Aimé Cesaire : au Pantheon

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En présence de Nicolas Sarkozy, une fresque monumentale évoquant la vie du poète martiniquais sera installée dans la nef.

Il fut le «chantre de la négritude», un grand poète ainsi qu'un homme politique actif, notamment autour de la décolonisation. Mercredi soir à 17 heures, la nation rendra hommage à Aimé Césaire (1913-2008) en déposant dans la nef du Panthéon une fresque monumentale, composée de portraits évocateurs de quatre périodes de sa vie. Le poète martiniquais n'entrera pas physiquement au Panthéon, aux côtés de Voltaire, Victor Hugo ou Jean Moulin: son corps restera, conformément à la volonté de sa famille, en Martinique, sa terre natale.

L'hommage se tiendra en présence de Nicolas Sarkozy. Le président, qui a d'abord entretenu des rapports compliqués avec Césaire, avant de s'en rapprocher - au point de décider d'obsèques nationales à sa mort - prononcera un discours: de quoi célébrer l'homme, la Martinique, mais aussi «la République et sa capacité à intégrer».

lefigaro.fr

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L'auteur du « plus grand document lyrique de ce temps »
Un néologisme qui n'a rien d'une idéologie, mais tout d'une plongée en soi-même, la volonté de « crever la carapace pour atteindre les filons les plus profonds ». « Pour moi, écrira-t-il, c'est le gisement africain fondamental, ancestral, où me paraît résider le secret de moi-même. »

C'est en creusant cette identité nègre que surgit le Cahier, aspiration à la dignité, qu'André Breton qualifiera de « plus grand monument lyrique de ce temps » (voir l'encadré). Un bref texte de 65 pages, suivi d'une série de recueils : Les Armes miraculeuses (1946), Cadastre (1961), Moi, laminaire (1982)... Autant de poèmes triomphants et flamboyants, dont la luxuriance traduit un moi et un pays en perpétuelle effervescence. « Notre doctrine, notre idée secrète, c'était : "Nègre je suis et nègre je resterai". [...] Mais Senghor et moi nous sommes toujours gardés de tomber dans le racisme noir », confiait-il il y a trois ans à l'universitaire réunionnaise Françoise Vergès, au cours d'entretiens passionnants (1).

(...)

Singulier personnage, Aimé Césaire balayait d'un revers de main les honneurs et les mondanités. « Je n'ai jamais eu le temps d'écrire mes Mémoires », répondait-il à ceux qui s'en inquiétaient. Seuls lui importaient sa terre chérie et la dignité de son peuple. Il les emporte aujourd'hui avec lui, pour l'éternité.

(1) Nègre je suis, nègre je resterai. Entretiens avec Françoise Vergès, par Aimé Césaire. Albin Michel (2005).

l'express.fr.

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Aimé Césaire avait écrit :

«Une civilisation qui s'avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente.»
Discours sur le colonialisme.
 
Salam

je suis certaine qu'il ne voudrait pas de cet hommage et encore moins qu'il soit célébré en présence de Sarko!

il doit se retourner dans sa tombe...

les grands hommes partent, les petits restent.
 
Salam

je suis certaine qu'il ne voudrait pas de cet hommage et encore moins qu'il soit célébré en présence de Sarko!

il doit se retourner dans sa tombe...

les grands hommes partent, les petits restent.

-Tu as bien raison,

j'ai posté le topic car c'est une nouvelle que j'ai appris ce matin ;), j'etais passé à coté...
 
Prophétie


où l'aventure garde les yeux clairs
là où les femmes rayonnent de langage
là où la mort est belle dans la main comme un oiseau
saison de lait
là où le souterrain cueille de sa propre génuflexion un luxe
de prunelles plus violent que des chenilles
là où la merveille agile fait flèche et feu de tout bois

là où la nuit vigoureuse saigne une vitesse de purs végétaux

là où les abeilles des étoiles piquent le ciel d'une ruche
plus ardente que la nuit
là où le bruit de mes talons remplit l'espace et lève
à rebours la face du temps
là où l'arc-en-ciel de ma parole est chargé d'unir demain
à l'espoir et l'infant à la reine,

d'avoir injurié mes maîtres mordu les soldats du sultan
d'avoir gémi dans le désert
d'avoir crié vers mes gardiens
d'avoir supplié les chacals et les hyènes pasteurs de caravanes

je regarde
la fumée se précipite en cheval sauvage sur le devant
de la scène ourle un instant la lave
de sa fragile queue de paon puis se déchirant
la chemise s'ouvre d'un coup la poitrine et
je la regarde en îles britanniques en îlots
en rochers déchiquetés se fondre
peu à peu dans la mer lucide de l'air
où baignent prophétiques
ma gueule
ma révolte
mon nom.

Aimé Césaire
 
Le panthéon, c'est l'ultime demeure des grands hommes, et il est bon que l'homme qui file des légions d'honneurs à tout ces potes voient à quoi ressemble un être de haute moralité.
 
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