Revendiqué par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le double attentat kamikaze du 26 août contre lacadémie militaire de Cherchell (18 morts) tombe à point nommé pour les dirigeants algériens qui recommandent de stopper le processus de réformes annoncées en avril. Ce nest sans doute quune coïncidence
Officiellement, les terroristes ont frappé pour punir les autorités de leur soutien au colonel Kadhafi. Alger avait affiché un prudent attentisme, comme si soutenir la fin de la dictature en Libye pouvait li-bérer des forces incontrôlables, en Algérie même.
Abdelaziz Bouteflika, 74 ans, au pouvoir depuis 1999, peut en effet redouter que son tour vienne de devoir rendre des comptes.
Bouteflika répète que des réformes ont été lancées. Y croit-il vraiment ? Face au souffle de contestation et de liberté qui balaie le monde arabe, son régime na su opérer quun ravalement de façade augmentation de salaires, subventions, diminution de taxes. Léchéance est retardée mais ces mesures circonstancielles ont révélé une absence totale de vision stratégique et le déclassement progressif de lAlgérie, en dépit de son beau potentiel démographique et de ses immenses richesses naturelles.
Le contraste avec le Maroc en devient saisissant. Alors que la république socialiste algérienne confirme son naufrage, amorcé voici presque cinquante ans, le royaume chérifien sengage avec détermination dans daudacieuses réformes, à linitiative du roi lui-même. Ce programme sur vingt ans, la stabilité du pays et son ancrage à la charnière géostratégique entre lEurope, le Maghreb et lAfrique noire en font un futur géant du monde euro-méditerranéen. Laffaissement actuel du régime algérien, verrouillé par une nomenklatura affairiste, nen est que plus patent.
Les Algériens, notamment les plus jeunes, nont plus rien à faire aujour*dhui des idéaux révolutionnaires ruineux des années soixante, rabâchés pour mieux encadrer la population et légitimer le pouvoir.
La jeunesse algérienne regarde au contraire avec envie vers Tunis et Rabat. La promesse dun meilleur partage des richesses ne semble plus sa priorité. Plus que de pain cet ancien grenier importe aujourdhui les trois quarts de sa consommation ! ou de confort ce gros producteur de gaz et de pétrole subit de graves pénuries électriques ! , les Algériens réclament dabord plus de liberté, le renouvellement de leur classe politique et la fin du racket militaire sur les principaux circuits économiques du pays.
Dans cette jeunesse, les plus désespérés sont prêts à tout pour traverser la Méditerranée et accoster en Europe.
Les plus patients ou les mieux éduqués ont deux obsessions : obtenir un visa, fuir leur pays.
Frédéric Pons
Source :
http://www.valeursactuelles.com/not...on/est-ce-au-tour-de-bouteflika 20110901.html
Officiellement, les terroristes ont frappé pour punir les autorités de leur soutien au colonel Kadhafi. Alger avait affiché un prudent attentisme, comme si soutenir la fin de la dictature en Libye pouvait li-bérer des forces incontrôlables, en Algérie même.
Abdelaziz Bouteflika, 74 ans, au pouvoir depuis 1999, peut en effet redouter que son tour vienne de devoir rendre des comptes.
Bouteflika répète que des réformes ont été lancées. Y croit-il vraiment ? Face au souffle de contestation et de liberté qui balaie le monde arabe, son régime na su opérer quun ravalement de façade augmentation de salaires, subventions, diminution de taxes. Léchéance est retardée mais ces mesures circonstancielles ont révélé une absence totale de vision stratégique et le déclassement progressif de lAlgérie, en dépit de son beau potentiel démographique et de ses immenses richesses naturelles.
Le contraste avec le Maroc en devient saisissant. Alors que la république socialiste algérienne confirme son naufrage, amorcé voici presque cinquante ans, le royaume chérifien sengage avec détermination dans daudacieuses réformes, à linitiative du roi lui-même. Ce programme sur vingt ans, la stabilité du pays et son ancrage à la charnière géostratégique entre lEurope, le Maghreb et lAfrique noire en font un futur géant du monde euro-méditerranéen. Laffaissement actuel du régime algérien, verrouillé par une nomenklatura affairiste, nen est que plus patent.
Les Algériens, notamment les plus jeunes, nont plus rien à faire aujour*dhui des idéaux révolutionnaires ruineux des années soixante, rabâchés pour mieux encadrer la population et légitimer le pouvoir.
La jeunesse algérienne regarde au contraire avec envie vers Tunis et Rabat. La promesse dun meilleur partage des richesses ne semble plus sa priorité. Plus que de pain cet ancien grenier importe aujourdhui les trois quarts de sa consommation ! ou de confort ce gros producteur de gaz et de pétrole subit de graves pénuries électriques ! , les Algériens réclament dabord plus de liberté, le renouvellement de leur classe politique et la fin du racket militaire sur les principaux circuits économiques du pays.
Dans cette jeunesse, les plus désespérés sont prêts à tout pour traverser la Méditerranée et accoster en Europe.
Les plus patients ou les mieux éduqués ont deux obsessions : obtenir un visa, fuir leur pays.
Frédéric Pons
Source :
http://www.valeursactuelles.com/not...on/est-ce-au-tour-de-bouteflika 20110901.html