal d’apporter la joie au cœur de leurs enfants. Ils leur achètent une nouvelle lanterne. Il ne faut surtout pas rater le fanous d’al-sawra (la révolution) », explique Ali, un autre vendeur.

Pour Ali, ce Ramadan a un autre goût merveilleux parce qu’il vient après une très longue attente qui a duré environ deux décennies de peur, d’oppression, de mutisme et d’injustice ... « Enfin, nous respirons l’oxygène de la révolution et l’air de la liberté », dit-il.
 
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Disparition des tables organisées par les caciques du régime

L’autre grande caractéristique de ce Ramadan 2011, ce sont les tables de charité organisées aujourd’hui par les citoyens simples, les associations caritatives et quelques hommes d’affaires. Ces tables, que dressaient autrefois avant la révolution des stars, des hommes politiques et des députés du PND pour faire de la propagande électorale, semblent avoir maintenant un peu reculé. C’est normal car plusieurs hommes d’affaires et députés ont été emprisonnés ou sont épinglés par la justice qui enquête sur leurs revenus. Ils préfèrent se faire tout petits.

Personne ne peut oublier les files d’attente qui se formaient autour de la table gigantesque de Fathi Sourour, ex-président du Parlement, dressée au quartier de Sayeda Zeinab. Elle recevait quotidiennement un millier de citoyens invités à prendre un iftar délicieux. Hassan Fathallah, fonctionnaire et habitant du quartier, qui avait l’habitude de fréquenter la table luxueuse de Sourour, s’inquiète de son sort pour ce Ramadan. « J’ai une famille nombreuse et je touche un salaire mensuel de 250 L.E. Je ne peux pas acheter de la viande, même lors des fêtes, vu sa cherté. Autrefois, sur la table de Sourour, on nous présentait des repas différents : de la viande ou du poulet avec du riz, des légumes et de la salade verte. Il y avait aussi de la viande grillée et du poisson, sans oublier les boissons, les fruits et les desserts. Ce voleur nous offrait des repas avec notre argent qu’il a volé », se souvient Hassan. Il pense aller avec sa famille à la place Tahrir, car on dit que les tables de charité y seront dressées tout au long du mois.

Les Frères musulmans participent à cette action

Mais, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Certains activistes de tendance islamiste ont l’intention de profiter de cette nouvelle ère de liberté. Depuis quelques années, dresser une table de charité requiert une autorisation préalable des autorités. « Ils nous mettaient les bâtons dans les roues et nous empêchaient d’organiser des tables de charité, même dans les jardins, sous prétexte qu’elles entravaient la circulation, alors que les tables du PND occupaient les rues et les places publiques et personne ne disait rien », confie Abdel-Rahmane Abdallah, un membre des Frères musulmans. Et d’affirmer que lorsque les Frères parvenaient à organiser une table de charité, celle-ci était supervisée par des policiers. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Les salafistes ne manquaient pas de signer présent soit en dressant des tables de charité ou en distribuant des sacs de provision appelés « sac de la révolution ». Une bataille qui bat son plein à la grande joie des gens défavorisés. « Le meilleur de vous est celui qui se rend le plus utile aux autres », rétorque Abdel-Rahmane, en citant le hadith du prophète : « Que Dieu accepte nos bonnes actions ».

Or, si le quartier de Sayeda Zeinab était réputé par la table fastueuse de Sourour, celui de Mohandessine l’était aussi par celle de la mosquée Moustapha Mahmoud. Cette table, qui servait autrefois 13 000 personnes quotidiennement, arrive à peine aujourd’hui à distribuer un millier de repas. Manque de donations à cause de la crise économique ou mauvaise réputation de la place comme étant le lieu de rassemblement des sbires de l’ancien régime.


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http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2011/8/3/null0.htm
 
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