Suède-Danemark:L'extrême-droite cristallise une fois encore le débat

Alors qu’une campagne électorale à l’issue incertaine se déroule en Suède, un clip réalisé par le parti d’extrême droite qui pourrait entrer au Parlement la 19 septembre, a été censuré par la chaîne de télévision TV4. L’affaire suscite de nombreux commentaires… chez les voisins danois.

Danemark et Suède sont voisins, mais leurs presses respectives ne voient pas la liberté d'expression de la même façon. Ainsi, cela ne semble choquer personne, en Suède, que la chaîne de télévision TV4 ait refusé de diffuser un film de campagne du parti d'extrême droite Sverigedemokraterna (littéralement : "les démocrates de Suède"). Le film montrait une dame âgée cheminant, appuyée sur son déambulateur. Un groupe de femmes portant la burqa la dépassent et arrivent avant elle pour toucher les allocations sociales. Ce message est en contradiction avec l'article interdisant l'expression de la haine à la radio et la télévision, estime TV4. La chaîne a également décidé d'exclure le parti d'extrême droite des derniers débats entre les leaders des prinicipales formations politiques du pays.

La presse suédoise n'a donné qu'un faible écho à ces informations. Seul le quotidien Expressen estime que les Sverigedemokraterna ont réalisé ce film outrancier à dessein, "dans le but de le voir censurer, afin d'apparaître eux-mêmes comme des martyrs. C'est une opération de relations publiques réussie". En effet, le film circule sur le Net, et sa publicité est largement assurée.

Au Danemark, la presse prête en revanche beaucoup d'attention à l'affaire. Le quotidien libéral Jyllands-Posten - qui a publié les caricatures il y a cinq ans - relate en une que le gouvernement danois et le Dansk Folkeparti, l'extrême droite, estiment que le Conseil de l'Europe doit envoyer des observateurs pour les élections législatives qui se tiendront le 19 septembre prochain au royaume voisin : "Quelqu'un doit dire aux Suédois qu'il s'agit de censure. Cela ne peut pas se passer dans un pays scandinave en 2010", s'indigne l'élu conservateur Naser Khader dans un article consacré au sujet.
 
Le Berlingske Tidende, d'orientation conservatrice, considère pour sa part que "même si ce clip de campagne est plat, la réaction qu'il suscite est très significative du débat suédois". Et de rappeler qu'en Suède, il a jusqu'ici "été politiquement incorrect de discuter des problèmes liés à l'immigration", pour conclure que même si des débats peuvent être désagréables, aboutir à des simplifications comme celle que présente le parti Sverigedemokraterna, "l'absence de débat ouvert est bien pire". Une façon de dire que les voisins pourraient s'inspirer du débat danois sur l'immigration .

Le journal social-libéral Politiken estime quant à lui que si les médias suédois ne prêtent guère attention à l'affaire, c'est parce qu'ils ne pensent pas que les Sverigedemokraterna puissent jouer un grand rôle dans le scrutin à venir : "La différence décisive entre le Danemark et la Suède est plutôt que les conservateurs suédois ont d'avance refusé toute coopération avec l'extrême droite." L'enjeu des élections se place donc ailleurs, conclut le journal, "entre les promesses de prospérité des ‘verts-rouges’ et celles des réductions d'impôts des ‘bleus‘".

© Courrier international
 
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