Sarkozy et Fillon à la poursuite du soi-disant vote juif

Un article intéressant
Elie Arié - Médecin 4 Février 2010

Le Président s'est rendu au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France. Elie Arié critique la «mission» de défense de l'Etat d'Israël que s'est assignée le CRIF.

Spectacle surréaliste, hier soir : le Premier Ministre fait un discours pour dénoncer le communautarisme au dîner annuel d’une institution se revendiquant comme communautariste, le CRIF !


Le CRIF est une institution dont le nom signifie « Conseil représentatif des institutions juives de France » ; cette dénomination est bien préférable à la précédente : « Conseil représentatif des israélites de France » : en effet, le CRIF ne représente que les adhérents à ces institutions…c’est-à-dire une infime minorité des Juifs de France, alors qu’il s’attribue abusivement le droit de parler au nom de leur totalité.


Certes, il n’existe pas d’autre institution de Français juifs…mais c’est assez logique : pourquoi les Français juifs qui n’accordent pas une grande importance à leur judéité éprouveraient-ils le besoin de se regrouper en associations ? Il existe des associations de philatélistes, mais il n’existe pas d’associations de « non-philatélistes », auxquelles adhéreraient des gens pour se dire qu’ils ne s’intéressent pas spécialement aux timbres … Le CRIF prétendant parler « au nom des Juifs de France », c’est l’équivalent des associations de philatélistes qui prétendraient parler au nom de tous les Français.


Mais le CRIF a connu une dérive importante depuis la création de l’ Etat d’Israël : il est devenu le soutien inconditionnel à la politique de cet Etat –ou, plus exactement, aux différentes politiques, parfois contradictoires, des différents gouvernements de cet Etat, ce qui pose un triple problème :

Pourquoi les Français juifs devraient-ils soutenir inconditionnellement la politique d’un Etat, quel qu’il soit ? En Israël, il existe des gouvernements et des oppositions, ces dernières ne se gênant pas pour critiquer la politique de leur gouvernement : ce droit de critique serait donc autorisé pour les Israéliens, et pas pour les Français juifs ?

De quel droit le CRIF s’est-il auto-attribué cette mission de défense systématique, en France, de la politique israélienne, quelle qu’elle soit ? Il existe déjà quelqu’un qui est payé pour cela et qui en est officiellement chargé, c’est l’ambassadeur d’Israël en France (et qui doit sans doute, en tant que diplomate, le faire de façon bien plus nuancée…).

Quand cessera le scandale des dîners annuels du CRIF, auxquels viennent assister des membres du gouvernement français pour y écouter des leçons de géopolitique, s’entendre expliquer quelle politique ils doivent mener dans l’intérêt d’ Israël, se faire décerner publiquement des bons et des mauvais points, et promettre humblement de faire mieux la prochaine fois ? Que le Premier Ministre y discoure de l’éventuel antisémitisme en France, soit ; mais pourquoi de sa politique vis-à-vis de l’ Iran ? Et si un jour l’intérêt politique de la France était de soutenir l’ Iran, devrait-il s’en excuser ?


Bien entendu, personne n’est dupe : les politiques qui se soumettent à ce pénible exercice le font de façon intéressée, pour se concilier le soi-disant « vote juif »…alors que de très nombreuses études ont démontré qu’en France, ce « vote juif » n’existe pas, que le vote des Français juifs (définis, il est vrai, par l’ appartenance religieuse qu’ils déclarent, puisque les statistiques ethniques sont heureusement interdites en France) se répartit très exactement de la même façon que celui des autres Français, à l’exception d’un vote plus faible (mais pas nul) pour le Front National, et n’est absolument pas influencé par la politique plus ou moins pro-israélienne de tel ou tel parti .


Cette dérive politique de l’institution à l’origine communautariste du CRIF a deux conséquences catastrophiques dont il ne semble pas conscient :

Alors que le CRIF reproche, à juste titre, à certains jeunes d’origine musulmane de s’identifier artificiellement aux Palestiniens (dont 30 % sont chrétiens…) et d’importer ainsi le conflit israélo-palestinien en France, il ne se rend pas compte que, par son soutien public et inconditionnel à la politique israélienne, il est lui-même le principal importateur de ce conflit en France .

En entretenant l’illusion d’une unanimité politique de tous les Juifs, il contribue à renforcer ainsi un des plus vieux mythes de la propagande antisémite de tous les temps : Karl Marx et Rothschild, même combat ! « Prolétaires et capitalistes de tous les pays, unissez-vous ! »
Sources: Marianne.
 
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