W(e) talk, des réussites de femmes plurielles à l'honneur

W(e) Talk, des réussites de femmes plurielles à l'honneur

L’action au féminin pluriel était célébrée samedi 7 juin en plein cœur de Paris. Pour sa première édition, l’événement W(e) Talk !, destiné à mettre en lumière huit femmes aux parcours singuliers, a tenu toutes ses promesses. Émotions, humour et zénitude ont rythmé une après-midi à la source d’intenses réflexions.

On ressort boosté à bloc de la Cartonnerie, samedi 7 juin. Ce lieu niché en plein cœur du XIe arrondissement de Paris accueillait la première édition du W(e) Talk ! financée grâce aux dons récoltés via une plateforme de financement participatif (crowfunding).

« Célébrons l’action au féminin pluriel ! » était le but affiché de cet événement. Dans cette optique, Esra Tat, Jehan Lazrak-Toub, Nathalie Lafrie et Alix Heuer, les quatre femmes à l’origine de la rencontre, avaient choisi de faire présenter au public huit femmes aux parcours d’exception. Constatant l’absence de pluralité dans les rôles de modèles féminins en France, leur choix se sont portés sur des femmes ayant dépassé des barrières matérielles, sociales ou psychologiques. « Nous proposons ainsi de mettre en avant celles que nous n’avons pas l’habitude de voir sur scène, celles que l’on n’attend pas là où elles sont, celles qui n’ont pas ‘la gueule de l’emploi’ », écrivaient-elles en amont du rendez-vous.

A leurs côtés, huit autres femmes faisaient office d’ambassadrices : les journalistes Samira Ibrahim, Nadia Henni-Moulaï,Anasthasie Tudieshe et Sophie Caillat, la politologue Virginie Martin, la doctorante en sciences sociales Hanane Karimi, la productrice Laurence Lascary et Athina Marmorat, directrice de l’association Rêv’Elles qui propose un parcours d'aide à l'orientation à des jeunes filles issues des quartiers populaires. Chaque ambassadrice avait l’honneur d’introduire l’une des femmes devant un public composé d'une soixantaine de personnes.

« Inch'Allah, Fatou première femme dans l’espace »
A notre arrivée à 16h, 1h30 après le début de l’événement, deux femmes ont déjà pu livrer leur témoignage. Béatrice Barbusse, diplômée de l’école normale supérieure (ENS), a ainsi raconté comme elle devint la première femme présidente d’un club de sport collectif masculin en dirigeant l’US Ivry Handball, tandis qu'Elisa Rojas, avocate handicapée, a pu démontrer que toutes les barrières peuvent être relevées.

Un interlude propice à la détente s'ensuit. Une animatrice de sophrologie apprend au public à se relâcher par la respiration. Puis le rythme de présentation des témoignages reprend. Virginie Martin, présidente du Think Thank Different, se lève pour annoncer l’intervention de Fatoumata Kebe, doctorante en astronomie.

A 18 ans, Bac S en poche, la jeune femme, depuis toujours passionnée d’astronomie, un monde qu’elle tâte grâce aux livres et à la télé, raconte s’être tournée vers des études scientifiques. Mais à la faculté, ses lacunes dues à un cursus dans un lycée d’un quartier populaire font qu’elle doit « compenser (son) retard ». Elle est de plus forcée à prendre un job d’étudiant. Elle a dû s’accrocher avant d'intégrer l'Observatoire de Paris, le plus grand pôle national de recherche en astronomie. Mais, pleine de fraîcheur, la jeune femme raconte son parcours avec un humour déconcertant.

Des rires éclatent tout au long de son récit. Son travail sur les débris spatiaux, elle le compare à celui d’une femme de ménage comme l'était sa mère « au sol » tandis que Fatoumata le fait... en « haut », dans le ciel. « Croyez-en vous », lance la jeune femme avant de conclure sous les applaudissements : « Inch'Allah, Fatou, première femme sur la Lune ».

Après son témoignage hilarant, Hanane Karimi a présenté le parcours de Ghislaine Durand. Absente à cause d’une chute, cette dernière a tenu à rédiger un texte lu par la sociologue très émue. Elle y décrit les mots blessants dont elle a été victime, lors d'une rentrée scolaire, enfant, lorsqu’elle fut traitée de « sauvageonne » par la directrice de l’école. « Je crois que c’est à cause de cette femme que je deviens professeur », écrit-elle. La romanichelle décrit son ascension sociale comme « un acte politique ».

Même si les « déterminismes sociaux » sont déterminants dans les « parcours généraux », il y a « toujours des cas particuliers », note Hanane Karimi à Saphirnews. A ses yeux, un événement comme W(e) Talk ! qui met en avant des parcours ayant surmonté des freins sociaux permet d’aider d’autres à y faire face, juge la sociologue, qui se dit « optimiste » pour le futur.

« Soyez des erreurs sociologiques »
Karima Mondon, autre femme conviée à se raconter, invite d’ailleurs les personnes présentes dans l'assemblée à être des « erreurs sociologues ». Pour elle aussi, l’affaire n’était pas gagnée d’avance - sociologiquement parlant - étant d’origine algérienne et issue d’une famille monoparentale et nombreuse qui fut bien vite dénigrée à l’école.

