Wikileaks : à qui profite le crime ?

brigsty

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03/12/2010
Proche et Moyen-Orient

Les « révélations » du site Wikileaks, qui vient de publier plusieurs dizaines de milliers de correspondances diplomatiques états-uniennes, sont hélas des plus décevantes, à ce stade du moins, car d’un commun navrant.

Rien, par exemple, sur le rôle des Etats-Unis quant à la déstabilisation du gouvernement iranien et à son intervention dans la « révolution verte » qui avait suivi les élections de juin 2009 ; rien sur le virus informatique « stuxnet » qui serait en train de paralyser l’armée iranienne et ses centres de recherche nucléaire ; rien sur la Syrie ; rien sur les négociations israélo-palestiniennes qui ont repris depuis peu et sont pourtant au cœur de la politique états-unienne au Proche-Orient ; et absolument rien sur Israël.

En outre, aucune information sur l’origine de ces documents et leur authenticité (que les principaux intéressés ne dénient cependant pas…).

En fait, globalement, rien de vraiment nouveau, rien de sensationnel dans ce qui a été publié jusqu’à présent.

En effet, cette correspondance contient d’abord quelques mots malheureux de tel ou tel diplomate de second rang sur l'un ou l'autre chef d'Etat, mais pas de quoi fouetter un chat (rien d’inhabituel, en somme, dans ce genre d’échanges informels, comme le savent fort bien toutes les chancelleries du monde) : Mohammad Kadhafi aime les jolies filles ; Hamid Karzaï est corrompu jusqu’à la moelle ; Vladimir Poutine aime jouer des biceps ; Silvio Berlusconi est trop âgé et fatigué ; Angela Merkel est une dure à cuire ; et Nicolas Sarkozy serait quant à lui autoritaire, viscéralement pro-américain et pro-israélien… Dernière nouvelle ! Le président français est aussi qualifié de « roi nu » ; mais, là, personne ne comprend, ni ne se risque à une interprétation. Et Washington espionne l’ONU. Incroyable ! De quoi donner le change?

Pour le reste, la principale « nouvelle », c'est que la plupart des chefs d'Etat arabes (le président égyptien Hosni Moubarak, le roi de Jordanie, les dictateurs du Golfe persique, etc., tous alliés traditionnels des Etats-Unis) se sont déclarés très farouchement opposés au gouvernement de Mohammad Ahmadinejad et souhaitent une intervention états-unienne. Sans blagues ?! C’est le cas depuis 1980 et la guerre Iran-Irak, durant laquelle tous ces Etats avaient ouvertement soutenu et financé Saddam Hussein contre la République islamique des Ayatollahs…

Bref, on n’apprend rien.
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Cependant, la diffusion de cette correspondance n’est peut-être pas dénuée de tout intérêt. N’est-il pas curieux, en effet, que les seules informations « pertinentes » concernent quasiment uniquement le Moyen-Orient et plus particulièrement l’Iran ? Et ne pourrait-on pas se demander, en fin de compte, si ces « fuites » n'auraient pas été organisées et utilisées, ne serait-ce que partiellement, par la Maison blanche elle-même ?

C’est que le fait de divulguer de la sorte ces déclarations permet de renforcer un peu plus la pression sur l'Iran et d’officialiser d'avantage encore son isolement au sein du monde arabo-musulman, tout en mettant les Etats arabes hostiles à Téhéran face à leurs responsabilités. Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, n’a d’ailleurs pas hésité à renchérir en se réjouissant de ce que, désormais, Israël et les pays arabes sont officiellement d’accord sur le danger iranien et le moyen de le juguler.

De même, l’autre « grande info », la question de l’achat à la Corée du Nord, par l’Iran, de fusées capables d’atteindre l’Europe, survient à point nommé pour la politique étrangère des Etats-Unis, non seulement à l’égard de l’Iran, mais également précisément au moment où l’OTAN veut construire son fameux bouclier antimissile. Et voilà comment faire d’une pierre deux coups…

Ainsi, tout, pour l’essentiel de ces « révélations », ramène à l’Iran, désignée en tant que « menace pour le monde » (pour l’Europe en particulier, dont plusieurs gouvernements sont peu enclins à une nouvelle intervention musclée au Moyen-Orient et devraient dès lors être convaincus du danger), comme l’avait été l’Irak de Saddam Hussein, avant qu’il ne fût confirmé, par la guerre illégale de 2003, que le pays était en réalité sans défense.

A bien y réfléchir, cette affaire ressemble sensiblement à un beau coup de propagande qui pourrait viser à justifier une agression à l’encontre de l’Iran et à créer le consensus autour de cette perspective. En politique, les vieilles recettes éprouvées resservent souvent.

Sur les traces de Sherlock Holmes, cherchons donc à qui profite le crime...

La plupart des chroniqueurs parlent d’un « 11 septembre de la diplomatie ». C’est en tout cas très surfait et fort excessif. Et garantissent que la diplomatie états-unienne ne sera plus la même à l’avenir. Rien de moins sûre…


Pierre PICCININ (professeur d’histoire et de sciences politiques) Lien website : http://pierre.piccinin-publications...ikileaks-a-qui-profite-le-crime-62029905.html
 

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Le fondateur de Wikileaks estime avoir le soutien de Netanyahou

Le fondateur du site Wikileaks, Julian Assange, a défendu la publication de milliers de documents confidentiels mercredi dans une interview avec le Time Magazine.

S’exprimant par le biais de Skype a partir d’un lieu tenu secret en Grande-Bretagne, Assange a déclaré que le premier ministre Benyamin Netanyahou « estime que le résultat de cette publication, qui rend public le sentiment que beaucoup expriment en privé… conduira à une sorte d’évolution dans le processus de paix au Proche Orient, notamment en ce qui concerne l’Iran. »

Assange a également félicité Netanyahou, disant qu’il n’est « pas un homme naïf » et est un « homme politique sophistiqué. »

Les télégrammes privés exposés par Wikileaks plus tôt cette semaine, révèlent que les dirigeants arabes ont exhorté les Etats-Unis à mettre fin au programme nucléaire iranien, par la force si nécessaire.

Le premier des dirigeants mondiaux a s’être adressé publiquement au sujet de ces télégrammes a été Netanyahou, qui a déclaré lundi que « si les dirigeants faisaient publiquement ces déclarations, il y aurait un changement significatif. »

« Lorsque les dirigeants sont prêts à dire la vérité à leur peuple, cela favorise la paix. » Le premier ministre israélien a ajouté que « la paix fondée sur la vérité a une chance durable. »
 
Cette affaire profite à WikiLeads....et à ses responsables.

Qui peut croire qu'ils ont cassé leur tirelire pour faire tout ce boulot et le poster sur un ou plusieurs sites pour lesquels les fournisseurs d'accès ne font pas de cadeau.

Puis les réactions ......
 
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