Algérie: règlements de comptes au sein de l’odjak des janissaires

  • Initiateur de la discussion Initiateur de la discussion hajjesus
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L'étude attentive de l’histoire montre que l’Algérie est aujourd’hui lourdement imprégnée par les méthodes de gouvernement héritées de la colonisation turque. Le régime d’El Mouradia est en effet fracturé en coulisses par une impitoyable guerre de clans militaires, à l’image de celles que se livraient avant 1830 les composantes de l’odjak des janissaires. Durant la colonisation turque, l’objectif était de faire main basse sur la Régence afin de s’emparer du butin de la piraterie et de la vente des esclaves. Aujourd’hui, l’enjeu principal est de contrôler l’État pour accéder à la rente des hydrocarbures et tirer profit des trafics en tous genres.

Retour sur ce passé turc que l’histoire officielle fait semblant d’ignorer et qui, pourtant, constitue aujourd’hui la matrice de l’État militaire algérien.

Durant la période des Beylerbey (1544-1587), le pouvoir oscilla entre la taïfa des raïs, (la confrérie des capitaines corsaires) et les janissaires. Durant ces quelques décennies, les règlements de compte furent nombreux. Le beylerbey Hasssan-Corso fut ainsi jeté vivant sur les crochets du mur d’enceinte du fort Bab Hazoun, et en 1557 Mohamed Kurdogli fut égorgé.

La période dite des Pachas triennaux (1587-1659) nommés pour trois ans par la Porte ottomane fut plus calme, car, comme il s’agissait d’une charge achetée, leurs titulaires qui avaient pour but principal de se rembourser, puis de s’enrichir durant les trois années de leur mandat, eurent pour priorité de ne pas se créer localement d’ennemis.

«Résultat de l’impitoyable guerre à laquelle se livrent les clans militaires, en Algérie, il faudra bientôt compter les généraux qui ne sont pas passés par la case prison puisque dix généraux-majors, soixante généraux et quatre-vingt-cinq colonels sont ou furent emprisonnés dans la prison militaire de Blida.»​


La période des Aghas (1659-1671) fut celle de l’instauration d’une sorte de république militaire ayant pour chef l’agha des janissaires élu pour deux mois, ce qui déboucha sur une totale anarchie, tous les Aghas mourant de mort violente.

La période suivante fut celle des Deys. De 1671 à 1830, date de l’arrivée des Français, se succédèrent ainsi 29 deys dont 17 furent assassinés. Parmi eux:

-Mohamed Bagdach, massacré par la foule le 22 mars 1710, Deli Ibrahim, assassiné par sa garde, Mohamed ben Hassan, assassiné par les reis 1724, Ibrahim Kutchuk, empoisonné en 1748. Mohamed ben Bakir, fut quant à lui tué en décembre 1754 par Ouzoun Ali qui se proclame dey, mais qui fut abattu le même jour. Baba Ali Belmouti fut empoisonné en 1766, Mustapha fut égorgé en 1805, cependant qu’Ahmed Bey fut décapité par les janissaires le 7 novembre 1808. Pour leur part, Hadj Alin et Omar Agha furent étranglés, le premier le 7 avril 1809, le second le 8 octobre 1816.

Aujourd’hui, après l’épuration des membres du clan du général Gaïd Salah dit «le glouton», c’est au tour du clan du général Chengriha de «profiter» de la fonction. Et ses membres brûlent les étapes, car ils n’ignorent pas que, quand leur chef aura passé de vie à trépas, ce sera à leur tour d’être épurés par les colonels et les généraux qui attendent de plus en plus impatiemment leur tour… Ce qui provoque la fureur épuratrice préventive des janissaires menacés.

Voilà pourquoi les arrestations se multiplient, le plus souvent sous des motifs fallacieux, dans une continuité de guerres claniques ayant débuté en 1962 avec le coup d’État de l’armée des frontières contre le GPRA.

Résultat de l’impitoyable guerre à laquelle se livrent les clans militaires, en Algérie, il faudra bientôt compter les généraux qui ne sont pas passés par la case prison puisque dix généraux-majors, soixante généraux et quatre-vingt-cinq colonels sont ou furent emprisonnés dans la prison militaire de Blida.

 
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