Moulay-Bouazza : un Saint-Berbère
Pour prélude, le chercheur avait mis l'accent sur la puissance du mouvement soufi né en Orient au IIème siècle de l'hégire, mouvement qui a connu une étonnante fortune en particulier au Maroc.
En effet, enchaîne l'auteur : «Ce courant de mysticismes, avait provoqué l'éclosion en terre marocain d'une floraison de grande saints dont la renommée a souvent bravé le temps».
A l'unanimité des auteurs et des historiens, Moulay Bouâzza, est parmi les grands mystiques favorisés par la lumière divine, pouvant lire dans «le grand livre du ciel».
Il était pourtant tout à fait illettré, d'autant plus qu'il est bien établi que sa langue maternelle était le berbère.
Ô Imazighen Ifou el hal
Abi Yaâza et-nour (lumière) était de haute taille, avait un teint brun cuivré ce qui le laissait souvent prendre pour un noir ou un esclave abyssin, cette particularité, note Loubignac, valait même quelques mésaventures aux pèlerins qui, pour le première fois en sa présence, ne parvenaient pas toujours à dissimuler leur surprise. Durant son long séjour à Demnate, Abi Yaâza avait reçu le nom de «Bouguertil» l'homme à la natte.
Après une telle épreuve, la providence l'a amené sur le littoral pour rencontrer son futur cheikh Abou Chouaïb Ayoub Ben Saïd Senhaji dit «Saria» pour ses longues prières au point de le confondre avec les piliers de la mosquée…
Il le suivra de longues années, avant de l'autoriser à choisir son propre camps.
D'après un conte populaire, Abi Yaâza avait opté de camper à «Taghya», aux environs de la petite localité de Ben-Ahmed (Mzab-Chaouia), mais le destin en a voulu autrement. Il sera alors amené à parcourir plusieurs kilomètres avant d'atteindre une autre «Taghya» qui semble signifier «endroit escarpé et boisé, repaire».
En effet, la région préatlassique, d'altitude fort moyenne, entre Oued Grou et Ksiksou, présentait un relief tourmenté, accentué par l'existence d'épaisses forêts, refuges sûrs des fauves et des lions. Et c'est dans cet environnement qu'Abi Yaaza va acquérir sa réputation de merveille de l'époque, du pôle de son siècle, et le plus grand saint de son temps.
Lui-même disait : «J'ai servi quarante walis au nom de Dieu, certains ont pris le large, d'autres sont demeurés parmi la foule jusqu'à leur mort…».
Abous Mediane Chouaïb Al Ansari, qui lui avait rendu visite, avait été choqué par son accueil car ce n'est qu'après trois jours, qu'il l'avait invité à s'entretenir avec lui. Abou Mediane dont le sanctuaire se trouve dans les environs de Tlemcen raconte : «Ce n'est qu'au bout du troisième jour qu'il m'avait dit : «Achk Arguaz el andalous…». ce qui signifie approche homme andalou.
Abi Yaaza lui avait d'ailleurs prédit un avenir brillant.
L'entourage remarquait à maintes reprises qu'Abi-Yaâza, tout en étant dans l'enceinte de la mosquée, leur annonçait avec exactitude l'apparition de l'aube «Ifou el hal, Ifou el-hal» pour se préparer à la prière.
Pour invoquer la pluie, il enlevait sa «chichia» et se mettait à pleurer en disant: Ô Imazighen. (Ô Imazighen: Ô Berbères, Ô berbères…)
Les plus grands souverains comme les plus humbles gens ont longtemps marqué, une vénération particulière pour Abi Yaaza, connu par ailleurs pour son hospittalité légendaire.
Edification du sanctuaire