Qu'est-ce que la Sharî'a (ou Charia) ?

3robi78

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La Sharî'a (ou Charia) est présentée ici et là comme "un ensemble de peines très dures". Or cette traduction est réductrice.

Sharî'a veut dire en vérité la voie. Le Coran est clair : Dieu y dit : "Puis Nous t'avons placé sur une voie ("sharî'a") relevant de notre ordre. Suis-la donc et ne suis pas les désirs de ceux qui ne savent pas" (Coran 45/18).

La Sharî'a est donc la voie que Dieu a tracée pour les hommes afin qu'ils puissent vivre sur terre tout en étant avec et devant Lui. Cette voie est constituée aussi bien des croyances ('aqîda) et de la spiritualité (ihsân) que du droit (ahkâm). Un savant musulman contemporain,

al-Qardhâwî, écrit : "Par "Sharî'a" j'entends : "l'islam dans sa globalité", c'est-à-dire ce que l'islam enseigne de croyances, de conception de la vie et d'actes de culte, ce qu'il enseigne de pensée et de sentiments, d'éthique et de valeurs, de règles de politesse et de traditions, de droit et de législation. Tous ces éléments sont constitutifs de la société musulmane. Le droit n'est – malgré son importance – qu'un élément parmi d'autres. Dès lors, comment penser que par le simple fait d'avoir émis quelques règles juridiques, nous aurons donné naissance à la société musulmane voulue ? Une législation seule ne forme pas un peuple :


elle doit être appuyée par un changement de pensée et de sentiments" (Sharî'at ul-islâm sâliha li-t-tatbîq fî kulli zamân wa makân, p. 134). En effet, la seule parution de lois ne forme pas un peuple : témoin l'histoire de la Prohibition aux Etats-Unis dans les années 1920.

A comparer avec l'histoire de l'interdiction de l'alcool telle qu'elle a été réalisée à Médine dans les années 620 : précédée d'une longue formation des coeurs et des esprits, appliquée avec progressivité et sagesse, elle a été acceptée de plein gré et a perduré...
 

3robi78

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Si le droit musulman – qui déjà ne forme qu'une partie de la charia – intéresse tous les aspects de la vie, et concerne notamment des règles en matière pénale, appliquer ce droit ne veut nullement dire appliquer ces règles-là seulement, ni même appliquer ces règles prioritairement et alors commencer par elles sans regard pour l'état de la société. Au contraire, l'application de ces règles demande que l'état de la société le permette. C'est bien pourquoi Omar, second calife du Prophète (sur lui la paix), avait suspendu la peine d'amputation de la main du voleur pendant une grande famine (A'lâm ul-muwaqqi'în, 3/17-18). Al-Qardhâwî écrit ainsi : "Ainsi en est-il de la peine prévue pour le vol : dans la logique de la justice qui caractérise l'islam,

il n'est pas permis d'appliquer le verset coranique demandant l'amputation de la main du voleur tout en ayant délaissé les versets coraniques demandant d'établir l'acquittement de la zakâte [aumône obligatoire], de donner naissance à la justice sociale, de combattre les abus des hommes sur les hommes.


Il y a dans le Coran un verset qui demande d'amputer la main du voleur.

Tandis qu'il y a des dizaines et des dizaines de versets qui demandent de dépenser de ses biens pour les nécessiteux et de nourrir les pauvres, qui interdisent la thésaurisation des biens, critiquent le désir entretenu d'en amasser toujours plus, interdisent la fraude, les prêts à intérêt, les jeux de hasard avec mise, les injustices sous toutes leurs formes, et ordonnent de donner naissance à la justice et à la solidarité sociales de sorte qu'il ne reste plus, dans une vraie société musulmane, de nécessiteux" (Ibid., p. 134).
 
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