Réveillon avec le petit prince…

mam80

la rose et le réséda
Modérateur
Réveillon avec le Petit Prince… :love:

Imaginez-vous, perdu dans le désert, loin de tout lieu habité et face à un petit garçon blond surgi de nulle part. »

La lecture de Nomade blanc, de Philippe Frey, l’Alsacien qui a traversé tous les déserts de la planète, ou encore celle de L’Appel du silence, d’un autre Strasbourgeois, Charles de Foucauld, l’ermite de Tamanrasset, m’avait donné le goût aventureux d’un réveillon pas comme les autres.

Ni foie gras, ni chapon fermier cette fois,
mais figues et dattes, sur les pistes du grand Sud tunisien.
« Le grand désert pour poncer les âmes », selon le conseil de Théodore Monod, autre éminent saharien, « chercheur d’absolu » qui, à l’âge de 94 ans, parcourait encore les pistes du Tibesti à la recherche d’une fleur qui n’existerait que là-bas…

Au départ de notre méharée de Noël, au sud de Tozeur, nous attendent Medani et Belkacem,
nos deux guides, chameliers aguerris, bédouins de la tribu des Kel Tamâhaq,
qui seront un peu les Rois mages de notre randonnée.
Et c’est au rythme du pas chaloupé des chameaux que l’on apprivoise peu à peu le désert, au milieu d’un vaste « nulle part » envahi par les sables.
Un paysage de dunes et de sable se succède à l’infini, océan rose et pourpre où les ombres chinoises se retournent sur elles-mêmes…

Le soir nous réunit sous les étoiles autour d’un feu de camp où Belkacem s’affaire à préparer la traditionnelle galette de pain chaud, cuite sous la braise à même le sable,
tandis que Medani dresse la lourde tente berbère, ouverte vers le grand ciel cuivré de mille flammes d’or…

Avant de dîner, on accompagne en cortège le soleil agonisant derrière la dune, fasciné par le raffinement éthéré des couleurs.
Les mots glissent sur le sable, se font plus rares, se chuchotent, cessent.

Et tout autour le silence, ce fabuleux silence des mots intérieurs, ceux que l’on ne prononce pas:
« Si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence, alors tais-toi », dit un proverbe touareg, merveilleux adage que tous les beaux parleurs devraient méditer …

Comment ne pas songer, à cet instant, à Saint-Exupéry qui nous accompagne depuis le départ :

« Imaginez-vous, perdu dans le désert, loin de tout lieu habité et face à un petit garçon blond surgi de nulle part. »

Et le soir de l'année qui s'éteint, nous réveillonnons avec le Petit Prince, de figues et de dattes, sous la voûte étoilée d’un ciel de rêve, où la planète de l’enfant blond scintille de mille feux étincelants.

Stille Nacht, mélopées celtiques, berbères, psaumes tour à tour chrétiens ou païens se mélangent au milieu des dunes éclairées de bougies, décor irréel de cette nuit nacrée , Weihnachten au cœur du Sahara.

Le Petit Prince, nous le recroisons le lendemain au détour d’un puits,
sous les traits de son cousin indigène, Moussa , un jeune berbère aux yeux bleus, « surgi de nulle part »…

En le voyant nouer son chèche noir, je songe à ces méharistes, derniers « hommes libres » du désert,
les Touaregs, croisés dans le massif du Hoggar.

Pour avoir, le temps d’un reportage, partagé leur existence, je garde le souvenir d’un peuple fier,
de « nomades interrompus » par le morcellement inconséquent de leur territoire sur plusieurs pays, au moment de l’indépendance.

Malgré la répression, l’ostracisme dont ils font l’objet depuis lors, ces « Hommes Bleus », aux frontières du Mali, du Niger et de l’Algérie, résistent farouchement à l’islam conquérant, contraire à leurs traditions séculaires…

Et si les Touaregs ne chevauchent plus que rarement leurs fiers méharis blancs, dans leur immense majorité, ils restent fiers d’une culture vieille de 35 siècles.

De retour du Hoggar ou du Grand Erg tunisien, vous ne rentrerez pas intacts.

Vous garderez longtemps la nostalgie du désert où, en ces lendemains de réveillon, en guise de gueule de bois, on se réveille grisé de lumière et d’espace, dans « l’insouciante ivresse de seulement respirer, de seulement vivre… », écrivait Pierre Loti.

Et si la vie, la vraie vie s’était réfugiée ailleurs, au milieu de ces dunes ?

http://www.bvoltaire.fr/josemeidinger/reveillon-avec-le-petit-prince,45818


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:)

mam
 
A

AncienMembre

Non connecté
c'est fou! il y avait une émission tout à l'heure dans une des chaines arabes et justement on voyait ces paysages desertique à couper le soufle et j'ai dis à ma mère "bon sang! je m'y perdrais volontier" :love:

j'aime bcp ce proverbe en tout cas! et j'aprouve à 100% « Si ce que tu as à dire n’est pas plus beau que le silence, alors tais-toi »


ps: c'est rare que je lise un topic long tout en entier :p et je ne le regrette pas :mignon:
 
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