Mais la surdouée – avant même d’entrer au CP, elle savait déjà lire – pu compter sur ses « amis morts », les livres, pour s’évader et comprendre que l’essentiel était dans le cœur plus que dans les apparences. Cela était d’autant plus parlant pour la jeune fille dont la maman est aveugle. « J’ai forcé les gens à se décentrer pour me voir », dit Karima. Elle, qui a « rencontré Dieu » et qui a choisi d’arborer un voile, trouve sa maxime favorite dans le verset coranique« Y a-t-il d’autre récompense pour le bien que le bien lui-même ? » (sourate 55, Le Tout Miséricordieux). « Si ce que je fais est déjà bien, cela me suffit », déclare la professeur de lettres et d’histoire dont les compétences l’ont amené à devenir conseillère pour le recteur de l’Académie de Guyane.

Pour toutes ces femmes, la réussite, n'est d'ailleurs pas affaire d'argent mais concrétisation de soi. « Ne pas faire siennes les limitations des autres », le thème choisi pour cette 1ère édition de W(e) Talk, prend tout son sens. Chez Aya Cissoko, ce surpassement s’est opéré lorsqu’elle a fait le choix de faire de la boxe. Très douée mais, parce que femme, on « dénigre ses performances ». Elle, qui a subi, le pire en perdant son père et sa petite sœur dans un incendie criminel, puis son petit frère, prend la boxe comme un exutoire et « tient tête ». Elle réalise le grand chelem en devenant tour à tour championne de France, d’Europe et du monde, du jamais vu dans sa discipline. Mais « si un homme, l’avait fait, on en parlerait encore », remarque-t-elle.

Interdite de ring après un grave accident, diplômée de Sciences po, elle se reconvertit en écrivaine, avec le roman Danbépour lequel elle obtient le Grand prix de l’héroïne Madame Figaro en 2011. De son parcours, « jalonné d’épreuves », elle en ressort que les femmes doivent « se serrer les coudes ». « Coachons-nous les uns les autres », disait plus tôt la journaliste Sophie Caillat.

Larmes et solidarité
Du côté des entrepreneures, deux femmes inspirantes étaient mises à l’honneur. Après un échec entrepreneurial, Annie Chaperon, en larmes à l’évocation de son passé, a voulu montrer qu’il était toujours possible de rebondir. « Vous êtes capables de choses extraordinaires », lance la femme qui conseille aujourd’hui les TPE-PME.

Une PME, Fatima Abidallah-Chaabi en a créé une. Elle est à la tête de Podomar, une entreprise de fabrication de chaussures orthopédiques. Sa soif d’entreprendre ne pouvait pas être freinée, elle qui a vu son père analphabète créer son propre commerce. Comme « une revanche » sur la vie, Fatima qui s’était vue refuser l’accès à son lycée car « elle avait quelque chose sur la tête » prend pour première salariée une femme voilée.
Au terme de tous ces témoignages entrecoupés une seconde fois par un moment de relaxation, l’émotion est palpable chez les ambassadrices réunies sur scène. Bousculée par ces récits, Samira Ibrahim fond en larmes. Laurence Lascary l’imite. Le public - essentiellement féminin - n’a pas manqué aussi d’être chamboulé. Sur des cartes, chacun était invité à noter les réflexions personnelles que lui apportait cette demi-journée en complétant la phrase : « Aujourd’hui, je réalise que…. ». « Tout est possible », « Etre une femme, c’est formidable » ou encore « Demain, je démissionne », pouvait-on lire dans les messages étendus dans la cour de l’ancien atelier.

Samedi, le message porté était « universel », résume Amadou Ka, président des Indivisibles, présent à l’événement que l’association antiraciste soutient.

Sur scène et dans le public, la communion de ces femmes plurielles fait plaisir à voir. Pari réussi pour W(e) Talk !

http://www.saphirnews.com/W-e-Talk-des-reussites-de-femmes-plurielles-a-l-honneur_a19012.html
 

Jelis

VIB
Salam,

Cette initiative a le mérite de donner de la visibilité mais surtout politiser des parcours atypiques.

Karima Mondon est bien inspirée d'exhorter ses semblables à être des "erreurs sociologiques", une manière de bousculer ces limitations des autres que les enfants d'immigré-e-s et plus largement les enfants issus de milieux modestes ont intériorisé à outrance jusqu'à borner leur champ des possibles déjà restreint par le déterminisme social mais aussi et surtout par des mécanismes de discrimination structurels et institutionnels.

Et c'est sur ce dernier point qu'il faut à mon avis prendre du recul vis-à-vis de l'exposition des "modèles de réussite".

