Quand les régimes manipulent le terrorisme

Fitra

Allah, Souria, Houria wa bass
http://syrie.blog.lemonde.fr/2015/01/14/la-syrie-le-terrorisme-et-la-tuerie-de-charlie-hebdo/

Le régime de Damas est connu pour avoir organisé plusieurs attentats terroristes à l'étranger, ainsi qu'au sein de la Syrie bien sûr. Les procédés d'Assad sont bien connus : infiltration d'un groupe radical grâce à des moukhabarates, et commission d'attentats. Grâce à ces crimes, Assad peut retourner l'opinion internationale en sa faveur, ou menacer les pays qui lui cherchent des noises.

Ce genre de perversités estdes plus courantes au sein des dictatures arabes.
L'article peut être lu en entier mais on peut aussi se concentrer sur ce simple exemple, l'instrumentalisation de l'affaire des caricatures danoises par le régime :

Les Damascènes ayant assisté aux évènements de cette journée n'ont pas tardé à comprendre de quoi il retournait.

- Le groupe qui avait appelé au rassemblement pour "défendre l'honneur du Prophète" était totalement inconnu. Il l'est d'ailleurs resté puisque personne n'a plus jamais entendu parler de lui. Les Syriens n'ont donc jamais su qui les avait invités, quelles étaient ses intentions et jusqu'où il entendait mener ceux qui répondraient à son appel.

- Apposées sur les murs extérieurs de mosquées, les affichettes invitant les Syriens à se regrouper devant l'ambassade du Danemark ne comportaient pas le nom de l'imprimerie où elles avaient été confectionnées. Ce "détail" n'est pas anodin. Contraire à la loi, il aurait pu suggérer une initiative sauvage d'imams radicaux. Mais, au vu du déroulement de la journée, il est finalement apparu nécessaire à ce qui s'est révélé une manipulation.

- Les quelques centaines d'hommes regroupés devant l'ambassade du Danemark n'étaient visiblement pas originaires du quartier. Les uns, acheminés des villes limitrophes de Douma et Harasta dans des bus ultérieurement attribués par la rumeur à "une société de transport de Rami Makhlouf", ne pouvaient dissimuler, avec leurs barbes touffues et leurs "qamismini-jupe" découvrant les mollets, leur appartenance au salafisme. Les autres avaient plutôt le look de membres des milices populaires du Parti Baath. Les derniers portaient le blouson de faux cuir ou la veste sombre censés les rendre anonymes et dissimuler leur appartenance aux moukhabarat

- L'attroupement n'avait pu échapper ni à la police, ni aux services de renseignements, des agents de la première et des éléments des seconds étant postés en permanence devant toutes les ambassades, particulièrement nombreuses dans le quartier. S'ils ne sont pas intervenus aussitôt pour disperser la manifestation, c'est que celle-ci était "organisée" par qui de droit et que les autorités étaient prêtes à couvrir tout ce qui pourrait s'y passer. D'ailleurs, selon plusieurs témoignages, des hommes en uniforme avaient pris part aux jets de pierres, et l'équilibriste ayant escaladé la façade de l'immeuble pour en arracher et en brûler les drapeaux était membre d'un service.

(...)

- La taille du cortège parvenu devant son nouvel objectif n'avait pas sensiblement évolué. Alors que la majorité des membres de la communauté sunnite de Damas avaient été choqués par les caricatures de leur prophète, comme leur participation active au boycott des produits alimentaires danois devait le démontrer, ils s'étaient abstenus de rejoindre ce qui leur était apparu comme un OMNI, un objet marchant non identifié. Il ne s'agissait pas d'unemouzâhara, une manifestation de contestataires, puisqu'elle n'avait pas été immédiatement dispersée et ses participants arrêtés. Il ne s'agissait pas davantage d'une masîra, une marche officielle, puisque les participants à ce genre d'exercice, convoqués, acheminés et réunis souvent sous la contrainte, s'égayent dans les rues adjacentes à chaque carrefour.

- Après avoir jeté leurs dernières pierres sur l'ambassade de France etessayé d'y mettre le feu, des manifestants avaient escaladé son mur de clôture et tenté de l'envahir. Ils en avaient été refoulés non sans peine avant que, finalement alertées par le Ministère syrien des Affaires étrangères longtemps resté sourd aux appels téléphoniques de l'ambassade, les forces de l'ordre se décident à intervenir pour refouler les assaillants.

- L'interrogatoire de quelques-uns d'entre eux aurait permis de découvrir à quel service de renseignements ils appartenaient et l'identité du général, membre de la famille présidentielle, qui les avait chargés d'encadrer cette mission très particulière.

