Alessandro Zanardi, de la Formule 1 aux médailles d'or paralympiques

C'était en 2001, en ChampCar....

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Forcément, les Jeux paralympiques se prêtent aux belles histoires. Ou plutôt, aux leçons de persévérance. L’édition 2012 s’achève dimanche et déjà, un destin ressort du lot. Celui de l’ancien pilote de Formule 1 Alessandro Zanardi, amputé des deux jambes, qui s’est adjugé deux titres dans la catégorie cyclisme handisport (H4). Lors du contre-la-montre individuel de mercredi (16 km en 24 minutes) et de la course en ligne de vendredi (64 km en deux heures), au sprint. Aujourd’hui (samedi à 17h45), l’Italien de 45 ans tente la passe de trois avec l’épreuve du relais H 1-4 par équipes.

«Si j’avais encore mes deux jambes, je ne serais jamais allé à Londres. Et en tant que coureur automobile, je n’aurais jamais eu une chance de gagner une médaille», philosophe le champion, originaire de Bologne, à l’agence allemande SID. Ses deux jambes, le modeste pilote de F1 (1991-1999) les a perdues le 15 septembre 2001, en course de Championship Car (CART) sur le circuit ovale du Lausitzring, en Allemagne, lorsqu’après un carambolage à 320 km/h, sa monoplace est coupée en deux. Alex Zanardi perd 70% de son sang. Après sept arrêts cardiaques et cinq jours de coma, il survit et refait surface avec le soutien de sa femme.

Depuis le drame, n’hésitant pas à blaguer sur ses prothèses, l’Italien n’a jamais cessé de vouloir continuer dans le sport de haut niveau. Dès 2003, grâce un véhicule aménagé, il boucle les treize tours de piste qu’il lui restait alors à parcourir au moment de son accident deux ans plus tôt. Il gagne ensuite trois courses contre des valides, à l’occasion du Championnat du monde des voitures de tourisme (WTCC), en 2005, 2006 et 2009. Premier double amputé à piloter une F1 - lors d’un essai en 2006 chez Sauber – le miraculé des circuits tire toutefois un trait sur les sports mécaniques en 2009.

Entre temps, dès 2007, il s’est trouvé une nouvelle passion : le cyclisme handisport (H4), discipline où, uniquement à la force des bras, les plus entraînés arrivent à se mouvoir à 40 km/h en moyenne dans un engin ultraléger à trois roues. Le genre de défi physique que cherchait Zanardi. La première fois, il avait dû s’arrêter au bout de cinq kilomètres, épuisé. Aujourd’hui, à force d’entraînement, une ration quotidienne de 80 kilomètres ne fait plus peur au nouveau champion paralympique, vainqueur du marathon de New York 2011 dans cette catégorie.

Bientôt aux 500 miles d'Indianapolis ?

Hasard du calendrier, vendredi, la deuxième médaille paralympique d’Alessandro Zanardi tombait pile pour l’anniversaire de son fiston Niccolo, 14 ans. On devine pour le Transalpin la portée symbolique de ses deux victoires. D’autant qu’il a triomphé, au sud-est de Londres, sur le célèbre circuit automobile de Brands Hatch, à l’endroit même où il avait participé à une course de F3000, l’antichambre de la F1, il y a 21 ans.
 
Spectateur attentif des JO paralympiques, le Québecois Alexandre Tagliani a félicité par texto l’Italien. Tagliani, c’est l’homme qui avait percuté Zanardi en 2001 mais qui a conservé l’usage de ses jambes. «Ce qui m’a aidé, explique-t-il sur Radio-Canada Sports, c’est le fait de voir que ce gars-là a vécu une vie normale. J’ai vu des photos de lui sur son bateau. Il s’est fait fabriquer des prothèses en fibre de carbone avec des palmes pour pouvoir nager dans la mer avec son fils. Il a fait faire des modifications pour pouvoir "courser" dans la catégorie tourisme, un championnat très relevé en Europe, et il faisait tout avec ses mains !»

Avec le doublé paralympique, l’Italien vient dans sans doute d’écrire les plus belles lignes à son palmarès. Des titres qui s’ajoutent à ses deux sacres obtenus aux Etats-Unis en Championship Car (en 1997 et 1998), du temps où ce pilote plutôt discret en Formule 1 (un seul point décroché en 41 Grands Prix entre 1991 et 1999) pouvait encore compter sur ses deux membres inférieurs.

Après cette dernière course olympique, le prochain défi de ce quarantenaire hyperactif pourrait être les 500 miles d’Indianapolis. Défi lancé par son ami américain Jimmy Vasser, un pilote de Champ Car, qui l’imaginerait bien participer à la course mythique. Mardi dernier, lors d’une conversation entre les deux hommes, Vasser lui lance : «Si tu gagnes l’or, je te placerai dans une voiture pour les 500 Miles d’Indianapolis.» Réponse de Zanardi : «Donc je le rappellerai et lui dirai : "Jimmy, c’est moi. J’ai eu la médaille d’or. Des nouvelles de la voiture ?" ».

http://www.liberation.fr/sports/201...-f1-devenu-star-des-jeux-paralympiques_844940
 
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