Romain, 28 ans, dans le coma...

Ahava

Bénis soient ceux qui doutent !
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Un manifestant dans le coma: de nouvelles images à charge contre les CRS

Le 26 mai à Paris, Romain D. s’écroule en fin de mobilisation contre la loi travail. Une nouvelle vidéo montre qu’une grenade de désencerclement venait juste d’exploser.

Romain D., 28 ans, est dans le coma depuis le 26 mai, jour de la dernière mobilisation contre la loi El Khomri. Victime, a priori, d’un jet intempestif de grenade de désencerclement. Une enquête pénale pour «violence volontaire par dépositaire de l’autorité publique» a été ouverte par le parquet.

Ce jour-là, à Paris, après dissolution du cortège syndical, un groupe part vers la Porte de Vincennes. Rue du Général-Niessel, les CRS interpellent un ado, puis se replient dans un jardinet attenant. D’où ce mini-attroupement de plusieurs journalistes et quelques badauds scandant «libérez notre camarade». Le garçon en question sourit quand une caméra le filme. «L’ambiance était bon enfant, témoigne un photographe présent sur place. Un reliquat de manif, des journalistes, des passants, dont une petite vielle.» Et Romain, donc,«pas vraiment manifestant mais observateur», souligne sa famille.

D’autres CRS arrivent rapidement en renfort, et l’un d’entre eux lance, sans plus de formalité, une grenade de désencerclement. Apparemment dans les formes techniques requises, c’est-à-dire dans les jambes, au ras du sol… Mais certainement pas au motif requis par une circulaire de la police, qui prévoit d’y recourir «lorsque les forces de l’ordre se trouvent prises à partie par des groupes violents ou armés».

Selon de premières images diffusées sur Internet, on voit d’abord la grenade jetée, puis, dans un deuxième temps, Romain allongé au sol. Mais sur de nouvelles vidéos, dont l’une doit être diffusée ce lundi dansle Petit Journal de Canal + (et que Libé a pu visionner), l’homme s’écroule dans la foulée de l’explosion de la grenade. Ce qui renforcerait le lien de causalité entre l’acte du CRS et la blessure de Romain. Selon l’avocat de sa famille, Me Hugues Bouget, il pourrait avoir été touché par le bouchon déclencheur de la grenade.
 

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Bitume.

Deuxième acte, quelques instants plus tard. Selon les témoins interrogés par Libération, les CRS lancent derechef une bombe lacrymogène en direction des passants s’étant illico greffés autour du corps de Romain, allongé sur le bitume. Attroupement intempestif, ont manifestement considéré les CRS. Une action contraire, encore une fois, aux règles qui régissent l’utilisation d’une grenade de désencerclement : «Après usage, il convient de s’assurer aussitôt de l’état de santé de la personne et de la garder sous surveillance ; au besoin, un examen médical doit être effectué dans les meilleurs délais.»

Troisième épisode : un camion de pompiers débarque enfin sur les lieux. Romain y est embarqué sur un fauteuil roulant, visage bandé mais manifestement éveillé, voire souriant pour rassurer ses proches. Deux CRS harnachés et casqués montent alors à bord. Un témoin affirme qu’un troisième CRS portant une mallette de survie se serait glissé dans le camion.

Impatience.

La suite nous est racontée par deux autres témoins oculaires, Paul et Marie (1). Peu de temps après avoir démarré, l’estafette des pompiers se gare quelques centaines de mètres plus loin, le temps qu’un autre véhicule, mieux médicalisé, ne prenne en charge Romain. «Le voyant entrer bien portant dans le camion des pompiers, on a trouvé bizarre que deux CRS s’y engouffrent. Du coup, on l’a suivi.» Ils disent ensuite avoir vu, via une vitre latérale, «deux CRS casqués se pencher sur lui»,le pompier de service restant «en retrait» de la cabine. Nos témoins n’ont pu observer directement le corps de Romain, seulement les deux CRS. Mais ils affirment que «leurs gestes étaient violents, au point de faire bouger le fourgon». Premier secours, acte d’intimidation ? Dans un appel téléphonique passé à des proches depuis le camion de pompiers (Libération a eu accès à la bande audio), on entend juste Romain crier sa douleur.
 

