Après le KO, le réveil dur: beaucoup de partis politiques perdants commencent à crier à la fraude. Mais comment le régime a pu frauder sans bourrer les urnes, sous le regard des observateurs étrangers et avec rien dans les mains et rien dans les poches?
La recette a un nom technique: l'article 85 de la loi organique n°12-01 du 12 janvier 2012 relative au régime électoral et au mode de scrutin.
Un système qui favorise les partis lourds
Que dit cet article magique qui permet de gagner des élections?
Il «donne lieu à une répartition des sièges proportionnelle au nombre de voix obtenues par chaque liste avec application de la règle du plus fort. Les listes qui n'ont pas obtenu au moins 5% des suffrages exprimés ne sont pas admises à la répartition des sièges», est-il indiqué dans le Journal officiel algérien.
Du coup, tous les partis qui nont pas dépassé les 5% des voix, sont éliminés et leurs scores sont «versés» aux concurrents, généralement les partis les plus forts et proches du régime. Le mode de vote favorise abusivement les partis lourds de lalliance présidentielle et ceux qui sont proches du régime, et lui servent de société-écran.
La recette a permis déliminer les listes indépendantes, mais dans la légalité. Le système de scrutin à la proportionnelle est fait ainsi: il a ses inconvénients et ses avantages, pour certains.
Des candidats FLN eux-mêmes surpris de leur victoire!
Du coup, on comprend mieux pourquoi le régime a accéléré la distribution des agréments pour les nouveaux partis algériens: cela permettait démietter les opposants, de rabattre les électeurs pour contrer labstention, et de gonfler, par défaut et par magie de la loi 85 le score des partis choyés.
Ainsi, les voix des petits partis allaient automatiquement vers les grands et servaient la confection dune majorité à lassemblée, qui reste une minorité au décompte direct des électeurs.
Depuis le déclenchement du printemps arabe, les autorités algériennes ont agréé 40 nouveaux partis, promettant même datteindre le chiffre de 100. À comparer avec les explications doctes du ministre de lIntérieur algérien qui affirmait, avant lère Bouazizi, quil était impossible de reconfigurer le champ politique algérien en si peu de temps, c'est-à-dire 12 ans. Linterdit avait eut court pendant deux décennies, depuis les années 90. Il sera levé en six mois et, désormais, il suffit dun mois de procédures pour avoir son sigle.
«Où était larnaque?»
Aujourdhui, cest plus intelligent. Lintelligence du régime algérien étant reconnue de part le monde, arabe ou pas, on devait s'attendre à une formule de sécurité politique qui ne heurte personne, qui ne peut pas être définie comme une fraude ou une triche et qui a les apparences de la loi mais les fonctions dune arnaque.
On a bien regardé les mains du pouvoir, ses poches, sous le tapis, dans le chapeau, avec les observateurs étrangers, on a revu les chiffres et les additions. Tout était clean et poussait à croire qu'il n'y avait pas de magie. Il a fallu quelques jours pour commencer à comprendre.
La «clé 85» permet en effet douvrir la première porte. Avec le temps, on en saura peut-être plus. Inutilement dailleurs: pétrole, Sahel, Mali, Azawad et gaz ont fait voter lOccident pour la stabilité du régime plutôt que pour lincertitude dun changement ou dune révolution de plus. On la compris.
Slateafrique
La recette a un nom technique: l'article 85 de la loi organique n°12-01 du 12 janvier 2012 relative au régime électoral et au mode de scrutin.
Un système qui favorise les partis lourds
Que dit cet article magique qui permet de gagner des élections?
Il «donne lieu à une répartition des sièges proportionnelle au nombre de voix obtenues par chaque liste avec application de la règle du plus fort. Les listes qui n'ont pas obtenu au moins 5% des suffrages exprimés ne sont pas admises à la répartition des sièges», est-il indiqué dans le Journal officiel algérien.
Du coup, tous les partis qui nont pas dépassé les 5% des voix, sont éliminés et leurs scores sont «versés» aux concurrents, généralement les partis les plus forts et proches du régime. Le mode de vote favorise abusivement les partis lourds de lalliance présidentielle et ceux qui sont proches du régime, et lui servent de société-écran.
La recette a permis déliminer les listes indépendantes, mais dans la légalité. Le système de scrutin à la proportionnelle est fait ainsi: il a ses inconvénients et ses avantages, pour certains.
Des candidats FLN eux-mêmes surpris de leur victoire!
Du coup, on comprend mieux pourquoi le régime a accéléré la distribution des agréments pour les nouveaux partis algériens: cela permettait démietter les opposants, de rabattre les électeurs pour contrer labstention, et de gonfler, par défaut et par magie de la loi 85 le score des partis choyés.
Ainsi, les voix des petits partis allaient automatiquement vers les grands et servaient la confection dune majorité à lassemblée, qui reste une minorité au décompte direct des électeurs.
Depuis le déclenchement du printemps arabe, les autorités algériennes ont agréé 40 nouveaux partis, promettant même datteindre le chiffre de 100. À comparer avec les explications doctes du ministre de lIntérieur algérien qui affirmait, avant lère Bouazizi, quil était impossible de reconfigurer le champ politique algérien en si peu de temps, c'est-à-dire 12 ans. Linterdit avait eut court pendant deux décennies, depuis les années 90. Il sera levé en six mois et, désormais, il suffit dun mois de procédures pour avoir son sigle.
«Où était larnaque?»
Aujourdhui, cest plus intelligent. Lintelligence du régime algérien étant reconnue de part le monde, arabe ou pas, on devait s'attendre à une formule de sécurité politique qui ne heurte personne, qui ne peut pas être définie comme une fraude ou une triche et qui a les apparences de la loi mais les fonctions dune arnaque.
On a bien regardé les mains du pouvoir, ses poches, sous le tapis, dans le chapeau, avec les observateurs étrangers, on a revu les chiffres et les additions. Tout était clean et poussait à croire qu'il n'y avait pas de magie. Il a fallu quelques jours pour commencer à comprendre.
La «clé 85» permet en effet douvrir la première porte. Avec le temps, on en saura peut-être plus. Inutilement dailleurs: pétrole, Sahel, Mali, Azawad et gaz ont fait voter lOccident pour la stabilité du régime plutôt que pour lincertitude dun changement ou dune révolution de plus. On la compris.
Slateafrique