très véridique interview d'Abdeslam Ouaddou

La défaite du Maroc en Tanzanie dimanche 24 mars (1-3), en qualifications pour la Coupe du Monde 2014, n’a fait que confirmer l’évidence. Depuis plusieurs années, la sélection marocaine est en crise. Abdeslam Ouaddou, l’ancien défenseur des Lions de l’Atlas (68 sélections), dresse un bilan sans complaisance.
Jeune Afrique : Croyez-vous encore à une qualification du Maroc pour la prochaine Coupe du Monde ?
Abdeslam Ouaddou : Mathématiquement, c’est encore possible. Mais soyons objectif : les chances sont très réduites. Et je suis encore plus pessimiste quand je regarde le contenu proposé par la sélection. C’est très décevant. Il n’y a pas de vrai projet de jeu, cela manque d’agressivité et d’orientation tactique.
Rachid Taoussi doit-il continuer à entraîner les Lions ?
Ce n’est pas à moi de répondre, même si je sais qu’au Maroc, il y a des gens qui réclament sa démission. Et à la limite, le problème va au-delà de la personne du sélectionneur. Avant Taoussi, Eric Gérets non plus n’y arrivait pas. Le problème est beaucoup plus profond.
Admettez que ses choix sont déroutants. Ses listes changent sans arrêt, et pour le déplacement en Tanzanie, il avait fait majoritairement appel à des joueurs évoluant au Maroc…
(Il coupe) C’est un éternel problème. Quand un sélectionneur fait appel à des joueurs qui évoluent en Europe et que ça ne marche pas, les gens vont dire que ces derniers ne sont pas patriotes, qu’ils n’aiment pas la sélection, ce qui est faux. Alors, le sélectionneur va convoquer des locaux. Et quand ça ne fonctionne pas non plus, on demande un mélange entre « étrangers » et locaux… C’est sans fin.
Le Maroc ne fait plus partie des meilleurs. C’est devenu une équipe moyenne en Afrique.
Quelle est selon vous la meilleure solution à appliquer ?
Il faut revoir la politique de formation au Maroc. Combien de Marocains s’exilent en Europe, dans un bon championnat ? Très peu ! Je pense que des locaux sont les plus aptes à affronter la réalité du football africain, à aller défier les sélections du Sud du Sahara. Mais à condition qu’ils soient bien préparés. Cela n’exclut pas les étrangers. Mais porter le maillot de la sélection, cela se mérite. Et pour cela, il faut avoir du temps de jeu dans son club. Car on a souvent pu remarquer que ceux qui jouent en Europe ont parfois beaucoup de mal quand il s’agit d’aller jouer en Gambie ou au Malawi.
Où situez-vous la sélection marocaine sur l’échiquier africain ?
Il ne faut pas se mentir. Elle ne s’est plus qualifiée pour la Coupe du Monde depuis 1998, et depuis sa finale lors de la CAN 2004, elle n’a plus jamais franchi le premier tour ! Il faut arrêter de mentir au public sur la valeur de cette équipe. Le Maroc ne fait plus partie des meilleurs. C’est devenu une équipe moyenne en Afrique.
Le Maroc va organiser la CAN 2015, et votre constat n’est pas très optimiste…
Il faut pourtant être conscient de la réalité ! Tant qu’il n’y aura pas un travail en profondeur, qu’on changera sans arrêt l’équipe au premier mauvais résultat, le Maroc restera là où il est ! Il faut se mettre dans la tête qu’il faudra peut-être 5 ou 10 ans avant de retrouver une sélection compétitive. Mais il y a une CAN dans moins de deux ans, la pression sera énorme, et il faudra bien avoir une équipe capable de rivaliser avec les meilleurs…


Lire l'article sur Jeuneafrique.com : Abdeslam Ouaddou : "Il faut revoir la formation des footballeurs au Maroc"
 
je trouve que ce que dit Abdeslam est très vrai sur la situation du football marocain. Je rajouterai à cela que c'est un constat qu'on pourrait étendre au sport marocain de haut niveau en général. Il ya pourtant des structures sportives au Maroc comme les nouveaux stades, des gymnases sportifs, etc (comparé à bien d'autres pays), des conditions météorologiques souvent très favorables à la pratique sportive, enfin une population jeune importante donc on comprend pas la médiocrité voir nullité du sport de haut niveau.
Je pense qu'il y a un manque évident de cadres techniques de haut niveau pour former, conseiller les athlètes et côté athlètes marocains (locaux ou MRE d'ailleurs) un manque de travail, rigueur qui les barrent complètement au niveau international.
 
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