D'abord parce que la notion de réussite est tout à fait plastique et éminemment idéologique. Idéologique, car lorsqu'elle est récompensée (en statuts, postes ou honneurs) par l'institution elle sanctionne le mérite , c'est-à-dire la servilité à des standards de réussite fixés depuis l'institution elle-même et dans ce cadre on voit mal en quoi il pourrait être question de réalisation, de libération de soi et a fortiori de pouvoir aussi bien à l'échelle individuelle que communautaire. Cette remarque est aussi valable dans l'entreprise, où les modalités de promotion sont étroitement liées à la notion de performance (qui n'est pas un problème en soi, mais là aussi, dont les présupposés sont idéologiquement déterminés par une politique managériale et entrepreneuriale axée sur le productivisme).

La soumission, consciente ou inconsciente à ces critères, est une des grandes forces du statu-quo racialo-économique car elle auto-réalise une sélection chez ceux-là même qu'il discrimine. Le système raciste-sexiste-capitaliste dit: "Voyez, vous pouvez trouver votre place", il trouve dans nos trajectoires l'illustration de ses promesses, le parfait alibi à sa domination et peut se vendre au plus grand nombre non pas comme la cause de ces discriminations mais la solution républicaine ou corporate à celles-ci. En plus d'être un puissant vecteur de destruction culturelle (surtout dans l'immigration africaine, où l'individualisme était une valeur exogène) cette distinction entre discriminé-e-s bât en brèche les tentatives de solidarisation entre hommes et femmes discriminé-e-s.

Pour être authentiquement anti-sexiste et populaire peut-être que cette manifestation aurait justement dû inclure des itinéraires masculins issus de l'immigration et exclure les soutiens féminins blancs et libéraux tels que celui de Virginie Martin, politologue inconséquente et proche du non moins inconséquent Dominique Reynié, deux stéréotypes de Science-Po archi médiatiques.

En espérant avoir évité une fastidieuse réponse.
 

Jelis

VIB
Voici un texte que j'avais cosigné et diffusé il y a quelques années à la suite d'un arrêté ministériel relatif à l'exemplarité en question, il s'agissait alors de rétribuer financièrement les dits modèles:

"Nous ne sommes pas des modèles d'intégration"

Le ministère de l’Immigration, de l’Intégration et de l’Identité nationale vient tout juste de créer, par arrêté, un « prix de l’intégration » (3 000 euros de « gratification financière ») en vue de le décerner à ceux « ayant accompli un parcours personnel d’intégration ayant une valeur d’exemplarité de par son implication dans la vie économique, sociale, associative, civique, environnementale, culturelle ou sportive » (Arr. 16 juin 2008, JO, 26 juin). Nous refusons, par avance, ce type de distinction qui n’est pas sans rappeler la figure coloniale de « l’évolué », chargé d’assurer la médiation entre les « civilisateurs » et la masse indigène à « civiliser ». Le fait même que ce prix soit attribué « sans condition de candidature » montre bien qu’il s’agit là d’un rôle qu’on nous fait tenir à notre corps défendant.

Nous, issu-e-s de l’immigration postcoloniale, des quartiers dits « sensibles », descendant-e-s d’esclaves, refusons que soient instrumentalisés nos parcours personnels, nos réussites scolaires, sociales ou professionnelles, ou encore notre maîtrise de la langue française et de la culture « légitime », en vue de mieux stigmatiser ceux des nôtres qui ont pris d’autres chemins relevant moins de « la bonne intégration ».

Nous, les « miraculé-e-s », ne voulons pas cautionner le « modèle français d’intégration » fondé sur un illusoire « quand on veut, on peut » : notre propre expérience, comme celle de nos proches, nous montre que nombreux sont les nôtres qui veulent, et ne font pas que vouloir, qui font (et plutôt deux fois plus que les autres) mais ne peuvent pas abattre seuls le mur d’une discrimination systémique (à l’emploi, au logement, etc.) et n’ont peut-être pas eu, comme nous, la chance de pouvoir profiter d’une des rares brèches de ce mur. Par ailleurs, notre réussite ne tombe pas sous le sens, elle n’est que tolérée. Cette réussite est soumise, plus que pour d’autres, à l’excellence : nos parcours, et ceux des nôtres, nous montrent combien nous n’avons pas le droit à l’erreur, et il suffit du moindre écart, de la moindre faute, pour nous voir ramené-e-s à « nos origines ». Et lorsqu’une « anomalie » entache le parcours d’un des nôtres, elle n’est pas jugée comme purement individuelle, comme pour d’autres, mais sert, trop souvent, à jeter le discrédit sur toute une communauté (ethnique ou religieuse).

A contrario, nous refusons de servir de modèle ou de norme. Nous, non-croyant-e-s, peu ou pas pratiquant-e-s, pratiquantes non-voilées, refusons le rôle que l’on veut nous faire endosser de bon-ne-s Arabes, de bon-ne-s musulman-e-s ou de bon-ne-s Noir-e-s, et de servir de caution à la disqualification des « autres » désigné-e-s comme archaïques, traditionnel-le-s, rétrogrades, identitaires ou communautaires. Nous refusons que cela se fasse en notre nom.

