Toutes les Femmes s'appellent Marie

Toutes les Femmes s'appellent Marie de Régine Deforges : chemins de croix

Présenté comme un roman « d'engagement », le dernier opus de Régine Deforges, sorti hier aux Éditions Hugo & Cie, nous convie à suivre le chemin de croix de Marie. Marie, veuve et mère d'un garçon handicapé mental, confrontée à ses besoins et désirs sexuels, face auxquels ni médecin, ni curé, ni prostituées ne peuvent apporter de réponse satisfaisante. Elle finira par « se donner » à son fils dont elle attendra un enfant. Puis, telle Médée, les empoisonnera, elle et lui.

Après les médias qui se sont emparés ces derniers mois de la question de la sexualité des personnes handicapées et de son corollaire, celle des aidants sexuels, les voici donc posées dans un roman. Intéressant pour sensibiliser le grand public à un sujet tabou, ô combien délicat. Sauf qu'il faudrait pour cela savoir créer l'empathie entre le lecteur, l'héroïne et son fils. Mais Toutes les Femmes s'appellent Marie offre une vision tellement caricaturale du handicap mental, des désirs, de la relation mère-enfant que, dès les premières pages, le chemin de croix de Marie devient le calvaire du lecteur.


Litanie de clichés

Ainsi de la nuit où mère et fils font l'amour : « Il s'avança. Ce n'était plus mon fils que j'avais devant moi mais un homme dont le désir se dressait impérieux. (...) Il m'a fait l'amour maladroitement. Il a joui rapidement. (...) J'ai hurlé de désespoir et de plaisir quand il s'est répandu en moi. (...) Au matin, mon sexe était douloureux tandis que le sien se dressait avec orgueil. » Les amateurs de la collection Harlequin apprécieront.

Le lecteur parcourt ainsi un texte sans style, s'étonne des répétitions, s'agace des nombreux clichés, cherche à comprendre la psychologie des personnages aussi fine qu'une hostie et tombe en consternation face à un homme handicapé mental réduit à son sexe turgescent. Sur son chemin de croix, aucun personnage secondaire pour l'aider à se relever. Leur récit de l'histoire, racontée à plusieurs voix (le médecin, sa femme, le curé...), se résume à un rapport circonstancié des événements, créant une pénible sensation de répétition.

Quant au constat de Régine Deforges en fin d'ouvrage « Ce n'est pas avec ce petit livre que je vais aider à faire cesser cet état de choses. Peut-être, cela va-t-il les aggraver (...) », il sonne comme une prophétie. Valérie Di Chiappari
 
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