Article Liberté Politique du 31 Janv 2017 : http://www.libertepolitique.com/Con.../Le-triple-coup-de-maitre-de-Vladimir-Poutine
Titre de l'Article : Le triple coup de maître de Vladimir POUTINE
L’une des conséquences de l’intervention de Moscou en Syrie est l’ouverture à la marine russe d’un accès permanent à la Méditerranée. Le succès d’une telle politique dans laquelle les Tsar et l’URSS avaient échoué, nécessite la mise à disposition de points d’appui.
Celui de Syrie étant sécurisé et l’Egypte se rapprochant de plus en plus de la Russie, Vladimir Poutine regarde maintenant vers la Libye et le port en eau profonde de Tobrouk en Cyrénaïque. D’où son soutien au général Haftar.
Mais le président russe voit plus loin. En appuyant le Maroc dans la question du Sahara occidental, c’est désormais l’ouverture sur l’océan atlantique qu’il prépare. Une telle réussite laisse sans voix les « castrats » de Bruxelles et les « beaux merles » du Quai d’Orsay. Quant à l’Algérie, la voilà paralysée et mise hors-jeu en raison de son soutien-boulet au Polisario.
De la Crimée au Maroc, cette politique russe qui rebat les cartes de la géopolitique méditerranéenne, a été menée en sept étapes et en moins de trois ans.
Explications et développement :
Etape 1 : le rattachement de la Crimée à la Russie
Au mois de février 2014, en rendant à la Russie sa province de Crimée, Vladimir Poutine a posé les bases de la nouvelle politique méditerranéenne russe. Désarmés par leur inculture historique et par leurs errances idéologico-analytiques, les Européens n’ont pas saisi la véritable portée de cet évènement. Le retour de la Crimée à la Russie, condition de la sanctuarisation de la base navale de Sébastopol, était en effet le préalable à toute projection en Méditerranée.
Etape 2 : sauver la Syrie
Ses arrières en Crimée étant assurés, la Russie a engagé la phase 2 de son plan qui était la sécurisation de ses bases de Tartous et de la région de Lattaquié, ce qui passait par le sauvetage du régime de Damas.
Cet objectif fut atteint dès le mois d’octobre 2015.
Etape 3 : la réalpolitique avec la Turquie
L’erreur des pilotes turcs qui, le 27 novembre 2015, abattirent un avion russe, permit à Vladimir Poutine d’intimider à ce point le président Erdogan, que ce dernier comprit qu’il valait mieux s’entendre avec son puissant voisin plutôt que le provoquer. D’autant plus que ses alliés américains de l’OTAN soutenaient les séparatistes Kurdes et accordaient l’asile à son mortel ennemi, le chef du mouvement Gülen.
Résultat de ce quasi retournement d‘alliances, la nouvelle coopération d’intérêt entre Moscou et Ankara garantit la liberté de circulation des navires russes dans les Détroits. Tout en affaiblissant l’Otan.
Etape 4 : l’Egypte renverse ses alliances
Le nécessaire élargissement du périmètre de sécurité russe se fit ensuite vers l’Egypte à travers un spectaculaire rapprochement entre le général Sissi et le président Assad, devenu effectif au mois d’octobre 2016.
Il s’agit là d’une autre considérable réussite de la diplomatie russe et d’un bouleversement géopolitique dont la portée n’a pas été évaluée à sa juste mesure par les observateurs européens. L’Egypte qui dépend de l’aide économique de l’Arabie saoudite, ennemie acharnée d’une Syrie alliée de Moscou et de Téhéran, a en effet osé se dresser face à son donateur sur deux dossiers essentiels :
- Alors que les Saoud sont en guerre totale contre le président Assad, au Conseil de sécurité de l’ONU, l’Egypte a voté avec la Russie au sujet de la Syrie, s’attirant une l’amère remarque suivante de l’ambassadeur saoudien aux Nations Unies : « Il est pénible que les Sénégalais et les Malaisiens aient des positions plus proches du consensus arabe que celle du représentant arabe au Conseil de sécurité ».
- Cette position indépendante de l’Egypte venait après le refus du Caire d’envoyer des troupes combattre les Houtistes pro-iraniens du Yémen aux côtés des troupes saoudiennes.
Cette réorientation de la diplomatie égyptienne débouchera-t-elle sur une normalisation des relations égypto-iraniennes ? Les prochains mois nous le diront. Quoiqu’il en soit, comme au même moment Moscou tente de rapprocher les points de vue d’Ankara et de Téhéran, tous les équilibres régionaux pourraient être bientôt bouleversés.
