Au moment de la réunification de l'Allemagne, pour soutenir ses efforts, alors même que l'euro n'était pas de rigueur (ahahah) l'économie allemande a commencé à fabriquer de la dette à un taux faible. Qui dit taux faible, dit attraction des investisseurs. L'Allemagne devient un eldorado, le deutsch mark monte et l'on décide de tuer le DM pour éviter une trop grand suprématie allemande par la création d'une monnaie commune, l'EURO basée sur l'ECU. Cette dette a alimenté l'endettement européen. C'est la politique de la demande chère à Keynes qui consiste à soutenir la demande par la distribution de revenus secondaires et l'investissement de l'Etat. La France reste alors sous le classique jacobinisme qui la caractérise avec un Etat fort qui garantie minimas sociaux et outils de soutien à l'investissement (défiscalisation, bouclier fiscal, loi TEPA). Cet Etat fort, qui continue en dépit des alternances politiques permettra de constituer un véritable filet de sécurité dans les suites de la crise des subprimes. Sarkozy en est devenu le continuateur tout en multipliant les signaux vers les entreprises mais aussi les ménages : défiscalisation des heures supp, prime à l'embauche, RSA, accroissement de la contribution pour combler, en vain, un déficit de la sécurité sociale abyssal mais du essentiellement à deux facteurs. Un, le vieillissement de la population française en dépit des déclarations qui annoncent une natalité vigoureuse et, l'endémie du chômage des jeunes et de longue durée sans compter l'inactivité croissante des séniors dont les facteurs de pénibilité au travail ne sont que peu pris en compte.
Ce plan ne fait que prendre en compte un des facteurs majeurs de l'équation fordiste vertueuse mise au goût du jour et à laquelle s'ajoutent désormais assurément la contrainte extérieure et ... la CONFIANCE. Les marchés, ceux là même qui spéculent sur les dettes des parents pauvres de l'UE qui ont commencé à intégrer la CEE en 1986 autrement dit les "PIGS" soit le Portugal, l'Irlande, la Grèce et l'Espagne, s'envolent puis se replient. Il y a un an, l'on parlait d'an zéro du nouveau capitalisme. Un capitalisme que l'on cherche à moraliser alors qu'il est par essence amoral puisque le but, c'est le profit, quel qu'en soit le prix et dans une fourchette large de dispositifs techniques flous pour ceux la même qui les construisent.
On entend çà et là que l'Allemagne est la grande gagnante de ce bras de fer. Elle qui s'oppposait à ce que la Grèce, l'Espagne et le Portugal, parents pauvres de l'Europe, intègrent le Système Monétaire Européen avec l'adoption de l'EURO. Ils n'ont pas eu tort et au délà de la solidarité affichée, les pays payeurs, au premier rang desquels l'Allemagne et la France, sauvent avant tout leurs encours dans ces pays mal gérés.
En réalité, bien que l'Allemagne soit le deuxième exportateur mondial derrière désormais la Chine, il n'en demeure pas moins que c'est au prix de coupes sociales majeures avec un modèle orienté vers les PECOs (Pays d'Europe Centrale et Orientale), un rallongement de l'âge de la retraite (67 ans) et un quasi gel des salaires (d'où le développement des hards discounters allemands comme Lidl et Aldi). La dette se stabilise, elle se déplace tout doucement vers la France qui va devenir le plus gros pays de l'UE porteur de dette libellée en euros. Bien au delà de la dette anglaise, libellé elle en livres sterling qui sera la prochaine monnaie attaquée par les spéculateurs.
Autant dire que c'est une petite rustine; un placebo et que sans une réforme profonde des accords de Bâle, une coordination des politiques économiques et budgétaires au sein de l'UE, alors que la tendance est au tirage de couverture à soi (cf. Allemagne, UK, Flandres, etc..), ce sera rebelotte dans peu de temps.
Le Maroc devrait prendre des leçons de ce qui se passe de l'autre côté de la Méditerranée car son économie, bien que solidement ancrée dans l'agriculture l'industrie et les services, est un modèle qui fonde sa croissance également sur l'endettement.
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