Comme le titre le journal Le Monde: «Le psychodrame autour de la fuite de l’ex-chef de la direction générale de la sécurité intérieure Nasser El-Djinn placé en résidence surveillée révèle les luttes de factions au sein du régime algérien».
La fuite de ce membre de la plus haute hiérarchie sécuritaire algérienne illustre en effet la crise majeure que connaît actuellement le régime issu du coup d’État de 1962. Que l’on y songe: 155 hauts gradés de l’armée algérienne sont actuellement emprisonnés à la prison militaire de Blida. Parmi eux, 60 généraux, 10 généraux-majors et 85 colonels. Sans parler des dizaines et peut-être même des centaines d’officiers subalternes ou de sous-officiers…une situation unique au monde qui pourrait à la rigueur rappeler les purges de l’armée soviétique à l’époque stalinienne d’avant le second conflit mondial.
La réalité est que le régime d’El Mouradia est en passe d’être emporté par l’impitoyable guerre que se livrent les clans militaires. Un épisode qui fait écho aux sanglantes luttes de factions auxquelles, avant 1830, se livraient les composantes de l’odjak des janissaires. Or, les mœurs héritées de ce passé colonial turc, que l’histoire officielle de l’Algérie fait semblant d’ignorer, paraissent pourtant former la matrice de l’État militaire algérien d’aujourd’hui.
Un bref retour en arrière permet en effet de voir que les siècles passent, mais que les mœurs demeurent. Ainsi, durant la période des Beylerbey (1544-1587), le Beylerbey Hasssan-Corso fut jeté vivant sur les crochets du mur d’enceinte du fort Bab Hazoun, et en 1557 Mohamed Kurdogli fut égorgé.
La période des Aghas (1659-1671) débuta en 1659 avec le soulèvement des janissaires contre le pacha Ibrahim qui avait directement empoché l’argent envoyé par le sultan et qui était destiné à armer la flotte algéroise devant rallier l’armada ottomane. Durant cette période, tous les Aghas moururent de mort violente.
La période suivante qui fut celle des Deys dura de 1671 à 1830, date de l’arrivée des Français. Se succédèrent alors 22 deys, dont 12 furent assassinés, notamment durant l’incroyable journée du 15 août 1695. Ce jour-là, le Dey Hadj Ahmed Chabane fut assassiné par la milice janissaire. Sept prétendants au pouvoir furent ensuite successivement désignés, mais tous les sept furent massacrés le même jour dans le palais de la Jenina. Finalement, le chef des cuisines du palais arma les marmitons et les gâte-sauces et il tua les conjurés un par un.
Dans les années qui suivirent, Hadj Mustapha Dey fut assassiné cependant que Mohamed Bagdach était massacré par la foule le 22 mars 1710. Dely Ibrahim Dey fut assassiné ainsi que Mohamed ben Hassan. En 1748, Ibrahim Kutchuk Dey fut empoisonné et en décembre 1754, Mohamed ben Bakir Dey fut tué par Ouzoun Ali qui se proclame Dey, mais qui fut abattu le même jour. Quant à Mustapha Dey, il fut égorgé en 1805 cependant qu’Ahmed Dey fut décapité par les janissaires le 7 novembre 1808. Enfin, Hadj Alin Dey et Omar Agha furent étranglés ou égorgés respectivement le 7 avril 1809 et le 8 octobre 1816…
Par Bernard Lugan
La fuite de ce membre de la plus haute hiérarchie sécuritaire algérienne illustre en effet la crise majeure que connaît actuellement le régime issu du coup d’État de 1962. Que l’on y songe: 155 hauts gradés de l’armée algérienne sont actuellement emprisonnés à la prison militaire de Blida. Parmi eux, 60 généraux, 10 généraux-majors et 85 colonels. Sans parler des dizaines et peut-être même des centaines d’officiers subalternes ou de sous-officiers…une situation unique au monde qui pourrait à la rigueur rappeler les purges de l’armée soviétique à l’époque stalinienne d’avant le second conflit mondial.
La réalité est que le régime d’El Mouradia est en passe d’être emporté par l’impitoyable guerre que se livrent les clans militaires. Un épisode qui fait écho aux sanglantes luttes de factions auxquelles, avant 1830, se livraient les composantes de l’odjak des janissaires. Or, les mœurs héritées de ce passé colonial turc, que l’histoire officielle de l’Algérie fait semblant d’ignorer, paraissent pourtant former la matrice de l’État militaire algérien d’aujourd’hui.
Toute l’histoire des trois siècles de colonisation ottomane de l’actuelle Algérie est en effet émaillée de règlements de purges, de massacres, de féroces et sanglantes guerres de factions au sein de l’odjak des janissaires. Des règlements de comptes observés aujourd’hui comme hier, par une population tenue en otage des intérêts de clans militaires qui n’en finissent pas de s’entre-détruire.«Toute l’histoire des trois siècles de colonisation ottomane de l’actuelle Algérie est en effet émaillée de règlements de purges, de massacres, de féroces et sanglantes guerres de factions au sein de l’odjak des janissaires.»
— Bernard Lugan
Un bref retour en arrière permet en effet de voir que les siècles passent, mais que les mœurs demeurent. Ainsi, durant la période des Beylerbey (1544-1587), le Beylerbey Hasssan-Corso fut jeté vivant sur les crochets du mur d’enceinte du fort Bab Hazoun, et en 1557 Mohamed Kurdogli fut égorgé.
La période des Aghas (1659-1671) débuta en 1659 avec le soulèvement des janissaires contre le pacha Ibrahim qui avait directement empoché l’argent envoyé par le sultan et qui était destiné à armer la flotte algéroise devant rallier l’armada ottomane. Durant cette période, tous les Aghas moururent de mort violente.
La période suivante qui fut celle des Deys dura de 1671 à 1830, date de l’arrivée des Français. Se succédèrent alors 22 deys, dont 12 furent assassinés, notamment durant l’incroyable journée du 15 août 1695. Ce jour-là, le Dey Hadj Ahmed Chabane fut assassiné par la milice janissaire. Sept prétendants au pouvoir furent ensuite successivement désignés, mais tous les sept furent massacrés le même jour dans le palais de la Jenina. Finalement, le chef des cuisines du palais arma les marmitons et les gâte-sauces et il tua les conjurés un par un.
Dans les années qui suivirent, Hadj Mustapha Dey fut assassiné cependant que Mohamed Bagdach était massacré par la foule le 22 mars 1710. Dely Ibrahim Dey fut assassiné ainsi que Mohamed ben Hassan. En 1748, Ibrahim Kutchuk Dey fut empoisonné et en décembre 1754, Mohamed ben Bakir Dey fut tué par Ouzoun Ali qui se proclame Dey, mais qui fut abattu le même jour. Quant à Mustapha Dey, il fut égorgé en 1805 cependant qu’Ahmed Dey fut décapité par les janissaires le 7 novembre 1808. Enfin, Hadj Alin Dey et Omar Agha furent étranglés ou égorgés respectivement le 7 avril 1809 et le 8 octobre 1816…
Par Bernard Lugan