Le saviez vous ?

Le vocable « Amîn » en Islam.

L’Envoyé d’Allâh, Muhammad -qu’Allâh lui accorde Ses grâces unitives et pacifiques- a déclaré : « L’Ange Gabriel –sur lui paix !- m’a transmis le mot amîn lorsque j’eus terminé la récitation de la Fâtiha,[1] et il a dit que cela est comme le sceau (al-khatm) sur un écrit ».
Un autre hadith dit : « Amîn est le sceau du Seigneur des Mondes sur la langue de Ses adorateurs croyants »

Ibn’Abbâs demanda à l’Envoyé d’Allâh quel est le sens d’amîn, et il lui répondit que c’est : « Fais ! » (if’al), ce qui correspond à un fiat. Les commentateurs en explicitent le sens par les paroles : « Notre Seigneur, fais comme nous Te le demandons ! »

Enfin, un enseignement du Prophète concernant la récitation pendant le rite de la salât montre en quoi consiste l’opération sacramentelle qui a lieu alors : « Lorsque l’imâm (qui dirige la prière en commun) a prononcé (les dernières paroles de la Fâtiha) dites : amîn ! car les anges disent également : amîn !, et l’imâm dira aussi : amîn ! Or si quelqu’un prononce son amîn en accord avec l’amîn des anges, les péchés qu’il aura commis jusque-là lui seront pardonnés »

Un sens spécial reçoit l’amîn prononcé après la Fâtiha avec renforcement de la lettre mîm : âmmîn ! Il est considéré alors comme étant au point de vue morphologique, le participe présent pluriel, avec flexion (au singulier âmm, au pluriel nominatif âmmûn) du verbe amma : « se diriger vers », « avoir comme but » [2] […] et qui signifie selon Ibn Arabi « nous-mêmes allant vers Ta réponse au sujet de ce que nous T’avons demandé »

L’Amîn s’emploie aussi pour appuyer la demande adressée à Dieu par un autre : « Le demandeur et celui qui l’appuie de son amîn sont associés (à la récompense) » (Hadith). Egalement il s’emploie pour renforcer sa propre demande : « Lorsque quelqu’un fait une demande à Dieu, qu’il appuie sa demande avec amîn ! » (hadith) Le Prophète regardait à un moment un croyant qui faisait des demandes à Dieu et dit : « Il obtiendra nécessairement la réponse s’il scelle sa prière par amîn ! »

L’enseignement prophétique instruit encore de ceci : “La prière de quelqu’un pour le bien d’un de ses frères absent est acceptée et un ange placé auprès de sa tête prononce : Amîn ! Et à toi-même un bien pareil ! “

Enfin, « Au coin yéménite de la Kaaba, il y a un ange préposé à cet endroit depuis qu’Allâh a créé les Cieux et la Terre ; quand vous y passez (pendant vos tournées rituelles) dites : Notre Seigneur, donne-nous dans ce monde un bien et dans l’autre monde un bien et préserve-nous du châtiment du Feu ! (coran II, 201), car l’ange dira : Amîn ! Amîn ! »

Dans tout cela, on remarque bien que le sens de confirmation d’amîn se trouve complété avec l’idée spéciale du « sceau » apposé qui implique le sens de conclusion ferme et exécutoire.
Cette idée d’un « sceau » est typiquement islamique ; elle semble comme un reflet de la conception dominante du Sceau de la manifestation prophétique. Mais comme la notion d’une synthèse prophétique et législative finale en vue d’une sauvegarde universelle doit s’identifier essentiellement avec le mandat primordial conféré à Adam dans le monde de l’homme, il est significatif à cet égard que l'Amâna ou le Dépôt de confiance respectif (coran XXXIII, 72) porte un nom de la même racine qu’amîn. La Foi même, ce mystère si caractéristique de l’Islam, où elle a une dimension et une portée beaucoup plus profondes qu’en toute autre tradition en raison même de l’étendue et l’importance de la révélation à recevoir et garder ainsi, s’appelle d’un mot de la même racine, al-Imân.

Du reste, le Sceau de la Prophétie porte lui-même le tire d’al-Amîn = le Ferme, le Sûr, le Fidèle, le Sincère, le Véridique, qui disait de lui-même : “quant à moi, par Allah, je suis amîn dans le ciel et amîn sur la terre !” Et d’ailleurs bien avant qu’il ne fût investi du message prophétique, les Mecquois l’appelaient al-Amîn, en signe de la grand confiance qu’ils avaient en lui.

C’est dans cette même perspective que se situe naturellement le même qualificatif quand il est appliqué à l’Ange Gabriel lui-même en tant qu’ “Esprit Sûr”, ar Rûh al–Amin (coran XXVI, 193) qui porte en outre, d’une façon plus spéciale, le titre d’Amîn al-Wahy, le « Dépositaire et le Garant de la Révélation ».

Source : L’Islam et la fonction de René Guenon aux Editions de l’Oeuvre de Michel Vâlsan.

[1] La Fâtiha est la sourate inaugurale du Livre qui doit être récitée dans chaque salât (prière rituelle) : le mot amîn qui la conclut, n’en fait pas partie ; sa prononciation qui se fait soit à voix haute, soit à voix basse, est analogue à l’amen -ou à “ainsi soit-il“- après l’Oraison dominicale.
[2] C’est de cettte même racine que dérive le mot imâm, qui désigne le chef de la prière faite en commun ; c’est-à-dire « celui qui, devant les autres, dirige la prière vers » la Maison d’Allâh.

Source : [aminour.unblog.fr]
 
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