Cest un fait remarquable quaujourdhui et ce depuis plus dun siècle lIslam est traversé par un certains nombres de courants prétendant opérer un retour au souffle originel de cette religion. Il faut avouer que les tentatives pour enjamber les siècles et faire retour à ce que daucuns pensent être lIslam du Prophète nont abouti bien souvent quà appauvrir lIslam et à le vider de sa substance.
Comme toujours dans luvre dIbn Arabi, les
interprétations les plus profondes ont leur ultime justification dans le Coran
et le Hadith. En retour, lexégèse du grand mystique restitue aux deux sources
fondamentales de lIslam leur ampleur et leur profondeur. Cest ainsi que dans
ce chapitre des Futuhat, Ibn Arabi déclare que tout son
enseignement a ses racines dans les profondeurs et les lumières du Coran :
« Ainsi, tout ce dont nous parlons dans
nos assemblées et nos uvres écrites provient de la Présence du Coran et
de ses trésors : Jen ai reçu la clé de la compréhension et le soutien
spirituel qui lui est propre (al-imdad minhu). Tout cela afin de ne
pas sortir du Coran car rien de plus élevé ne peut être accordé : Seul en
connaît la valeur celui qui y a goûté, qui en a contemplé la demeure
initiatique comme un état
intérieur et à qui le Réel parle [en lui projetant des versets] sur lintime de
son être (fi sirrihi). »
Pour
saisir ce qui fonde la possibilité de dépasser le simple sens littéral du
Coran, il faut méditer un important hadith qui occupe une place discrète mais
centrale dans lenseignement dIbn Arabi
إِنَّ
لِلْقُرْآنِ
بَطْناً
وَظَهْراً
وَحَدّاً
وَمَطْلعاً
Ainsi,
pour Ibn Arabi, chaque verset a, dune part, un sens extérieur clair et
accessible à tout croyant et, dautre part, des sens intérieurs qui ne se
révèlent quà celui qui chemine vers le Réel (al-Haqq). Ce hadith et
en particulier la notion de matli est le fondement scripturaire des
interprétations spirituelles dIbn Arabi et il est le garant de lorthodoxie
de sa démarche.