par Gideon Levy
Au cours du week-end, l’armée israélienne a lancé une opération de destruction à Gaza dont tout Israël est partenaire, que ce soit par action, par méconnaissance ou par indifférence. Personne ne sera absous. Bien sûr, Benjamin Netanyahou est complice au premier chef.
Le Premier ministre est en train d’écrire le chapitre le plus décisif de sa biographie politique. C’est ainsi qu’on se souviendra de lui. Pas pour le coup d’État judiciaire, pas pour ses premières réalisations, pas pour l’échec de son gouvernement, pas pour ses inculpations et ses procès criminels. Les chariots du génocide que l’armée israélienne conduit aujourd’hui sous son commandement définiront son legs.
On se souviendra toujours de lui comme du destructeur de Gaza. Tout le reste pâlit en comparaison et sera oublié, comme la neige qui fond. Dans 50 ans, l’entrée de Wikipedia appellera Benjamin Netanyahou le destructeur de Gaza. Heureusement pour eux, tous ses ministres seront oubliés. On ne se souviendra pas d’un seul membre de cette équipe hétéroclite, sans queue ni tête et sans âme, pas même du ministre de la Défense Israel Katz.
Le sous-traitant principal est le chef d’état-major des FDI, Eyal Zamir. Il a promis et mené à bien cette entreprise de destruction. C’est ainsi qu’on se souviendra de lui : Zamir, le chef d’état-major de la destruction. Le commandant de l’armée de l’air israélienne, Tomer Bar, sera son partenaire principal, le chef de la force de destruction aérienne dont les pilotes ont massacré un grand nombre de personnes depuis le ciel, sans discernement et sans pitié, et qui va maintenant poursuivre son action avec encore plus d’acharnement, sans but et sans utilité. Leurs crimes ne pourront jamais être pardonnés. Leurs mains sont couvertes de sang. Si quelqu’un en doutait encore, les 19 derniers mois ont démontré que les pilotes de l’armée de l’air ne sont pas les bons.
L’histoire les jugera au même titre que les hauts gradés de l’armée israélienne, dont aucun n’a eu le courage de refuser, d’ouvrir sa gueule ou de renoncer à son grade. C’est ainsi que l’on se souviendra de ces commandants de Tsahal, même si, pour de nombreux Israéliens, ils restent les héros du moment. Qu’ils soient jugés à La Haye ou non, ils le seront devant l’histoire, ce qui est le plus important.
Ils n’ont pas envoyé les FDI dans une guerre comme les autres – il n’y a plus personne contre qui la mener – mais dans une opération de destruction explicite et déclarée. Récemment, tous les filets de camouflage ont été retirés non seulement des machines à tuer, mais aussi des mots clés utilisés : Israël affirme vouloir provoquer la destruction complète et définitive de Gaza, concentrer les derniers réfugiés de Gaza dans une zone dense, après les avoir affamés pendant deux mois et demi, et les écraser. Ce n’est pas une guerre – dans une guerre, il y a deux côtés au conflit – mais plutôt un assaut barbare sur des montagnes de décombres et sur deux millions de déplacés démunis, choqués, épuisés, handicapés et malades qui n’ont ni abri ni refuge. Si l’armée israélienne ose distribuer médailles de mérite à la suite de cette «guerre», ce seront des citations pour génocide pour ses commandants exceptionnels.
Tout comme les commandants, les soldats qui y participent sont également complices. Une minorité d’entre eux le regrettera un jour. Les autres refouleront leur culpabilité. Et que diront-ils à leurs enfants ? Qu’ils ont rasé Gaza ? Qu’ils ont bombardé des hôpitaux et des écoles ? Mais le gouvernement et l’armée ne sont pas les seuls à avoir agi de la sorte. Il y a eu ceux qui ont fourni une couverture, qui ont encouragé, incité, dissimulé et menti – la grande majorité des médias israéliens. On leur attribuera également la destruction de Gaza. Ils y ont participé – et de quelle manière. Il s’agit du nadir des médias israéliens.