Nous affirmons que le choix de porter le foulard n’est ni plus ni moins respectable que celui de ne pas le porter. Il en va de même pour ce qui est de manger du porc ou de ne pas en manger, et un mariage mixte n’est, à nos yeux, ni plus ni moins moderne ou progressiste qu’un mariage « entre pairs ». Nos modes de vie sont le fruit de nos choix, de déterminismes sociaux et/ou de hasards. Ces options sont les nôtres et en aucun cas des modèles généralisables et imposables à tou-te-s, sous peine de stigmatisation. Contre ceux qui cherchent à nous diviser, nous nous solidarisons avec nos frères et nos sœurs, ami-e-s ou voisin-e-s qui assument d’autres choix que les nôtres.

Nous ne sommes pas à vendre. Et s’il existe un prix à payer afin d’obtenir notre respect, il ne s’agit ni de ces 3 000 euros ni de médailles en chocolat, mais, notamment, de la mise en place d’une véritable politique publique (assortie de moyens conséquents) contre les discriminations qui existent massivement, que ce soit à l’embauche, au logement, dans l’accès aux loisirs, dans les médias, dans la représentation politique, dans les pratiques policières ou judiciaires. Le prix de notre respect inclut également, et entre autres, la dissolution du ministère de l’Identité nationale, l’abrogation de la loi du 15 mars 2004 dite « anti-foulard », l’abrogation totale de la double peine, la reconnaissance du passé colonial, l’arrêt des incessantes campagnes racistes et islamophobes ainsi que la régularisation de tou-te-s les sans-papiers.

À ceux qui estiment que c’est trop cher payé, nous répondons que ce prix n’est que celui qu’attend n’importe quel citoyen ordinaire pour pouvoir se reconnaître dans une République qui prétend avoir pour fondement la liberté, l’égalité et la fraternité, et nous les prions de s’interroger, de leur côté, sur le prix qu’ils nous demandent, à nous, de payer (la rupture avec les nôtres et la collaboration avec le statu quo inégalitaire) pour avoir droit à la reconnaissance sociale.
 

Hibou57

Comme-même (tm)
VIB
La soumission, consciente ou inconsciente à ces critères, est une des grandes forces du statu-quo racialo-économique car elle auto-réalise une sélection chez ceux-là même qu'il discrimine. Le système raciste-sexiste-capitaliste dit: "Voyez, vous pouvez trouver votre place", il trouve dans nos trajectoires l'illustration de ses promesses, le parfait alibi à sa domination
Qu’est‑ce que le capitalisme vient faire ici ? Il est la cause du phénomène ? Pour rappel, le capitalisme est une notion économique. Voir : Capitalisme (cnrtl.fr).

Pour être authentiquement anti-sexiste et populaire peut-être que cette manifestation aurait justement dû inclure des itinéraires masculins issus de l'immigration et exclure les soutiens féminins blancs et libéraux
Qu’est‑ce que le libéralisme vient faire ici ? Il est la cause du phénomène ? (là c’est carrément big lol). Pour rappel, le libéralisme en politique est une notion qui s’interroge sur le positionnement d’un curseur se déplaçant entre responsabilité individuelle et responsabilité de l’état, et le libéralisme au sens général, se rapporte aux libertés individuelles. Voir : Libéralisme (cnrtl.fr).

Cette initiative a le mérite de donner de la visibilité mais surtout politiser des parcours atypiques.
Ta réponse aussi, semble politisée. C’est dommage, parce que sans ça, il aurait été chouette ce message sur la suggestion de la soumission volontaire (une des plus vicieuses).
 

Hibou57

Comme-même (tm)
VIB
[…] un illusoire « quand on veut, on peut » : notre propre expérience, comme celle de nos proches, nous montre que nombreux sont les nôtres qui veulent, et ne font pas que vouloir, qui font (et plutôt deux fois plus que les autres) mais ne peuvent pas abattre seuls le mur d’une discrimination systémique (à l’emploi, au logement, etc.) et n’ont peut-être pas eu, comme nous, la chance de pouvoir profiter d’une des rares brèches de ce mur. Par ailleurs, notre réussite ne tombe pas sous le sens, elle n’est que tolérée. Cette réussite est soumise, plus que pour d’autres, à l’excellence : nos parcours, et ceux des nôtres, nous montrent combien nous n’avons pas le droit à l’erreur, et il suffit du moindre écart, de la moindre faute, pour nous voir ramené-e-s à […]
D’ailleurs ça ne s’applique pas qu’aux religions ou aux ethnies, ça s’applique à toutes les discriminations, même celles que subissent les « minorités invisibles ». -- édit -- d’ailleurs à ce sujet : Des « minorités visibles » aux néostéréotypes (revues.org). -- fin édit --

À ceux qui estiment que c’est trop cher payé, nous répondons que ce prix n’est que celui qu’attend n’importe quel citoyen ordinaire pour pouvoir se reconnaître dans une République qui prétend avoir pour fondement la liberté, l’égalité et la fraternité, […]
Exactly :cool:
 

UNIVERSAL

---lcdcjve---
VIB
W(e) Talk, des réussites de femmes plurielles à l'honneur

L’action au féminin pluriel était célébrée samedi 7 juin en plein cœur de Paris. Pour sa première édition, l’événement W(e) Talk !, destiné à mettre en lumière huit femmes aux parcours singuliers, a tenu toutes ses promesses. Émotions, humour et zénitude ont rythmé une après-midi à la source d’intenses réflexions.