- Le lendemain, le régime avait tenté de transformer l'essai. Il tenait à s'assurer que le message des événements de la veille avait bien été compris. Il se résumait en trois phrases : les musulmans en général, et les salafistes en particulier, sont des gens dangereux et des terroristes en puissance ; le régime en place est seul en mesure de les manipuler au mieux de ses intérêts et au profit de ses amis ; mieux vaut donc entretenir avec lui, plutôt que de le boycotter, des relations mutuellement avantageuses. De nouvelles affichettes sur les portes de quelques mosquées du quartier de Chaalan avaient donc convié les "musulmans offensés" à une nouvelle manifestation, cette fois-ci uniquement dirigée contre l'ambassade de France.

(...)

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En 2012, ça a été la même chose. Un obscur film sorti par on ne sait qui d'où ne sait où, et qui aurait provoqué des violences qu'on a liées aux caricatures honnies par des musulmans présentés comme sauvages et incapables de "tolérance", mais dont la chronoligue en réalité relevait soit de la coïncidence, soit de la manipulation opportune.

Pourquoi Damas, en 2006, avait monté cette manipulation ? Entre autres parce que :

Cette mascarade s'inscrivait sur un fond de tension entre la France et la Syrie, provoquée par le désaccord entre les deux pays sur le renouvellement dans ses fonctions du président Emile Lahoud, arrivé au terme de son mandat, auquel la constitution libanaise interdisait d'être à nouveau candidat.

- Le 2 septembre 2004, le Conseil de Sécurité avait adopté, à l'initiative de Paris et de Washington, la résolution 1559 qui enjoignait aux forces étrangères de quitter le Liban, réclamait la dissolution des milices et mettait en garde contre l'interférence de Damas dans les élections présidentielles à venir.


L'opération contre Charlie Hebdo du mercredi 7 janvier 2015 s'inscrit elle aussi sur un fond de tension persistante entre la France et la Syrie.

- La menace de "mesures de rétorsion" formulée le 9 octobre 2011 par le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al-Moallem, n'avait pas empêché Paris d'apporter son soutien, dès le 10 octobre, au Conseil national syrien créé à Istanbul huit jours plus tôt.
- La France avait accru l'irritation des responsables syriens en décidant, le 2 mars 2012, de fermer son ambassade à Damas.
(...)
- Intervenant sur France Inter, lundi 5 janvier 2015, le président de la République avait finalement "regretté que nous ne soyons pas intervenus lors de l'utilisation d'armes chimiques en Syrie en août 2013". Il avait lié l'apparition et le développement de l'Etat islamique à cette situation, et il avait exclu de s'allier avec Bachar al-Assad pour lutter contre l'organisation terroriste, comme le préconisent pour de bonnes et de mauvaises raisons certains détracteurs de la politique syrienne de la France.

La France a reçu des menaces de Daesh etc., mais aussi de "gentils" "muftis" du régime "laïc" Assadiste :

Mais ils (les Syriens) font valoir que les services de leur pays ont pour habitude de menacer, en se dissimulant derrière des créatures à leur solde, les individus, les organisations, voire les Etats avec lesquels ils sont en désaccord. Dès le début du soulèvement populaire, ils ont multiplié les avertissements en direction des pays occidentaux qui apporteraient leur soutien aux révolutionnaires.

Parmi ces créatures, ils mentionnent le Mufti général de la République, le cheykh Ahmed Badreddin Hassoun. Dès le mois d'octobre 2011, il menaçait les Etats-Unis et l'Europe d'opérations suicide sur leur sol, ce qui détonne de la part d'un responsable dit "religieux", et, quelques jours avant l'attaque contre Charlie Hebdo, il avait affirmé que des cellules dormantes étaient en place dans toute l'Europe et passeraient à l'action si l'Occident s'en prenait au régime syrien. Or, selon un observateur averti , "de tels propos, pour qui connaît la nature du système en place, ne peuvent être tenus sans l'aval des services de sécurité ou sans avoir été inspirés par eux".


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Oui, les manipulations, ça existe, et le dire ne fait pas de nous un "complotiste". On ne nie pas les responsabilités des gens présentés comme les terroristes, mais on peut supposer qu'ils ne sont pas les seuls à tirer les ficelles.
La France a un précédent fameux : les attentats de Paris en 95. Le jeune qui a fait ça, Khaled Kelkal, était "sincère" dans sa démarche. Mais le commanditaire était le sinistre Ali Touchent Ce n'est qu'après quelques années que les journaux mainstream (pas des sources "complotistes", donc) ont pu s'interroger sereinement sur ce curieux personnage, probable "mentor" de Kelkal, recherché par plusieurs services de sécurité, et exfiltré tranquillement en Algérie. Il se faisait appeller "Tarek", et a également manipulé des jeunes radicalisés en Belgique.

Alors, loups solitaires ? Loups solitaires manipulés ? Réseau "indépendant" ? Réséau "indépendant" manipulé ?

Toutes les possibilités sont ouvertes, aucune ne saurait être taxée de "complotiste" quand on connaît les tristes pratiques des régimes de morts qui polluent encore nos vie à l'aube du 21ième siècle.
 
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