Titre de l'Article : Le triple coup de maître de Vladimir POUTINE
L’une des conséquences de l’intervention de Moscou en Syrie est l’ouverture à la marine russe d’un accès permanent à la Méditerranée. Le succès d’une telle politique dans laquelle les Tsar et l’URSS avaient échoué, nécessite la mise à disposition de points d’appui.
Celui de Syrie étant sécurisé et l’Egypte se rapprochant de plus en plus de la Russie, Vladimir Poutine regarde maintenant vers la Libye et le port en eau profonde de Tobrouk en Cyrénaïque. D’où son soutien au général Haftar.
Mais le président russe voit plus loin. En appuyant le Maroc dans la question du Sahara occidental, c’est désormais l’ouverture sur l’océan atlantique qu’il prépare. Une telle réussite laisse sans voix les « castrats » de Bruxelles et les « beaux merles » du Quai d’Orsay. Quant à l’Algérie, la voilà paralysée et mise hors-jeu en raison de son soutien-boulet au Polisario.
De la Crimée au Maroc, cette politique russe qui rebat les cartes de la géopolitique méditerranéenne, a été menée en sept étapes et en moins de trois ans.
Explications et développement :
Etape 1 : le rattachement de la Crimée à la Russie
Au mois de février 2014, en rendant à la Russie sa province de Crimée, Vladimir Poutine a posé les bases de la nouvelle politique méditerranéenne russe. Désarmés par leur inculture historique et par leurs errances idéologico-analytiques, les Européens n’ont pas saisi la véritable portée de cet évènement. Le retour de la Crimée à la Russie, condition de la sanctuarisation de la base navale de Sébastopol, était en effet le préalable à toute projection en Méditerranée.
Etape 2 : sauver la Syrie
Ses arrières en Crimée étant assurés, la Russie a engagé la phase 2 de son plan qui était la sécurisation de ses bases de Tartous et de la région de Lattaquié, ce qui passait par le sauvetage du régime de Damas.
Cet objectif fut atteint dès le mois d’octobre 2015.
Etape 3 : la réalpolitique avec la Turquie
L’erreur des pilotes turcs qui, le 27 novembre 2015, abattirent un avion russe, permit à Vladimir Poutine d’intimider à ce point le président Erdogan, que ce dernier comprit qu’il valait mieux s’entendre avec son puissant voisin plutôt que le provoquer. D’autant plus que ses alliés américains de l’OTAN soutenaient les séparatistes Kurdes et accordaient l’asile à son mortel ennemi, le chef du mouvement Gülen.
Résultat de ce quasi retournement d‘alliances, la nouvelle coopération d’intérêt entre Moscou et Ankara garantit la liberté de circulation des navires russes dans les Détroits. Tout en affaiblissant l’Otan.
Etape 4 : l’Egypte renverse ses alliances
Le nécessaire élargissement du périmètre de sécurité russe se fit ensuite vers l’Egypte à travers un spectaculaire rapprochement entre le général Sissi et le président Assad, devenu effectif au mois d’octobre 2016.
Il s’agit là d’une autre considérable réussite de la diplomatie russe et d’un bouleversement géopolitique dont la portée n’a pas été évaluée à sa juste mesure par les observateurs européens. L’Egypte qui dépend de l’aide économique de l’Arabie saoudite, ennemie acharnée d’une Syrie alliée de Moscou et de Téhéran, a en effet osé se dresser face à son donateur sur deux dossiers essentiels :
- Alors que les Saoud sont en guerre totale contre le président Assad, au Conseil de sécurité de l’ONU, l’Egypte a voté avec la Russie au sujet de la Syrie, s’attirant une l’amère remarque suivante de l’ambassadeur saoudien aux Nations Unies : « Il est pénible que les Sénégalais et les Malaisiens aient des positions plus proches du consensus arabe que celle du représentant arabe au Conseil de sécurité ».
- Cette position indépendante de l’Egypte venait après le refus du Caire d’envoyer des troupes combattre les Houtistes pro-iraniens du Yémen aux côtés des troupes saoudiennes.
Cette réorientation de la diplomatie égyptienne débouchera-t-elle sur une normalisation des relations égypto-iraniennes ? Les prochains mois nous le diront. Quoiqu’il en soit, comme au même moment Moscou tente de rapprocher les points de vue d’Ankara et de Téhéran, tous les équilibres régionaux pourraient être bientôt bouleversés.