On ressort boosté à bloc de la Cartonnerie, samedi 7 juin. Ce lieu niché en plein cœur du XIe arrondissement de Paris accueillait la première édition du W(e) Talk ! financée grâce aux dons récoltés via une plateforme de financement participatif (crowfunding).

« Célébrons l’action au féminin pluriel ! » était le but affiché de cet événement. Dans cette optique, Esra Tat, Jehan Lazrak-Toub, Nathalie Lafrie et Alix Heuer, les quatre femmes à l’origine de la rencontre, avaient choisi de faire présenter au public huit femmes aux parcours d’exception. Constatant l’absence de pluralité dans les rôles de modèles féminins en France, leur choix se sont portés sur des femmes ayant dépassé des barrières matérielles, sociales ou psychologiques. « Nous proposons ainsi de mettre en avant celles que nous n’avons pas l’habitude de voir sur scène, celles que l’on n’attend pas là où elles sont, celles qui n’ont pas ‘la gueule de l’emploi’ », écrivaient-elles en amont du rendez-vous.

A leurs côtés, huit autres femmes faisaient office d’ambassadrices : les journalistes Samira Ibrahim, Nadia Henni-Moulaï,Anasthasie Tudieshe et Sophie Caillat, la politologue Virginie Martin, la doctorante en sciences sociales Hanane Karimi, la productrice Laurence Lascary et Athina Marmorat, directrice de l’association Rêv’Elles qui propose un parcours d'aide à l'orientation à des jeunes filles issues des quartiers populaires. Chaque ambassadrice avait l’honneur d’introduire l’une des femmes devant un public composé d'une soixantaine de personnes.

« Inch'Allah, Fatou première femme dans l’espace »
A notre arrivée à 16h, 1h30 après le début de l’événement, deux femmes ont déjà pu livrer leur témoignage. Béatrice Barbusse, diplômée de l’école normale supérieure (ENS), a ainsi raconté comme elle devint la première femme présidente d’un club de sport collectif masculin en dirigeant l’US Ivry Handball, tandis qu'Elisa Rojas, avocate handicapée, a pu démontrer que toutes les barrières peuvent être relevées.

Un interlude propice à la détente s'ensuit. Une animatrice de sophrologie apprend au public à se relâcher par la respiration. Puis le rythme de présentation des témoignages reprend. Virginie Martin, présidente du Think Thank Different, se lève pour annoncer l’intervention de Fatoumata Kebe, doctorante en astronomie.

A 18 ans, Bac S en poche, la jeune femme, depuis toujours passionnée d’astronomie, un monde qu’elle tâte grâce aux livres et à la télé, raconte s’être tournée vers des études scientifiques. Mais à la faculté, ses lacunes dues à un cursus dans un lycée d’un quartier populaire font qu’elle doit « compenser (son) retard ». Elle est de plus forcée à prendre un job d’étudiant. Elle a dû s’accrocher avant d'intégrer l'Observatoire de Paris, le plus grand pôle national de recherche en astronomie. Mais, pleine de fraîcheur, la jeune femme raconte son parcours avec un humour déconcertant.

Des rires éclatent tout au long de son récit. Son travail sur les débris spatiaux, elle le compare à celui d’une femme de ménage comme l'était sa mère « au sol » tandis que Fatoumata le fait... en « haut », dans le ciel. « Croyez-en vous », lance la jeune femme avant de conclure sous les applaudissements : « Inch'Allah, Fatou, première femme sur la Lune ».

Après son témoignage hilarant, Hanane Karimi a présenté le parcours de Ghislaine Durand. Absente à cause d’une chute, cette dernière a tenu à rédiger un texte lu par la sociologue très émue. Elle y décrit les mots blessants dont elle a été victime, lors d'une rentrée scolaire, enfant, lorsqu’elle fut traitée de « sauvageonne » par la directrice de l’école. « Je crois que c’est à cause de cette femme que je deviens professeur », écrit-elle. La romanichelle décrit son ascension sociale comme « un acte politique ».

Même si les « déterminismes sociaux » sont déterminants dans les « parcours généraux », il y a « toujours des cas particuliers », note Hanane Karimi à Saphirnews. A ses yeux, un événement comme W(e) Talk ! qui met en avant des parcours ayant surmonté des freins sociaux permet d’aider d’autres à y faire face, juge la sociologue, qui se dit « optimiste » pour le futur.

« Soyez des erreurs sociologiques »
Karima Mondon, autre femme conviée à se raconter, invite d’ailleurs les personnes présentes dans l'assemblée à être des « erreurs sociologues ». Pour elle aussi, l’affaire n’était pas gagnée d’avance - sociologiquement parlant - étant d’origine algérienne et issue d’une famille monoparentale et nombreuse qui fut bien vite dénigrée à l’école.

