L'entreprise, qui prévoit notamment l'arrêt de la production pour 2014 sur son site d'Aulnay, exclut l'idée d'une aide de l'Etat.
Le premier constructeur automobile français PSA Peugeot Citroën a provoqué un choc jeudi 12 juillet en annonçant la fin de la production de voitures en 2014 à l'usine d'Aulnay (Seine-Saint-Denis), où travaillent plus de 3.000 salariés. Ainsi qu'un plan global de 8.000 suppressions de postes en France, dont 6.500 "nets", selon Philippe Varin, le patron du groupe.
Interrogé sur une éventuelle aide publique de la part de l'Etat, ce dernier juge que "ce sujet n'est pas à l'ordre du jour". "Mettre de l'argent dans le groupe, ce n'est pas cela qui remplirait nos usine", affirme-t-il. Le PDG de PSA dit cependant "mesurer pleinement la gravité des annonces faites aujourd'hui ainsi que le choc et l'émotion qu'elles provoquent dans l'entreprise et dans son "environnement".
Mais selon lui "l'ampleur et le caractère durable de la crise qui affecte notre activité en Europe rendent désormais indispensable ce projet de réorganisation". "Personne ne sera laissé au bord du chemin", promet-il.
"Un véritable choc"
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault évoque "un véritable choc" pour l'industrie. Il demande à la direction de PSA de mener "sans délai" une "concertation". Bernard Thibault, le secrétaire général de la CGT, parle lui de "séisme".
Pour justifier ces décisions radicales en matière d'emploi, qui viennent s'ajouter à des mesures annoncées fin 2011, le groupe met en avant des pertes au premier semestre et une réduction durable des marchés en Europe.
Ce nouveau plan prévoit la fin de l'assemblage à Aulnay (3.000 postes), la suppression de 1.400 postes à l'usine de Rennes et de 3.600 emplois dans les effectifs hors production tous sites confondus, dont 1.400 en recherche et développement. La fin de la production à Aulnay est la première fermeture d'une usine automobile en France depuis celle de Renault à Boulogne-Billancourt en 1992.
"La cote d'alerte dépassée"
Selon Bernard Thibault, "dès lors que Peugeot annonce la suppression de 8 à 10.000 emplois, il faut multiplier par trois, voire quatre, pour mesurer l'impact en termes d'emploi pour l'ensemble du pays". La CGT va "réagir", prévient-il.
Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, juge que "la cote d'alerte [est] dépassée" et mis en avant la question de la compétitivité des entreprises : "L'opposition (...) sera à ses côtés [du gouvernement] s'il s'agit d'assumer enfin que la priorité absolue pour notre pays, c'est la compétitivité de notre industrie", lance-t-il.
Le secrétaire national d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Pascal Durand, met en cause pour sa part "les pouvoirs publics [qui] n'ont pas pris la mesure, anticipé, pensé à l'avenir".
Le cours de bourse bondit
Selon le maire PS d'Aulnay-sous-Bois, Gérard Ségura, la fermeture de l'usine de sa ville est "la chronique d'une mort annoncée, même si les choses ont été cachées pendant l'élection présidentielle".