21 millions de victimes, 150 milliards $ de bénéfices : l’esclavage se porte mieux que jamai

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Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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Dans le cadre de la sortie de son livre Modern Slavery, l’économiste Siddartha Kara dévoile ses principales conclusions sur l’esclavage contemporain au Guardian. Résultat : l’esclavage est plus important et lucratif que jamais.

Nous avons tous appris à l’école les horreurs de la traite d’esclaves. Pendant près de 350 ans, des navires chargés de cette marchandise qu’était l’homme noir ont parcouru l’Atlantique, déplaçant en tout 13 millions de personnes sur le continent américain. Après avoir exploité cette force de travail complètement déshumanisée pour tirer des bénéfices juteux dans les exploitations de tabac, de coton ou de canne à sucre, le XIXème siècle semblait avoir relégué l’esclavage au rang des sombres épisodes de l’histoire passée.

Mais peut-être devrions-nous revoir nos manuels. Si l’esclavage a été aboli dans tous les pays du monde, il n’a pas disparu, loin de là, il a simplement changé de forme. On l’appelle désormais le travail forcé – ça choque sans doute moins – mais la réalité est sensiblement la même. A vrai dire, d’après l’étude réalisée par Siddartha Kara, économiste à la Harvard Kennedy School, l’esclavage n’a pas simplement muté, il a progressé et est devenu un marché bien plus rentable qu’il y a deux siècles.

D’après l’Organisation internationale du travail (OIT), près de 21 millions de personnes sont actuellement victimes de travail forcé (11,4 millions de femmes et de filles, 9,5 millions d’hommes et de garçons). C’est 8 millions de plus que le nombre d’esclaves pendant toute la période de la traite négrière… On appelle travail forcé toute forme de travail ou de service réalisé par des personnes contraintes, c’est-à-dire qui ne choisissent pas les conditions sous lesquelles elles travaillent et ne peuvent pas partir sans perdre leur salaire ou être menacés. Le travail forcé inclut la prostitution, la mendicité forcée ou encore les travaux domestiques.................

https://lareleveetlapeste.fr/21-mil...fices-marche-desclaves-se-porte-mieux-jamais/

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En complément d'introduction à l'intéressant article il ne faut pas oublier ceci: nous n'avons pas appris à l'école car l'information a longtemps été occultée, que la traite négrière est une invention arabe qui remonte à 652 (traité de Bakht) et ne s'est terminée officiellement à Zanzibar qu'en 1964
 
« L’esclavage aujourd’hui est plus lucratif que je n’aurais jamais pu l’imaginer. Les profits réalisés par esclave vont de quelques milliers à plusieurs centaines de milliers de dollars par an. Le marché global annuel de l’esclavage culminerait à 150 milliards de dollars. »

En moyenne, les esclavagistes dégagent un profit de 3 978$ par an pour le travail de chacune de leurs victimes. Le marché de la prostitution est quant à lui particulièrement lucratif puisque les gains réalisés sont de l’ordre de 36 000$ par an par victime. Pour insister sur les profits démesurés de ce business immonde, Siddartha Kara souligne dans son ouvrage que le trafic sexuel compte pour 50% des profits de l’esclavage moderne global, alors que les victimes de ce trafic ne comptent que pour 5% du nombre total d’esclaves…

Si le marché de l’esclavage est aujourd’hui si rentable et si important, c’est notamment grâce au développement des transports. Pendant la période de la traite négrière, les forts taux de mortalité et les prix des transports faisaient augmenter le coût des esclaves. Aujourd’hui, les transports sont plus rapides, plus nombreux, plus sûrs et moins chers. Siddartha Kara déplore, « les esclaves peuvent être acquis, exploités et abandonnés assez rapidement », avant d’énoncer tristement :

« La vie n’a jamais été aussi facilement remplaçable »

Malgré les efforts de l’OIT pour fédérer la communauté internationale autour de l’objectif de l’élimination complète de toute forme d’esclavage, les réponses qui ont jusqu’alors été fournies sont largement insuffisantes. De plus, comme le souligne l’ONU, la multiplication des conflits et des foyers de crises (alimentaire, environnementale, etc.) risquent de profiter à l’essor du trafic d’êtres humains. Et pour cause, les routes migratoires et celles du trafic humain se confondent presque désormais.

A lire ces lignes, la colère sourde fait face au sentiment d’impuissance. Il est difficile d’agir à notre échelle, c’est avant tout à la communauté internationale de réagir efficacement. Toutefois, nous pouvons comme toujours changer nos modes de consommation, notamment concernant nos vêtements dont on sait bien désormais qu’ils sont confectionnés par des travailleurs forcés (majoritairement des femmes et des enfants) dans les ateliers d’Asie.

Nous ne pouvons par ailleurs nous empêcher de voir une corrélation criante entre la logique de production capitaliste et la perpétuation des systèmes esclavagiste. Peut-être est-ce davantage une causalité qu’une simple corrélation ; et alors ce sera à celle-ci qu’il faudra s’en prendre.
 
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