Témoignage
Mardi 10 mai 2011, vers 19h30, en plein centre de Rabat, à proximité du Parlement, et sous le regard bienveillant de deux estafettes de police, jai été victime dun lynchage par des diplômés chômeurs.
Jétais en voiture et je souhaitais emprunter une ruelle derrière le Parlement, mais les manifestants men ont empêchée. En une fraction de seconde, jétais devenue une cible pour ces manifestants, plus dune centaine. Ma voiture a été complètement vandalisée, les insultes fusaient de partout. Jai compris que jétais prise pour cible parce que jai une voiture et apparemment un travail... Ils criaient bourgeoise, fille de riches, fille de voleurs.
Réflexe de tout citoyen croyant que lon est dans un pays de droit, je décide dappeler le 19, le numéro du sauveur. Sauf que, à mon grand regret, cette police censée protéger le citoyen a des consignes: On ne touche pas les manifestants, lheure est grave, on calme les esprits. Cest le choc, la peur mais surtout la déception. Au bout de 30 minutes de prise dotage, je décide de négocier avec certains éléments de cette troupe enragée.
J'y réussis, mais pas pour longtemps. Je dois prendre un micro pour mexcuser, je ne sais de quoi. On me demande dapprouver les revendications du mouvement et de les encourager. Avant, javais une certaine compassion pour ces personnes, mais ce jour-là, javoue mêtre excusée pour sauver ma peau!
Les manifestants brandissaient des trophées, devinez lesquels? La plaque dimmatriculation de ma voiture, les poignées de porte, les essuie-glaces... Jai continué à appeler la police mais en vain.
Alors, par instinct de survie, jai foncé dans la foule à 80 km/h, en plein boulevard Mohammed V, avec des roues dégonflées, en direction du commissariat de Hassan où jai déposé plainte. Dieu merci, personne na été touché.
Jai repris mon souffle et crié mon désarroi: pourquoi la police na-t-elle pas réagi? Pourquoi personne nest intervenu, y compris parmi les responsables de ce mouvement? La réponse était claire: déposez votre plainte, on constate les dégâts et remerciez Dieu de vous en être sortie indemne physiquement.
Cest vrai, létat psychique ne compte pas au Maroc, puisque le traumatisme nest pas visible! Jai compris que nous ne sommes pas dans un pays de droit mais juste dobligations. Jai payé le prix de la stabilité des millions de Marocains. Le mutisme des autorités était voulu, la minorité a fait sa loi.
Dounia Karima, Rabat.
Mardi 10 mai 2011, vers 19h30, en plein centre de Rabat, à proximité du Parlement, et sous le regard bienveillant de deux estafettes de police, jai été victime dun lynchage par des diplômés chômeurs.
Jétais en voiture et je souhaitais emprunter une ruelle derrière le Parlement, mais les manifestants men ont empêchée. En une fraction de seconde, jétais devenue une cible pour ces manifestants, plus dune centaine. Ma voiture a été complètement vandalisée, les insultes fusaient de partout. Jai compris que jétais prise pour cible parce que jai une voiture et apparemment un travail... Ils criaient bourgeoise, fille de riches, fille de voleurs.
Réflexe de tout citoyen croyant que lon est dans un pays de droit, je décide dappeler le 19, le numéro du sauveur. Sauf que, à mon grand regret, cette police censée protéger le citoyen a des consignes: On ne touche pas les manifestants, lheure est grave, on calme les esprits. Cest le choc, la peur mais surtout la déception. Au bout de 30 minutes de prise dotage, je décide de négocier avec certains éléments de cette troupe enragée.
J'y réussis, mais pas pour longtemps. Je dois prendre un micro pour mexcuser, je ne sais de quoi. On me demande dapprouver les revendications du mouvement et de les encourager. Avant, javais une certaine compassion pour ces personnes, mais ce jour-là, javoue mêtre excusée pour sauver ma peau!
Les manifestants brandissaient des trophées, devinez lesquels? La plaque dimmatriculation de ma voiture, les poignées de porte, les essuie-glaces... Jai continué à appeler la police mais en vain.
Alors, par instinct de survie, jai foncé dans la foule à 80 km/h, en plein boulevard Mohammed V, avec des roues dégonflées, en direction du commissariat de Hassan où jai déposé plainte. Dieu merci, personne na été touché.
Jai repris mon souffle et crié mon désarroi: pourquoi la police na-t-elle pas réagi? Pourquoi personne nest intervenu, y compris parmi les responsables de ce mouvement? La réponse était claire: déposez votre plainte, on constate les dégâts et remerciez Dieu de vous en être sortie indemne physiquement.
Cest vrai, létat psychique ne compte pas au Maroc, puisque le traumatisme nest pas visible! Jai compris que nous ne sommes pas dans un pays de droit mais juste dobligations. Jai payé le prix de la stabilité des millions de Marocains. Le mutisme des autorités était voulu, la minorité a fait sa loi.
Dounia Karima, Rabat.