«Promesse électorale de Nicolas Sarkozy, la création dun ministère chargé de lImmigration et de "lIdentité nationale" a introduit dans notre pays un risque denfermement identitaire et dexclusion dont on mesure, chaque jour depuis deux ans et demi, la profonde gravité. Très officiellement, des mots ont été introduits sur la scène publique, qui désignent et stigmatisent létranger - et par ricochet, quiconque a lair étranger. Réfugiés et migrants, notamment originaires de Méditerranée et dAfrique, et leurs descendants, sont séparés dun «nous» national pas seulement imaginaire puisque ses frontières se redessinent sur les plans matériel, administratif et idéologique.
«Qua fait naître ce ministère? De nouveaux objectifs dexpulsion détrangers (27 000 par an), des rafles de sans-papiers, lenfermement denfants dans des centres de rétention, le délit de solidarité, lexpulsion des exilés vers certains pays en guerre au mépris du droit dasile, la multiplication des contrôles didentité au faciès, enfin la naturalisation à la carte, préfecture par préfecture, qui rompt avec le principe dégalité
«Dans cette fissure de la République se sont engouffrés nos dirigeants. Par des propos inadmissibles dans une démocratie, banalisés et désormais quotidiens, ils légitiment tous les comportements et les paroles de rejet, de violence, et de repli sur soi. Nous ne sommes pas ici face à des "dérapages" individuels. En réalité, ces propos sont la conséquence logique dune politique que le gouvernement souhaite encore amplifier sous le couvert dun "débat" sur lidentité nationale. Nous sommes ainsi appelés à devenir coauteurs et coresponsables du contrôle identitaire sur la France.
«La circulaire ministérielle adressée aux préfectures pour encadrer le débat lance une interrogation : "Pourquoi la question de lidentité nationale génère-t-elle un malaise chez certains intellectuels, sociologues ou historiens ?" La réponse est simple. Nous ne pouvons pas accepter que le regard inquisiteur dun pouvoir identitaire puisse planer, en sautorisant de nous, sur la vie et les gestes de chacun.
«Cest pourquoi il est temps aujourdhui de réaffirmer publiquement, contre ce rapt nationaliste de lidée de nation, les idéaux universalistes qui sont au fondement de notre République.
«Nous appelons donc les habitants, les associations, les partis et les candidats aux futures élections à exiger avec nous la suppression de ce "ministère de lIdentité nationale et de lImmigration", car il met en danger la démocratie.»
Signataires: Michel Agier (anthropologue, EHESS et IRD), Etienne Balibar (philosophe, université Paris-X et university of California), Marie-Claude Blanc-Chaléard (historienne, université Paris-X) Luc Boltanski (sociologue, EHESS), Marcel Detienne (historien, EPHE et université Johns Hopkins), Eric Fassin (sociologue, ENS), Michel Feher (philosophe, Paris), Françoise Héritier (anthropologue, Collège de France), Daniel Kunth (astrophysicien, CNRS), Laurent Mucchielli (sociologue, CNRS), Pap Ndiaye (historien, EHESS), Gérard Noiriel (historien, EHESS), Mathieu Potte-Bonneville (philosophe, Collège international de philosophie), Richard Rechtman (psychiatre, Institut Marcel Rivière, CHS la Verrière) Serge Slama (juriste, université dEvry), Emmanuel Terray (anthropologue, EHESS), Tzvetan Todorov (historien, CNRS), Paul Virilio (urbaniste, Ecole spéciale darchitecture de Paris), Sophie Wahnich (historienne, CNRS), Patrick Weil (historien, CNRS).
source : liberation.fr
«Qua fait naître ce ministère? De nouveaux objectifs dexpulsion détrangers (27 000 par an), des rafles de sans-papiers, lenfermement denfants dans des centres de rétention, le délit de solidarité, lexpulsion des exilés vers certains pays en guerre au mépris du droit dasile, la multiplication des contrôles didentité au faciès, enfin la naturalisation à la carte, préfecture par préfecture, qui rompt avec le principe dégalité
«Dans cette fissure de la République se sont engouffrés nos dirigeants. Par des propos inadmissibles dans une démocratie, banalisés et désormais quotidiens, ils légitiment tous les comportements et les paroles de rejet, de violence, et de repli sur soi. Nous ne sommes pas ici face à des "dérapages" individuels. En réalité, ces propos sont la conséquence logique dune politique que le gouvernement souhaite encore amplifier sous le couvert dun "débat" sur lidentité nationale. Nous sommes ainsi appelés à devenir coauteurs et coresponsables du contrôle identitaire sur la France.
«La circulaire ministérielle adressée aux préfectures pour encadrer le débat lance une interrogation : "Pourquoi la question de lidentité nationale génère-t-elle un malaise chez certains intellectuels, sociologues ou historiens ?" La réponse est simple. Nous ne pouvons pas accepter que le regard inquisiteur dun pouvoir identitaire puisse planer, en sautorisant de nous, sur la vie et les gestes de chacun.
«Cest pourquoi il est temps aujourdhui de réaffirmer publiquement, contre ce rapt nationaliste de lidée de nation, les idéaux universalistes qui sont au fondement de notre République.
«Nous appelons donc les habitants, les associations, les partis et les candidats aux futures élections à exiger avec nous la suppression de ce "ministère de lIdentité nationale et de lImmigration", car il met en danger la démocratie.»
Signataires: Michel Agier (anthropologue, EHESS et IRD), Etienne Balibar (philosophe, université Paris-X et university of California), Marie-Claude Blanc-Chaléard (historienne, université Paris-X) Luc Boltanski (sociologue, EHESS), Marcel Detienne (historien, EPHE et université Johns Hopkins), Eric Fassin (sociologue, ENS), Michel Feher (philosophe, Paris), Françoise Héritier (anthropologue, Collège de France), Daniel Kunth (astrophysicien, CNRS), Laurent Mucchielli (sociologue, CNRS), Pap Ndiaye (historien, EHESS), Gérard Noiriel (historien, EHESS), Mathieu Potte-Bonneville (philosophe, Collège international de philosophie), Richard Rechtman (psychiatre, Institut Marcel Rivière, CHS la Verrière) Serge Slama (juriste, université dEvry), Emmanuel Terray (anthropologue, EHESS), Tzvetan Todorov (historien, CNRS), Paul Virilio (urbaniste, Ecole spéciale darchitecture de Paris), Sophie Wahnich (historienne, CNRS), Patrick Weil (historien, CNRS).
source : liberation.fr