Mais la surdouée – avant même d’entrer au CP, elle savait déjà lire – pu compter sur ses « amis morts », les livres, pour s’évader et comprendre que l’essentiel était dans le cœur plus que dans les apparences. Cela était d’autant plus parlant pour la jeune fille dont la maman est aveugle. « J’ai forcé les gens à se décentrer pour me voir », dit Karima. Elle, qui a « rencontré Dieu » et qui a choisi d’arborer un voile, trouve sa maxime favorite dans le verset coranique« Y a-t-il d’autre récompense pour le bien que le bien lui-même ? » (sourate 55, Le Tout Miséricordieux). « Si ce que je fais est déjà bien, cela me suffit », déclare la professeur de lettres et d’histoire dont les compétences l’ont amené à devenir conseillère pour le recteur de l’Académie de Guyane.

Pour toutes ces femmes, la réussite, n'est d'ailleurs pas affaire d'argent mais concrétisation de soi. « Ne pas faire siennes les limitations des autres », le thème choisi pour cette 1ère édition de W(e) Talk, prend tout son sens. Chez Aya Cissoko, ce surpassement s’est opéré lorsqu’elle a fait le choix de faire de la boxe. Très douée mais, parce que femme, on « dénigre ses performances ». Elle, qui a subi, le pire en perdant son père et sa petite sœur dans un incendie criminel, puis son petit frère, prend la boxe comme un exutoire et « tient tête ». Elle réalise le grand chelem en devenant tour à tour championne de France, d’Europe et du monde, du jamais vu dans sa discipline. Mais « si un homme, l’avait fait, on en parlerait encore », remarque-t-elle.

Interdite de ring après un grave accident, diplômée de Sciences po, elle se reconvertit en écrivaine, avec le roman Danbépour lequel elle obtient le Grand prix de l’héroïne Madame Figaro en 2011. De son parcours, « jalonné d’épreuves », elle en ressort que les femmes doivent « se serrer les coudes ». « Coachons-nous les uns les autres », disait plus tôt la journaliste Sophie Caillat.

Larmes et solidarité
Du côté des entrepreneures, deux femmes inspirantes étaient mises à l’honneur. Après un échec entrepreneurial, Annie Chaperon, en larmes à l’évocation de son passé, a voulu montrer qu’il était toujours possible de rebondir. « Vous êtes capables de choses extraordinaires », lance la femme qui conseille aujourd’hui les TPE-PME.

Une PME, Fatima Abidallah-Chaabi en a créé une. Elle est à la tête de Podomar, une entreprise de fabrication de chaussures orthopédiques. Sa soif d’entreprendre ne pouvait pas être freinée, elle qui a vu son père analphabète créer son propre commerce. Comme « une revanche » sur la vie, Fatima qui s’était vue refuser l’accès à son lycée car « elle avait quelque chose sur la tête » prend pour première salariée une femme voilée.
Au terme de tous ces témoignages entrecoupés une seconde fois par un moment de relaxation, l’émotion est palpable chez les ambassadrices réunies sur scène. Bousculée par ces récits, Samira Ibrahim fond en larmes. Laurence Lascary l’imite. Le public - essentiellement féminin - n’a pas manqué aussi d’être chamboulé. Sur des cartes, chacun était invité à noter les réflexions personnelles que lui apportait cette demi-journée en complétant la phrase : « Aujourd’hui, je réalise que…. ». « Tout est possible », « Etre une femme, c’est formidable » ou encore « Demain, je démissionne », pouvait-on lire dans les messages étendus dans la cour de l’ancien atelier.

Samedi, le message porté était « universel », résume Amadou Ka, président des Indivisibles, présent à l’événement que l’association antiraciste soutient.

Sur scène et dans le public, la communion de ces femmes plurielles fait plaisir à voir. Pari réussi pour W(e) Talk !

http://www.saphirnews.com/W-e-Talk-des-reussites-de-femmes-plurielles-a-l-honneur_a19012.html
Salam naylaa,
Ma maman pour m'avoir conçu :love:
 
Salam,

Cette initiative a le mérite de donner de la visibilité mais surtout politiser des parcours atypiques.

Karima Mondon est bien inspirée d'exhorter ses semblables à être des "erreurs sociologiques", une manière de bousculer ces limitations des autres que les enfants d'immigré-e-s et plus largement les enfants issus de milieux modestes ont intériorisé à outrance jusqu'à borner leur champ des possibles déjà restreint par le déterminisme social mais aussi et surtout par des mécanismes de discrimination structurels et institutionnels.

Et c'est sur ce dernier point qu'il faut à mon avis prendre du recul vis-à-vis de l'exposition des "modèles de réussite".

D'abord parce que la notion de réussite est tout à fait plastique et éminemment idéologique. Idéologique, car lorsqu'elle est récompensée (en statuts, postes ou honneurs) par l'institution elle sanctionne le mérite , c'est-à-dire la servilité à des standards de réussite fixés depuis l'institution elle-même et dans ce cadre on voit mal en quoi il pourrait être question de réalisation, de libération de soi et a fortiori de pouvoir aussi bien à l'échelle individuelle que communautaire. Cette remarque est aussi valable dans l'entreprise, où les modalités de promotion sont étroitement liées à la notion de performance (qui n'est pas un problème en soi, mais là aussi, dont les présupposés sont idéologiquement déterminés par une politique managériale et entrepreneuriale axée sur le productivisme).

