Santé publique: la vraie urgence mondiale, ce n'est ni le sida, ni ébola, ni le paludisme

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
Contributeur
mais la mortalité à moto

Ce phénomène coûte plusieurs milliards aux pays en voie de développement.

Dans la touffeur habituelle d'un après-midi de Phnom Penh, Chhay Hour, ingénieur de 26 ans travaillant chez Cambrew, la plus grosse brasserie cambodgienne, aura négocié sec pour une Honda défraîchie. Sa toute première moto, dénichée dans l'un des innombrables garages de Prampi Makara, l'arrondissement de la capitale où se concentrent les vendeurs d'occasion. Jusqu'ici, il faisait à pied le trajet entre son logement fourni par son employeur et son lieu de travail, le site de production de Sihanoukville. Mais il vient d'être transféré à un nouveau poste en centre-ville, qui l'astreindra à un périple quotidien d'une petite dizaine de kilomètres. D'où le besoin de bécane.

Un permis? Pour quoi faire?

Je demande à Hour, un gaillard dégingandé à l'air sûr de lui, s'il possède un permis.

«Qui a besoin d'un permis?», me répond-il dans un éclat de rire, un sourcil levé.

«Je n'ai pas la moindre intention de le passer, ce n'est qu'un bout de papier. Si tu te fais arrêter par la police –même avec un permis– ils vont trouver un moyen de te voler ton argent. Si la police t'arrête, tu payes et voilà.»

Une telle attitude –et ce genre de petite corruption– est endémique dans toute l'Asie du Sud-Est. Si les policiers chargés de la circulation ne prennent pas au sérieux la législation routière, pourquoi se gêner?

Les pots-de-vin, semble-t-on penser, ne sont que le coût inhérent du business dans une économie en développement –un mal nécessaire qui graisse les rouages. Comme me l'explique un responsable de la police de Bangkok:

«Les gens ne se plaignent pas. S'ils peuvent soudoyer un officier de police, c'est beaucoup mieux que d'avoir à se fader le tribunal et payer en fin de compte une amende bien plus élevée. Ils préfèrent donc cette manière de faire, même si cela corrompt la société dans son ensemble.»

Au Cambodge, seul un quart des automobilistes a pris la peine de passer le permis et, selon une récente enquête, 70% des conducteurs de deux-roues ne comprennent pas la signification d'un panneau stop. Ce qui pourrait expliquer que le pays est en première ligne de la plus invisible des crises sanitaires mondiales: la hausse exponentielle de la mortalité routière, corollaire du boom des deux-roues motorisés dans les pays en voie de développement...............


http://www.slate.fr/story/98275/mort-moto
 
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