Acquittement d’un légionnaire jugé pour la mort de son agresseur à la gare du nord

Drianke

اللهم إفتح لنا أبواب الخير وأرزقنا من حيت لا نحتسب
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La cour d’assises de Paris a estimé, ce vendredi, que l’ancien soldat n’a pas porté volontairement le coup de couteau fatal à la victime, qui venait de le blesser avec la même arme en 2014.

Un couteau papillon avec une lame de 9 cm et un manche orné de dix têtes de mort. C'est l'arme du crime qui était jugé depuis mardi par la cour d'assises de Paris. Brahim A., ex-légionnaire de 32 ans, comparaissait libre pour « coups mortels aggravés » après le décès d'un homme de 28 ans qui l'avait agressé le 3 mai 2014 en face de la gare du Nord à Paris. Après une heure de délibéré, la cour et les jurés ont acquitté ce vendredi l'accusé, considérant qu'il n'a pas volontairement porté les coups de couteau dont celui fatal à la victime.

« Je suis navré, je n'ai jamais voulu que ça se passe comme ça. Mais j'ai beau repasser la scène des dizaines de fois dans ma tête, je ne vois pas comment j'aurais pu faire autrement », a déclaré Brahim A. pour ses dernières paroles. Pendant les quatre jours de procès, l'ex-soldat du 1er régiment étranger de génie, reconverti dans la mécanique, a expliqué qu'il n'a jamais souhaité la mort de cet inconnu venu l'importuner, lui et sa petite amie, en leur proposant de la drogue.

Ce 3 mai, la scène de violences a duré 2 minutes. Déjà condamné pour infraction à la législation sur les stupéfiants et violence volontaire, l'homme de 28 ans, alcoolisé et sous cannabis, a frappé le militaire avec le couteau papillon, lui transperçant la main gauche. Brahim A. s'est alors emparé de l'arme et s'est mis en garde pour se protéger. La bagarre a pris fin avec le décès de son adversaire, victime de sept plaies de couteau dont une mortelle à la cuisse.

La légitime défense écartée par l'accusation

Selon la version de l'accusé, l'homme a continué d'avancer sur lui, menaçant, et a été atteint par la lame en lui donnant un coup de genou au visage. Au terme de l'instruction, la cour d'appel a estimé que le militaire – à qui l'on ne peut pas reprocher de ne pas avoir lâché le couteau –, s'en est servi pour porter des coups à son adversaire désarmé. Elle l'a donc renvoyé devant les assises pour « violence volontaires avec arme ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner », crime passible de 20 ans de réclusion.

Lors de son réquisitoire, l'avocate générale a elle aussi écarté la thèse de la légitime défense, estimant que l'accusé avait perdu le contrôle dans des circonstances certes spéciales. Elle a réclamé une condamnation, demandant 5 ans de prison avec sursis. La cour ne l'a pas suivie.

La personnalité de l'accusé, dont l'expert psychologue avait souligné le sens du devoir et le souci du bien d'autrui, a sans doute pesé dans ce verdict. Un officier supérieur de la Légion est venu dresser un portrait élogieux de l'ancien soldat né au Maroc. « Ce garçon a servi la France pendant des années. Il s'est trouvé dans une situation qu'il n'a pas choisi. À la barre, il s'est expliqué avec pudeur et respect, et la cour l'a cru. Sa place n'était pas dans une cour d'assises. Il serait indécent de crier victoire alors qu'un homme est mort, mais c'est un soulagement », réagit Me Henri de Beauregard, avocat de l'accusé qui avait plaidé l'acquittement, soutenant avant tout que son client n'avait jamais infligé délibérément de coups de couteau.

le Parisien
 
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