Algerie: dans les coulisses du dialogue national

Des témoins ont relayé les accusations de Luc Ferry auprès des enquêteurs français.
© Sipa
De nouveaux témoignages sont apparus dans l'affaire des accusations de pédophilie lancées par Luc Ferry à l'encontre d'un ancien ministre français. Des éléments qui pourraient faire progresser l'enquête.

L'affaire Luc Ferry pourrait rebondir. Selon une source proche du dossier, citée par Le Parisien, plusieurs personnes se seraient présentées « spontanément » aux enquêteurs depuis l'audition de l'ancien ministre français de l'Éducation nationale devant la brigade de protection des mineurs (BPM), le 3 juin dernier. Selon les informations du quotidien, ces témoins auraient apporté des précisions concernant les dates des faits évoqués par Luc Ferry le 30 mai sur Canal+, provoquant l'ouverture de procédures judiciaires en France et au Maroc. Le philosophe avait alors déclaré avoir eu connaissance de l’histoire d’un ministre français qui se serait fait « poisser » avec de jeunes garçons dans un hôtel de Marrakech. Une information qu'il avait assuré tenir des « plus hautes autorités de l’État ».

Les nouveaux témoignages, en cours de vérification, auraient d'ores et déjà permis de restreindre le champ d'investigation sur les années 2001 et 2004. D'autres auditions devraient suivre, notamment celles des clients des hôtels désignés aux dates précisées par ces témoins, ainsi que les diplomates français en poste à l'époque des faits présumés.
 
Le président algérien Abdelaziz Bouteflika, le 16 avril 2011 à Tlemcen.
© Farouk Batiche/AFP/Archives
La commission chargée de conduire les consultations autour des réformes politiques en Algérie, dont les travaux se sont achevés le 21 juin, a reçu quelque 250 personnalités et une cinquantaine de mémorandums. Que va-t-il en sortir ?

Entamées le 21*mai, les consultations autour des «*réformes politiques profondes*» annoncées le 15*avril par le président Abdelaziz Bouteflika se sont achevées le 21 juin. La commission chargée de recueillir les propositions des partis politiques, des personnalités nationales, des partenaires sociaux et des organisations de la société civile dispose désormais d’une dizaine de jours pour remettre un rapport final au chef de l’État.

Qui boycotte ?

Emmenée par Abdelkader Bensalah, président du Sénat, assisté de deux conseillers de la présidence, Mohamed Touati, général à la retraite, et Mohamed Boughazi (voir J.A. no*2628), la commission a reçu quelque 250 personnes et une cinquantaine de mémorandums et plateformes de propositions. L’écrasante majorité des personnalités conviées a répondu favorablement à l’invitation. Parmi ceux qui l’ont déclinée, on retrouve les frères ennemis du courant démocratique : le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, de Saïd Sadi) et le Front des forces socialistes (FFS, de Hocine Aït Ahmed). Mais aussi d’anciens Premiers ministres, tels qu’Ahmed Benbitour et Mokdad Sifi, ou encore des militants des droits de l’homme, comme Ali Yahia Abdennour, ancien ministre de la Justice, ou Me*Mustapha Bouchachi, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), deux des initiateurs de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), qui a vainement tenté de mobiliser la rue dans le sillage des révolutions arabes.

Parmi les questions clés débattues : la limitation des mandats électifs.

Convaincus qu’il n’est pas possible de réformer avec le système en place, ceux qui boycottent la commission Bensalah militent pour un départ préalable du pouvoir actuel, l’instauration d’une période de transition dont les contours seraient esquissés par consensus au sein de la classe politique. Quant à l’élaboration d’une nouvelle Constitution, elle devrait être confiée exclusivement à une Assemblée élue au suffrage universel. Mais les partisans d’une Constituante n’ont pas tous boudé le processus en cours, à l’instar de Louisa Hanoune (en photo, à droite), secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT, trotskiste), qui a soumis ses propositions à Bensalah, même si elle a déploré que la commission invite «*man habb wa dabb*», littéralement «*tout le monde et n’importe qui*». Un argument que rejette Mohamed Boughazi, qui insiste sur «*l’élargissement du champ des consultations à toutes les composantes de la société, qu’elles soient grandes ou petites, l’essentiel étant le contenu des propositions*». Comment se sont passées les consultations ?
 
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