Un jour, Hacène Belmessous a recueilli auprès d« un témoin indiscutable » une « intriguante anecdote » - que voici : « Au milieu des années 2000, dans une commission durbanisme dune ville du sud de la France en charge de la rénovation dun quartier HLM, il avait été décidé de détruire lune des barres de cet ensemble pour le rendre plus vivable ».
Mais finalement, « le représentant du ministère de lIntérieur au sein de la commission imposa sa décision : ce ne serait pas cette barre qui devrait être démolie, mais telle autre ».
Pourquoi ?
« Pour que demain, dans le quartier rénové, les forces de lordre puissent plus facilement intervenir pour réduire une éventuelle guérilla urbaine... »
Hacène Belmessous a trouvé, sur le moment, que « linformation » que lui rapportait son témoin « semblait invraisemblable ».
Mais il a, depuis, enquêté : son livre, Opération banlieues, est le récit de cette enquête.
Et il a découvert que « la police copilote » bel et bien « la rénovation des cités sensibles » [1], et - surtout - que, plus généralement, lÉtat prépare depuis 2002 une véritable guerre « contre les cités ».
Une guerre totale contre les banlieues, « dont le traitement ne relèverait plus que de léradication ou de la force armée ».
Prenons un exemple - un seul, mais singulièrement glaçant : il sagit dun texte confidentiel, daté du 30 novembre 2006, rédigé par une société de sécurité privée « pour le compte de létat-major des armées ».
Que dit ce document ?
Qu« à observer les phénomènes qui secouent de plus en plus violemment nos banlieues depuis plusieurs années, il nest pas interdit de se poser la question de savoir sil faut avoir, demain, encore plus peur des banlieues ».
Car : « Celles-ci apparaissent en effet génératrices de nouvelles menaces et de nouveaux risques (menaces de groupes terroristes, insurrections dans les banlieues, risques technologiques...), dune ampleur ou dune répétition encore jamais égalées et dont il est difficile à la fois dimaginer quelle vont cesser demain, et den percevoir les limites ».
Conclusion : « Dun point de vue strictement militaire, on peut considérer que ce phénomène peut constituer une forme particulière dagression, notamment dans les périodes troublées où les forces de lordre classiques pourraient se trouver complètement débordées, et lautorité de lÉtat et la sécurité des citoyens menacées ».
Contre les cités, vues comme les positions retranchées de lennemi intérieur, il faudra(it) par conséquent faire donner la troupe, et le principe même dune telle intervention ne semble pas choquer outre-mesure les principaux intéressés, puisque « les militaires des armées » consultés par les auteurs de cet ahurissant rapport sont manifestement tout prêts à débattre des modalités dune intervention dans les banlieues, et « considèrent » quelle ne pourrait « être efficace quaux conditions suivantes : se voir attribuer des objectifs clairs (...) et publiquement affirmés, fixer des limites à ne pas franchir dans lemploi de la force, obtenir lassurance que laction reste exceptionnelle et ne perdurera pas sans raison ».
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Mais finalement, « le représentant du ministère de lIntérieur au sein de la commission imposa sa décision : ce ne serait pas cette barre qui devrait être démolie, mais telle autre ».
Pourquoi ?
« Pour que demain, dans le quartier rénové, les forces de lordre puissent plus facilement intervenir pour réduire une éventuelle guérilla urbaine... »
Hacène Belmessous a trouvé, sur le moment, que « linformation » que lui rapportait son témoin « semblait invraisemblable ».
Mais il a, depuis, enquêté : son livre, Opération banlieues, est le récit de cette enquête.
Et il a découvert que « la police copilote » bel et bien « la rénovation des cités sensibles » [1], et - surtout - que, plus généralement, lÉtat prépare depuis 2002 une véritable guerre « contre les cités ».
Une guerre totale contre les banlieues, « dont le traitement ne relèverait plus que de léradication ou de la force armée ».
Prenons un exemple - un seul, mais singulièrement glaçant : il sagit dun texte confidentiel, daté du 30 novembre 2006, rédigé par une société de sécurité privée « pour le compte de létat-major des armées ».
Que dit ce document ?
Qu« à observer les phénomènes qui secouent de plus en plus violemment nos banlieues depuis plusieurs années, il nest pas interdit de se poser la question de savoir sil faut avoir, demain, encore plus peur des banlieues ».
Car : « Celles-ci apparaissent en effet génératrices de nouvelles menaces et de nouveaux risques (menaces de groupes terroristes, insurrections dans les banlieues, risques technologiques...), dune ampleur ou dune répétition encore jamais égalées et dont il est difficile à la fois dimaginer quelle vont cesser demain, et den percevoir les limites ».
Conclusion : « Dun point de vue strictement militaire, on peut considérer que ce phénomène peut constituer une forme particulière dagression, notamment dans les périodes troublées où les forces de lordre classiques pourraient se trouver complètement débordées, et lautorité de lÉtat et la sécurité des citoyens menacées ».
Contre les cités, vues comme les positions retranchées de lennemi intérieur, il faudra(it) par conséquent faire donner la troupe, et le principe même dune telle intervention ne semble pas choquer outre-mesure les principaux intéressés, puisque « les militaires des armées » consultés par les auteurs de cet ahurissant rapport sont manifestement tout prêts à débattre des modalités dune intervention dans les banlieues, et « considèrent » quelle ne pourrait « être efficace quaux conditions suivantes : se voir attribuer des objectifs clairs (...) et publiquement affirmés, fixer des limites à ne pas franchir dans lemploi de la force, obtenir lassurance que laction reste exceptionnelle et ne perdurera pas sans raison ».
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