Et si nous revisitons wikileaks - 3

- Sahara Marocain : la bombe WikiLeaks

Les mémos diplomatiques américains confirment le rôle actif de l’Algérie dans le blocage du dossier du Sahara.
En pointe dans les attaques contre le Maroc dans le dossier du Sahara après les événements de Laâyoune, la presse espagnole devra longtemps méditer les mémos de la diplomatie américaine qui viennent de fuiter via le site WikiLeaks. Les révélations publiées confortent en effet sur toute la ligne la position marocaine avec à l’appui les données du terrain, le tout marqué du sceau de la crédibilité professionnelle des diplomates américains.
A la lecture de ces mémos, l’Algérie se dévoile comme un voisin jaloux, de mauvaise foi et entêté qui empêche la résolution du conflit et rêve toujours d’un Etat sahraoui indépendant. Au moment où le dossier du Sahara traverse une phase critique, où les manœuvres de l’axe Alger-Tindouf-Madrid se poursuivent dans l’objectif d’affaiblir Rabat, les mémos du site WikiLeaks constituent un revirement médiatique et politique de taille. C’est une bombe qui vient d’exploser.
2000 câbles :
Concernant le Maroc, WikiLeaks a rendu publique une série de câbles (correspondances diplomatiques), sur un total de plus de 2000 évoquant le Maroc. Les informations publiées jusqu’ici réservent quelques surprises. Rejeté par l’Algérie et le Polisario, le plan d’autonomie proposé par le Maroc est en fait soutenu par la majorité des Sahraouis ! Un télégramme diplomatique note aussi que l’administration américaine a qualifié la proposition marocaine d’autonomie de crédible à l’image de la communauté internationale, y compris par la Russie et la Chine. Malgré cette réalité du terrain, l’Algérie reste entêtée.
Les dirigeants de ce pays continuent à évoquer le Plan Baker. « Le gouvernement algérien entretient encore l’espoir que le Plan Baker puisse revenir au devant de la scène en dépit du fait que nous leur répétons que ce plan est fini », souligne Robert Ford, ambassadeur US à Alger, dans une note adressée au Secrétaire d’Etat adjoint américain, chargé des affaires du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord, David Welsh, à la veille de sa visite en Algérie en février 2008. En recevant ce dernier, le président algérien avouera à maintes reprises, qu’il a besoin d’une solution lui permettant de « sauver la face ».

A travers les mémos américains, le Président algérien apparaît comme un homme vieux, arcbouté dans ses certitudes, qui ne cache pas sa haine contre le Maroc et son Roi. Dans un article intitulé «Bouteflika ruine l’Algérie pour amoindrir le Maroc», le journaliste algérien Saâd Lounès s’interroge d’ailleurs sur les raisons du verbiage diplomatique anti-marocain du président algérien Abdelaziz Bouteflika et son comportement à l’emporte-pièce pour soutenir «le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui» tout en «bradant le gaz algérien». Et de conclure : «Il a lié la politique énergétique de l’Algérie au destin de quelques enturbannés d’un Polisario fantôme présidé depuis 33 ans par un Marocain, et dont la plupart des membres fondateurs ont réintégré le royaume».
Vestige encore vivant de la politique de guerre froide, Bouteflika est un natif d’Oujda. Pour anecdote, il a effacé son lieu de naissance qui était auparavant mentionné dans sa biographie sur le site de la présidence algérienne. L’obsession anti-marocaine de Bouteflika va jusqu’à accentuer sa politique d’armement en prévision d’un conflit ouvert avec le Maroc.
La CIA avertit Selon un rapport de l’Institut international de recherche pour la paix (SIPRI) portant sur le commerce des armements durant la période 2005-2009, l’Algérie apparaît comme le deuxième importateur d’armes en Afrique après l’Afrique du Sud. Mieux encore, l’Algérie se classe au 9è rang mondial.
Ces chiffres ont poussé la CIA à émettre un « warning » sur l’éventualité d’un embrasement militaire dans la région d’autant plus qu’en Algérie, une phase difficile de succession s’ouvre. L’ambassade US à Alger dresse dans un mémo un tableau triste de l’Algérie. «Il y a beaucoup de discussions dans les milieux politiques sur la Constitution, le troisième mandat et les questions de succession, mais il n’y a que peu de discussions, précieuses, sur la façon de traiter l’aliénation politique de longue date et le mécontentement social dans tout le pays» note-t-elle.
La théorie de « l’ennemi extérieur » est toujours une carte entre les mains de Bouteflika pour redorer son blason à l’intérieur et s’assurer une unité nationale derrière lui. En tout état de cause, au Maghreb, l’entêtement de Bouteflika est de moins en moins compris. Selon un câble diplomatique américain classé secret, le président tunisien Ben Ali a déclaré à David Welch, sous-secrétaire d’Etat américain chargé des affaires du Proche-Orient et de l’Afrique du Nord : «Les Algériens doivent accepter le fait qu’il n’y aura pas un Etat indépendant au Sahara occidental».

Au-delà du dossier du Sahara, la rivalité entre le Maroc et l’Algérie se joue également dans la région du Sahel. Dans les notes diplomatiques américaines révélées par WikiLeaks, il est en effet question de «la montée en puissance du Maroc auprès des pays de l’arc sahélien, ainsi que sa volonté de se positionner en tant qu’interlocuteur central et de transmetteur de savoir-faire.». Cette action du Maroc en Afrique (voir notre Temps Fort, page…..) est systématiquement contrée par les Algériens qui voient en l’intrusion marocaine au Sahel une tentative d’ingérence.
Les notes diplomatiques américaines arrivent donc à un bon moment pour remettre les pendules à l’heure après la campagne médiatique et diplomatique surréaliste qui a suivi les événements de Laâyoune et visé le Maroc. Après le succès de l’imposante marche populaire de Casablanca, la publication des mémos américains sonne comme une nouvelle relance à l’échelle internationale de la position marocaine dans le dossier du Sahara.
Source : letemps.ma
 
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