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Ces faits mériteraient une enquête impartiale. Mais la procédure n’en prend pas, pour l’instant, le chemin. Depuis l’ouverture d’une enquête administrative diligentée par l’IGPN (police des polices), doublée d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris, le CRS ayant lancé la grenade initiale n’a toujours pas été convoqué - il ne sera auditionné que cette semaine. Me Bouget, lui, ne cache pas son impatience de voir désigné un juge d’instruction : «Ce serait un geste fort de le faire rapidement, pour ainsi démontrer que l’enquête va se faire en toute transparence et en toute indépendance, comme les pouvoirs publics s’y sont engagés, au plus haut niveau, envers la famille.»

http://www.liberation.fr/france/201...velles-images-a-charge-contre-les-crs_1457507

 

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Le porte-parole des pompiers dans la capitale raconte l'évacuation de Romain, le 26 mai, et la soudaine dégradation de son état de santé.

C’est un témoignage inédit qui éclaire les circonstances dans lesquelles Romain D., 28 ans, a été blessé le 26 mai dernier, près du cours de Vincennes à Paris, après une manifestation contre le projet de loi travail. Gabriel Plus, porte-parole des pompiers de Paris, décrit l’intervention de ses hommes et la dégradation soudaine de l’état de santé de Romain. Ce dernier, vraisemblablement blessé par une grenade de désencerclement utilisée par un fonctionnaire de la compagnie d’intervention de la préfecture de police de Paris, est désormais conscient, mais pourrait subir d’importantes séquelles. Romain D. s’est en outre joint à la plainte contre X déposée par sa famille. Gabriel Plus, quant à lui, raconte la scène.

«On est appelés en fin d’après-midi pour intervenir auprès d’un jeune homme blessé. Il est recueilli dans un état stable, il est conscient et on le fait monter dans le véhicule des pompiers. Le premier rapport, à 19h25, fait état de secours apportés à un homme dans un état léger, mais qui peut évoluer. On décide de lui apporter les premiers soins à l’intérieur du véhicule, pour le stabiliser, évaluer la gravité de ses blessures afin de l’évacuer vers le bon hôpital. Mais au bout de dix minutes, le blessé est pris de convulsions. Le rapport explique ensuite qu’il s’agit d’un homme épileptique qui fait une crise déclenchée par le dégagement de gaz lacrymogènes [quelques minutes auparavant, alors que Romain gisait au sol, les forces de l’ordre ont lancé des gaz autour du lieu de l’attroupement, ndlr]. C’est très clair : des lacrymogènes ont un effet néfaste sur un homme blessé (1).
 

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«Nos deux secouristes à l’intérieur du véhicule se retrouvent débordés. Une crise d’épilepsie, c’est violent : il faut être costaud pour maintenir la personne, qui peut se blesser si elle ne contrôle plus ses nerfs. C’est pourquoi les secouristes ont appelé deux gendarmes mobiles à l’intérieur du véhicule pour les aider à maintenir les jambes du blessé. Il ne s’agissait que de cela. Cela nous a permis de le calmer et de lui refaire son pansement à la tête. Après cette intervention, le blessé avait retrouvé ses esprits, mais il était épuisé, quasiment endormi. On a ensuite demandé le concours de l’ambulance de réanimation qui se trouvait sur place lorsqu’il a perdu connaissance. Il a été décidé de l’évacuer vers l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière avec une escorte. A 19h48, le rapport des pompiers fait état d’une urgence absolue.»

http://www.liberation.fr/france/201...ris-le-temoignage-inedit-des-pompiers_1458098
 
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