La soumission, consciente ou inconsciente à ces critères, est une des grandes forces du statu-quo racialo-économique car elle auto-réalise une sélection chez ceux-là même qu'il discrimine. Le système raciste-sexiste-capitaliste dit: "Voyez, vous pouvez trouver votre place", il trouve dans nos trajectoires l'illustration de ses promesses, le parfait alibi à sa domination et peut se vendre au plus grand nombre non pas comme la cause de ces discriminations mais la solution républicaine ou corporate à celles-ci. En plus d'être un puissant vecteur de destruction culturelle (surtout dans l'immigration africaine, où l'individualisme était une valeur exogène) cette distinction entre discriminé-e-s bât en brèche les tentatives de solidarisation entre hommes et femmes discriminé-e-s.

Pour être authentiquement anti-sexiste et populaire peut-être que cette manifestation aurait justement dû inclure des itinéraires masculins issus de l'immigration et exclure les soutiens féminins blancs et libéraux tels que celui de Virginie Martin, politologue inconséquente et proche du non moins inconséquent Dominique Reynié, deux stéréotypes de Science-Po archi médiatiques.

En espérant avoir évité une fastidieuse réponse.
Rien de fastidieux, au contraire, tu as exprimé en partie mon ressenti à la lecture de l'article.
Je précise toutefois que lorsque j'évoque le féminisme, je ne m'inscris jamais dans
une logique de confrontation, de "guerre des genres".
Seulement, et le Coran le met plus d'une fois en exergue, les petites filles et les femmes sont bien souvent dénigrées (pas uniquement par les hommes d'ailleurs ), elles ont besoin d'une attention particulière.
Autant il y aurait des femmes à exclure, autant la présences d'hommes peut effectivement valoriser ces actions, eux aussi peuvent vivre des situations stigmatisantes (exemple typique du Maghrébin considéré comme génétiquement sauvage, voleur ect).

-->Se méfier des idéologies véhiculées, des financements.
Prendre ce qui correspond à notre éthique et rejeter le reste.
 

Jelis

VIB
Rien de fastidieux, au contraire, tu as exprimé en partie mon ressenti à la lecture de l'article.
Je précise toutefois que lorsque j'évoque le féminisme, je ne m'inscris jamais dans
une logique de confrontation, de "guerre des genres".
Seulement, et le Coran le met plus d'une fois en exergue, les petites filles et les femmes sont bien souvent dénigrées (pas uniquement par les hommes d'ailleurs ), elles ont besoin d'une attention particulière.
Autant il y aurait des femmes à exclure, autant la présences d'hommes peut effectivement valoriser ces actions, eux aussi peuvent vivre des situations stigmatisantes (exemple typique du Maghrébin considéré comme génétiquement sauvage, voleur ect).

-->Se méfier des idéologies véhiculées, des financements.
Prendre ce qui correspond à notre éthique et rejeter le reste.

Salam,

Il va de soi qu'il n'était pas question de discuter la nécessité d'actions féminines non mixtes, j'en suis partisan, aussi bien sur le plan racial et religieux que patriarcal car l'autonomie (et tu as raison, une lutte n'est pas synonyme de confrontation même si sa dynamique peut l'exiger circonstanciellement) aussi bien sur le plan financier qu'organisationnel me paraît être un préalable dans l'élaboration d'une stratégie politique efficace. C'est une option radicale mais l'histoire des luttes sociales nous instruit d'un adage de bon sens: "on n'est jamais mieux servi que par soi-même" . Pas de débat sur les spécificités de l'oppression des hommes sur les femmes et donc de la lutte contre celle-ci.

En revanche, je crois que les femmes de l'immigration sont dans une position très intéressante pour ne pas dire historiquement déterminante dans la redéfinition de cette lutte, au carrefour des combats antiraciste et féministe. Les impérialismes vacillants, elles peuvent et doivent incarner un renouveau de la pensée féminine/iste émancipé des préconçus intellectuels et culturels européens, non pas dans une opposition systématique aux femmes qui les portent et les défendent mais autant que faire se peut dans une logique de dialogue et d'évolution dialectique du débat public.

Je pense même que les femmes de l'immigration sont, politiquement, à la fois la solution au problème de la discrimination des hommes musulmans/arabes/noirs (si elles se solidarisent de ces derniers et refusent l'instrumentalisation dont ils sont l'objet, sans pour autant accepter un sexisme endogène) et le remède au cancer civilisationnel qui ronge l'Esprit européen, à savoir l'ethnocentrisme. Imposer de nouveaux concepts, proposer de nouvelles façons d'appréhender les rapports sociaux, investir le champ politique dans sa totalité à partir de leurs propres expériences de vie, faire valoir de nouvelles références et inspirations etc.

