Robert Bourgi fait trembler la République

SoumaSoum078

Je stresse comme un lutin !
VIB
La disgrâce d’un homme se mesure parfois à de petits riens. Ainsi, le 20 février dernier, quand le président du Gabon, Ali Bongo, de passage à Paris, reçoit à l’hôtel George-V, Robert Bourgi attend deux heures dans un hall, seul. Qu’il lui semble loin le temps où il parlait quatre fois par jour au tout-puissant Omar Bongo, le père d’Ali, décédé en juin 2009 ! Un homme qu’il aimait comme « son père », dit-il souvent – il l’appelait d’ailleurs « papa ». Un homme qui a été le parrain de sa dernière fille, Clémence. Mais le fils Bongo veut imprimer sa marque : Robert Bourgi appartient au passé. Le vieux routier de la Françafrique – il a 66 ans – est supplanté par l’étoile montante de l’establishment parisien, le flamboyant Alexandre Djouhri, à tu et à toi avec Claude Guéant et le gratin du Cac 40. Tiens, lui aussi est là, ce 20 février, dans ce hall du George-V, à quelques mètres seulement de Robert Bourgi. Mais Monsieur Alexandre, comme on l’appelle, ne fait pas longtemps antichambre. Ali Bongo le reçoit avec joie.

Il y a encore deux ans, lorsque nous l’avions rencontré dans ses bureaux parisiens, avenue Pierre-Ier-de-Serbie, où foisonnent gravures de Napoléon et photos du général de Gaulle, Robert Bourgi ne jurait que par Claude Guéant et Nicolas Sarkozy. Du premier il disait le voir deux fois par semaine et l’avoir au téléphone tous les jours. « J’ai passé l’âge de me vanter », répondait cet avocat, qui n’a jamais plaidé, lorsque l’on feignait de s’étonner de cette proximité. Quant au second, il assurait l’avoir rencontré en 1983, le décrivant comme « brillantissime et chaleureux ». Lors de sa remise de Légion d’honneur par le président de la République en personne, le 27 septembre 2007, Nicolas Sarkozy avait évoqué une « amitié de vingt-*quatre ans ». « Je sais, déclarait-il en s’adressant au nouveau décoré, que, sur ce terrain de l’efficacité et de la discrétion, tu as eu le meilleur des professeurs et que tu n’es pas homme à oublier les conseils de celui qui te conseillait jadis de rester à l’ombre, pour ne pas attraper de coups de soleil. […] Jacques Foccart avait bien raison. »

Peu connu du grand public, Jacques Foccart est, sous le général de Gaulle, le pivot des relations entre la France et ses anciennes colonies d’Afrique noire, le deus ex machina dont ne cesse de se réclamer Robert Bourgi à longueur d’interviews. Dans son bureau, il montre avec fierté la figure de proue d’un vaisseau portugais coulé en Corse en 1789. « Foccart me l’a léguée », dit-il de sa voix chaude et enjôleuse. Cette filiation revendiquée a le don d’agacer les spécialistes de l’Afrique. Ainsi, Jean-François Probst, ancien conseiller de Jacques Chirac : « Foccart était d’une autre envergure. Il ne faisait pas que porter des valises ! D’ailleurs, à la fin de sa vie, il ne supportait plus Bourgi. Il ne voulait même pas qu’il assiste à ses obsèques. »
 

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Foccart est mort en 1997, en emportant ses secrets. Bourgi, lui, a choisi de les dévoiler au grand jour. Du moins, une partie d’entre eux. Il y a deux ans, il nous jurait pourtant, la main sur le cœur : « Mon rôle est de préserver des *relations privilégiées entre la France et ses anciennes colonies. Jamais je n’ai *participé de près ou de loin aux côtés obscurs de la Françafrique. Je les condamne et je les combats. » En vingt-quatre heures, le discret Robert Bourgi a « jeté à terre sa tunique de Nessus », comme il l’a dit au « Journal du Dimanche ». Il *désigne, avec pléthore de détails *romanesques, Jacques Chirac, Dominique de Villepin ou Jean-Marie Le Pen comme *destinataires des *valises de billets, *offrandes de chefs d’Etat africains, parmi lesquels Omar Bongo, Denis *Sassou-Nguesso (Congo Brazzaville), Abdou*laye Wade (Sénégal), Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire) et Blaise *Compaoré (Burkina Faso). La bombe médiatique est lancée, et ce fou de tennis – il a arbitré dans sa jeunesse des matchs de Rod Laver –, qui ne rate jamais une finale de l’US Open, doit annuler en catastrophe son vol pour New York, où il comptait assister au choc entre Nadal et Djokovic.

http://www.parismatch.com/Actu-Matc...rt-Bourgi-fait-trembler-la-Republique-333299/
 
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