Terre promise Un film d’Amos Gitai sur ARTE

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schtroumpf CoCo
VIB
lundi, 15 décembre 2008 à 01:10 sur ARTE


Huit femmes venues d'Europe de l'Est sont vendues aux enchères à des réseaux de prostitution en Israël.

Synopsis : Dans le désert du Sinaï, des bédouins convoient un groupe de femmes venues de l’Est de l’Europe. En secret, ils traversent la frontière pour organiser le trafic et la vente de ces femmes, destinées à un réseau de prostitution. Pour Diane et les autres, vendues aux enchères et passant de main et main, le voyage se conclut à Haïfa, lorsqu’elles sont conduites sans ménagement dans un night club pour y travailler. Mais Diane rencontre Rose, qui ne semble là que par curiosité. Elle l’exhorte à réagir et à l’aider…


Critique : L’esclavage moderne, en particulier quand il prend la forme de la prostitution, ne connaît pas de frontière. Amos Gitaï a choisi avec « Promised Land » de rendre compte de celui qui s’organise dans son pays, en suivant de manière quasi-documentaire un groupe de jeunes femmes issues de l’ex-bloc soviétique, jusqu’aux banlieues des villes israéliennes. En transcendant la recherche et le style documentaire par l’apport de la fiction (le monologue très fort de la comédienne Hanna Schygulla ou les flash-back renseignant sur le passé de Diane), Gitai donne de la chair et une histoire à ces personnes réduites à l’état de marchandise, que les médias présents au Moyen-Orient occultent en permanence, leur préférant le compte-rendu quotidien du conflit israélo-palestinien.

Mais, en se demandant comment filmer l’inhumanité de ces conditions, sa mise en scène se détache des soucis formels, qui, dans ses films précédents (en particulier « Eden » en 2001 et « Kedma » en 2002), semblaient prépondérants, pour être au plus près de ces femmes et de leur calvaire. Grâce à cette démarche résolument crue, accentuée par une lumière blafarde, voire carrément naturelle, et un grain de l’image peu apprêté, il livre un film plus vif et physique que d’habitude. Cette position âpre est étoffée par la présence du personnage de Rose, qui opère un relais entre ce monde apocalyptique, auquel on est sensible mais qu’on ne veut pas regarder de trop près, et le spectateur. Rose le pousse à sortir de sa passivité et à s’impliquer davantage dans le récit qu’on lui présente.

Grâce aussi à cette volonté de ne pas trop découper, de faire durer les scènes jusqu’au point de rupture, pour développer le malaise jusqu’à sa quintessence, le cinéma d’Amos Gitai trouve une sorte de cohésion dans le chaos, d’où le film tire sa très grande force.

trailer

source arte
 
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