La conscientisation de ce rôle au sein des différentes communautés de femmes (et d'hommes par conséquent) est un enjeu social majeur dans ce pays et bien au-delà car si l'on parle désormais quotidiennement de crise économique on évoque beaucoup plus anecdotiquement la crise intellectuelle et morale liée à l'effondrement des valeurs et des repères généré par un nihilisme concomitant.

Hibou57 me pardonnera de ne pas engager une discussion (que l'on a déjà eu par ailleurs) sur les liens entre libéralisme économique et racisme structurel, dont nous pourrions nous perdre très vite dans les limbes.
 

Hibou57

Comme-même (tm)
VIB
Juste sur ça…
Hibou57 me pardonnera de ne pas engager une discussion (que l'on a déjà eu par ailleurs) sur les liens entre libéralisme économique et racisme structurel, […]
Je ne me souviens pas qu’on ai eu cette discussion. Mais comme tu dis toi‑même, pas la peine de s’égarer et de perdre le fil du sujet initial.
 

h_meo

lien France Palestine
VIB
C'es bien ce que j'ai ressenti enlisant le fil ... une perte dans les limbes ....
Cesser d'analyser toutes les démarches ... il est des démarches spontanées pour promouvoir une certaine image ou un certain modèles de réussite ... sans pour autant un parrainage du socio-economiquement-dominant. Juste pour illustrer le fait qu'il n'y a pas que les échecs bien fréquemment présentés par nos médias aux masses ... Si ce genre de démarche permet de servir de modèles à suivre par encore quelques jeunes ( garçon ou filles ) issus de ces minorités invisibles en difficulté ou subissant massivement de fameux déterminisme social, eh bien tant mieux.. on applaudirait tous si tous les jeunes de familles en difficultés devenaient des erreurs sociologiques ...

Excellente démarche ... et je ne suis pas à chercher un événement parfait... mais le côté objectivement positif et son apport même à quelques uns seulement ...
 
Salam,

Il va de soi qu'il n'était pas question de discuter la nécessité d'actions féminines non mixtes, j'en suis partisan, aussi bien sur le plan racial et religieux que patriarcal car l'autonomie (et tu as raison, une lutte n'est pas synonyme de confrontation même si sa dynamique peut l'exiger circonstanciellement) aussi bien sur le plan financier qu'organisationnel me paraît être un préalable dans l'élaboration d'une stratégie politique efficace. C'est une option radicale mais l'histoire des luttes sociales nous instruit d'un adage de bon sens: "on n'est jamais mieux servi que par soi-même" . Pas de débat sur les spécificités de l'oppression des hommes sur les femmes et donc de la lutte contre celle-ci.

En revanche, je crois que les femmes de l'immigration sont dans une position très intéressante pour ne pas dire historiquement déterminante dans la redéfinition de cette lutte, au carrefour des combats antiraciste et féministe. Les impérialismes vacillants, elles peuvent et doivent incarner un renouveau de la pensée féminine/iste émancipé des préconçus intellectuels et culturels européens, non pas dans une opposition systématique aux femmes qui les portent et les défendent mais autant que faire se peut dans une logique de dialogue et d'évolution dialectique du débat public.

Je pense même que les femmes de l'immigration sont, politiquement, à la fois la solution au problème de la discrimination des hommes musulmans/arabes/noirs (si elles se solidarisent de ces derniers et refusent l'instrumentalisation dont ils sont l'objet, sans pour autant accepter un sexisme endogène) et le remède au cancer civilisationnel qui ronge l'Esprit européen, à savoir l'ethnocentrisme. Imposer de nouveaux concepts, proposer de nouvelles façons d'appréhender les rapports sociaux, investir le champ politique dans sa totalité à partir de leurs propres expériences de vie, faire valoir de nouvelles références et inspirations etc.

La conscientisation de ce rôle au sein des différentes communautés de femmes (et d'hommes par conséquent) est un enjeu social majeur dans ce pays et bien au-delà car si l'on parle désormais quotidiennement de crise économique on évoque beaucoup plus anecdotiquement la crise intellectuelle et morale liée à l'effondrement des valeurs et des repères généré par un nihilisme concomitant.

Hibou57 me pardonnera de ne pas engager une discussion (que l'on a déjà eu par ailleurs) sur les liens entre libéralisme économique et racisme structurel, dont nous pourrions nous perdre très vite dans les limbes.
Wa aleykom assalam,

Avant d'en arriver là, nous devons (hommes et femmes) réaliser un travail pour nous connaitre, nous respecter, en somme, nous aimer en dépit de nos failles.
Comment attendre du respect des autres alors que nous sommes les premiers à nous mépriser ?
Ce n'est pas une poignée d'individus qui changera l'ensemble, par des directives (des messages plus ou moins explicites), c'est un travail colossal auquel nous faisons face, chacun doit participer.
Pour conclure, je vais reprendre la parole d'Allah :
{ [...] En vérité, Allah ne change pas l'état d'un peuple tant que celui-ci ne change pas ce qui est en lui-même. }

[ Sourate 13 - Verset 11 ]
 
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