La zone euro pourrait aider l'Espagne jusqu'à 100 milliards d'euros

Les ministres des Finances de la zone euro ont bâti un plan de sauvetage du secteur bancaire espagnol. L'assainissement du secteur financier serait la contrepartie de l'aide financière. Le FMI aurait un rôle de surveillance dans le cadre du plan.

La zone euro s'apprête à demander au gouvernement espagnol «d'assainir le secteur financier» en échange d'une aide à ses banques en grande difficulté, a annoncé samedi à l'AFP une source gouvernementale européenne.

Il y a des conditions imposées à Madrid, «mais elles ne porteront que sur l'assainissement du secteur financier», selon cette source, interrogée au moment où les ministres des Finances de la zone euro tenaient une conférence téléphonique sur l'Espagne -close vers 19 heures. Une source européenne avait expliqué à l'AFP ces derniers jours qu'«une partie de la conditionnalité pourrait concerner la législation bancaire», notamment «le fait que la législation bancaire est nuisible, avec des prêts personnels à 50 ans».

Après avoir été nationalisé en mai, le groupe bancaire BFA-Bankia doit recevoir 23,5 milliards d'euros de fonds publics. Mais cette opération passe mal auprès des Espagnols, alors que les ex-dirigeants vont toucher des retraites de millionnaires. Outre une enquête préliminaire portant sur «le processus de création de Bankia et son entrée en Bourse», la Commission européenne met la pression sur l'Espagne pour que celle-ci lui communique le plan de sauvetage de la banque.
Jusqu'à 100 milliards d'euros d'aide

Le plan discuté par les ministres de l'Eurogroupe prévoirait une aide pouvant aller jusqu'à 100 milliards d'euros, selon la même source. Le Fonds monétaire international (FMI) participerait à ce plan en tant qu'organe de surveillance uniquement.
 
Le ministre des Finances espagnol tient une conférence de presse à 19h30. Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy semble résigné à demander cette aide pour ses banques, après avoir longtemps résisté, par crainte de se voir imposer un programme comme la Grèce qui irait de pair avec des conditions strictes dictées par ses bailleurs de fonds internationaux.

Si les conditions accompagnant le plan d'aide se limitent à l'assainissement du secteur bancaire, cela pourrait contenter le gouvernement espagnol, qui doit composer avec un chômage de masse et un dérapage des comptes publics. Malgré deux mois de reflux consécutifs -après un pic historique en mars -, l'Espagne comptait fin mai 4,71 millions de chômeurs. Quant à la dette publique, elle devrait frôler 80% cette année, selon les prévisions du gouvernement. Une contre-performance très marquée par rapport aux 68,5% atteints fin 2011.
37 milliards de besoin de recapitalisation des banques, selon le FMI

Le gouvernement espagnol a fait savoir qu'il «analysait» samedi le rapport du FMI, qui chiffre à 37 milliards d'euros les besoins de recapitalisation des banques du pays. «Il y a une réunion convoquée par Bruxelles. Nous attendons d'en voir les résultats», a déclaré à l'AFP une source gouvernementale.

Le gouvernement avait assuré vouloir attendre le rapport du FMI ainsi qu'un un audit de ses banques avant de se décider sur une demande de sauvetage. Une porte-parole du ministère de l'Economie a indiqué samedi matin que cette position «n'avait pas changé». Le rapport du FMI, prévu pour lundi, a finalement été publié dès vendredi soir et a chiffré les besoins des banques espagnoles à au moins 40 milliards d'euros.

Mais l'audit, mené par les cabinets allemand Roland Berger et américain Oliver Wyman, devrait tarder un peu plus : il doit être remis d'ici le 21 juin au gouvernement. «Notre évaluation [du rapport du FMI] est positive parce qu'ils limitent le problème à 30% du secteur financier, ce qui correspond aux entités qui ont reçu une aide ou ont été nationalisées», a indiqué la source gouvernementale.

L'Espagne est pressée de toutes parts de demander un sauvetage européen pour ses banques, tandis que les marchés semblent perdre patience, espérant sans doute voir cette question réglée avant les élections en Grèce du 17 juin en raison des crainte d'une contagion de la crise grecque.

http://www.lesechos.fr/economie-pol...onique-de-l-eurogroupe-aujourd-hui-332035.php
 
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