Sarkozy et le casse-tête africain

petitbijou

Casablanca d'antan
VIB
La France, encore et toujours. Ses ingérences dans les affaires africaines, les arrière-pensées qu’on lui prête, ses amis dictateurs qu’elle jette comme des kleenex...

Le débat fait rage et cristallise les passions. Les interventions militaires françaises, en Libye et surtout à Abidjan, choquent, voire révulsent nombre d’Africains. Comment ne pas entendre leurs voix et ne pas les comprendre ? La France traîne comme un boulet cette image de Machiavel occidental manoeuvrant constamment pour défendre ses intérêts au détriment de ceux du continent. Le doute est donc plus que permis...

Mais soyons clairs : le « coup de main » français à Alassane Ouattara, qui s’inscrit dans le cadre de la nouvelle doctrine onusienne visant à protéger les civils par tous les moyens – dont on ne sait pas très bien où elle commence ni où elle s’arrête –, était la moins mauvaise des solutions. On a suffisamment reproché à Paris, à juste titre, d’avoir laissé un génocide se dérouler au Rwanda, en 1994, ou de ne pas être intervenu pour mettre fin aux tueries pendant la guerre civile au Congo-Brazzaville, en 1997, pour ne pas examiner d’un oeil objectif son immixtion dans la guerre que se livrent Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Fallait-il rester les bras croisés face au bain de sang qui se profilait ?

À son arrivée au pouvoir, Nicolas Sarkozy s’était évertué à rompre avec l’héritage Chirac. Une volonté patente, illustrée par le rapprochement, entre autres, avec le Rwanda ou l’Angola. Ce fut aussi le cas dans le dossier ivoirien. Sarkozy avait souhaité repartir d’un bon pied avec Laurent Gbagbo, qu’il a rencontré brièvement et auprès de qui il a dépêché ses hommes de confiance, Claude Guéant et Robert Bourgi en tête. Sarkozy, vieil ami de Ouattara, a longtemps pensé que ce dernier ne pourrait l’emporter, même si les sondages Sofres favorables à Gbagbo ne l’avaient pas vraiment convaincu. Pour ne rien gâcher, ce dernier, réputé, à tort, viscéralement anti-Français, ne s’est jamais opposé aux intérêts hexagonaux. Les « amis » de Sarkozy ne se sont d’ailleurs jamais aussi bien portés qu’avec le leader du FPI : Bolloré, Bouygues, Veolia, Vinci, France Télécom ou Total peuvent en témoigner...

C’est donc plutôt l’impuissance ou l’inertie de l’Union africaine, de la Cedeao et de l’ONU qui ont incité Paris à monter en première ligne, visiblement à reculons. Et s’il en est un qui ne devait pas souhaiter cette intervention, c’est bien Ouattara lui-même, lequel arrive enfin au pouvoir dans des conditions calamiteuses, comme son adversaire, d’ailleurs, en 2000. Aujourd’hui, même si la responsabilité en incombe à Gbagbo, rien n’est réglé, surtout pas cette satanée succession d’Houphouët.... Le plus dur ne fait que commencer.


Jeune Afrique
 
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