Accusé d’espionnage en Algérie, il cherche refuge dans un petit village de la Somme

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Jean-Luc Henriot a dû fuir l’Algérie avec sa femme, ses enfants et sa belle-mère. ©Alban Leduc

Il y a quelques mois encore, il était chef d’entreprise respecté et influent en Algérie.
Il est désormais en recherche d’une solution d’urgence pour se mettre à l’abri avec sa famille en Picardie.
Jean-Luc Henriot a tout perdu et en veut à la France de l’avoir abandonné.

En Algérie depuis 17 ans​

Arrivé en Algérie il y a 17 ans pour le travail, il y a fait sa vie, a rencontré sa femme et était bénévole pour le Consulat de France, en tant que chef d’îlot.

J’ai été bénévole et maintenant, c’est moi qui aie les embrouilles.

Jean-Luc Henriot
Une fonction exercée par de nombreux Français à l’étranger qui consiste à être responsable d’un groupe de ressortissants et de communiquer les informations avec l’ambassade en cas de situation d’urgence, comme des catastrophes naturelles ou des attentats.

Un cambriolage qui fait tout basculer​

Problème, Jean-Luc Henriot dit s’être fait voler le téléphone satellite dont il disposait pour cette mission lors d’un cambriolage de sa maison, il y a un an, en Algérie.

« J’ai hésité à le déclarer à la police algérienne, parce qu’avoir un téléphone comme celui-ci est interdit et peut être assimilé à de l’espionnage », explique-t-il aujourd’hui.

Celui qui se présente comme quelqu’un d’influent et disposant de nombreux relais dans la police ou la justice indique avoir réussi à étouffer l’affaire, malgré une longue garde à vue des autorités algériennes.

Victime des tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie​

Alors que les tensions diplomatiques sont au plus fort entre la France et l’Algérie, le dossier serait finalement ressorti des placards en mai dernier.

« J’ai été prévenu qu’on me cherchait, la police est venue à mon ancienne adresse et on a même éclaté la tête de mes deux beaux-frères », expose Jean-Luc.

Si aucune accusation officielle d’espionnage ne pèse contre lui en Algérie, selon les autorités françaises, il a décidé de fuir par précaution le pays en mai avec sa femme, ses trois enfants, sa belle-mère, son beau-frère et leurs deux chiens.

La famille aurait alors choisi de s’installer « au hasard » dans le camping de Dompierre-sur-Authie, dans la Somme.

Il tente d’obtenir de l’aide des autorités​

Caisse d’allocation familiale, assistante sociale, Croix Rouge, scolarisation pour ses enfants…

Celui qui touche une pension retraite d’environ 1 000 euros dit avoir entrepris toutes les démarches sociales.

S’il reconnaît l’efficacité des aides et des accompagnements en France, il fustige l’immobilisme du ministère des Affaires étrangères.

« J’ai été bénévole et maintenant, c’est moi qui aie les embrouilles », regrette-t-il, en demandant « seulement de pouvoir trouver un toit sur la tête ».

Un cas à part pour la diplomatie​

Son cas ne rentre en effet dans aucune case.

La diplomatie française vient en aide à ses ressortissants lorsqu’ils sont à l’étranger, mais une fois en France, l’administration n’a pas de réelles compétences.

Pendant de longs mois, il n’a donc reçu aucun appui particulier, à l’exception des aides sociales existantes.

Une situation devenue insoutenable début septembre.

Dès que je suis installé dans un logement, je monte à Paris pour obtenir des compensations !

Jean-Luc Henriot
Avec la complexité des démarches, le couple n’a pas pu payer le loyer du bungalow qu’il occupait.

Sans domicile avec trois enfants en bas âges​

Sur le point de se retrouver à la rue avec deux enfants de 6 et 7 ans, ainsi qu’un bébé de 6 mois, le père de famille a alors fait appel aux députés locaux.

Suite à un courrier envoyé à la Préfecture de la Somme, la solution se serait enfin débloquée.

Le mercredi 10 septembre, la famille devrait pouvoir disposer d’un hébergement d’urgence à Abbeville (Somme) grâce à l’Association Picarde d’Action Préventive (APAP).

Désabusé, mais combatif face à cette “drôle d’histoire”, Jean-Luc Henriot prévient : « Dès que je suis installé dans un logement, je monte à Paris pour obtenir des compensations ! »

Le Journal d'Abbeville
 
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