Rien ne stoppera le clan Assad?
– Il a été trop loin pour reculer et est prêt à détruire le pays, avec ce slogan: «Bachar ou le feu.» Si on veut la paix, il faut donc se résoudre plus ou moins à le laisser en place. Car, s’il est dos au mur, menacé par la justice internationale, il se battra jusqu’au bout. Mais, comme cette option est inconcevable pour l’opposition, le scénario d’un éclatement du pays doit être envisagé, où aucune réconciliation ne serait possible et où un Etat alaouite finirait par se barricader sur la côte.
– Il n’y a aucun espoir de négociation avec l’opposition en exil?
– En raison de ces dissensions, elle n’a pas encore été capable de former un gouvernement provisoire. Il serait censé gérer les zones libérées, mais en réalité la Coalition nationale syrienne (CNS) n’a aucun contrôle sur elles et manque cruellement d’argent. Elle demande 500 millions de dollars afin d’approvisionner les rebelles en armes, et les populations en nourriture. Les sommes promises n’arrivent pas. En prônant le dialogue avec des éléments du régime, le président de la CNS, Moaz al-Khatib, a endossé une posture tactique. Il veut passer pour quelqu’un d’ou*vert, mais il peine à s’imposer au sein même de son camp.
– Risque-t-on l’embrasement régional?
– L’impact est considérable car le conflit syrien réactive tous les problèmes communautaires dans la région. Au Liban, chiites et sunnites sont à couteaux tirés. En Irak, les sunnites sont en pleine confrontation avec le gouvernement d’Al-Maliki. En outre, la guerre en Syrie bloque toute l’économie de la région, avec des ****séquences graves, en Jordanie notamment. Deux blocs géopolitiques se sont créés et s’affrontent: d’un côté l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. De l’autre, l’Iran et l’Irak. Ces deux blocs sont richissimes grâce au pétrole et financent leur expérience de guerre en Syrie, qui joue le rôle d’Etat tampon. Si on ajoute à cela la relation entre la Russie et les Etats-Unis, on est en plein scénario de Guerre froide.
– Bachar el-Assad ne lâchera pas?
– On s’est trompé sur son compte. En janvier 2011, alors que débutaient les printemps arabes, il avait glissé à des proches, lors d’un dîner privé: «Mon père a tué 30 000 personnes à Hama en 1982, il a eu 30 années de sécurité.» Tout était clair.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/e029549c-8ce9-11e2-b56d-ed4c09f9e0cb|2
– Il a été trop loin pour reculer et est prêt à détruire le pays, avec ce slogan: «Bachar ou le feu.» Si on veut la paix, il faut donc se résoudre plus ou moins à le laisser en place. Car, s’il est dos au mur, menacé par la justice internationale, il se battra jusqu’au bout. Mais, comme cette option est inconcevable pour l’opposition, le scénario d’un éclatement du pays doit être envisagé, où aucune réconciliation ne serait possible et où un Etat alaouite finirait par se barricader sur la côte.
– Il n’y a aucun espoir de négociation avec l’opposition en exil?
– En raison de ces dissensions, elle n’a pas encore été capable de former un gouvernement provisoire. Il serait censé gérer les zones libérées, mais en réalité la Coalition nationale syrienne (CNS) n’a aucun contrôle sur elles et manque cruellement d’argent. Elle demande 500 millions de dollars afin d’approvisionner les rebelles en armes, et les populations en nourriture. Les sommes promises n’arrivent pas. En prônant le dialogue avec des éléments du régime, le président de la CNS, Moaz al-Khatib, a endossé une posture tactique. Il veut passer pour quelqu’un d’ou*vert, mais il peine à s’imposer au sein même de son camp.
– Risque-t-on l’embrasement régional?
– L’impact est considérable car le conflit syrien réactive tous les problèmes communautaires dans la région. Au Liban, chiites et sunnites sont à couteaux tirés. En Irak, les sunnites sont en pleine confrontation avec le gouvernement d’Al-Maliki. En outre, la guerre en Syrie bloque toute l’économie de la région, avec des ****séquences graves, en Jordanie notamment. Deux blocs géopolitiques se sont créés et s’affrontent: d’un côté l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie. De l’autre, l’Iran et l’Irak. Ces deux blocs sont richissimes grâce au pétrole et financent leur expérience de guerre en Syrie, qui joue le rôle d’Etat tampon. Si on ajoute à cela la relation entre la Russie et les Etats-Unis, on est en plein scénario de Guerre froide.
– Bachar el-Assad ne lâchera pas?
– On s’est trompé sur son compte. En janvier 2011, alors que débutaient les printemps arabes, il avait glissé à des proches, lors d’un dîner privé: «Mon père a tué 30 000 personnes à Hama en 1982, il a eu 30 années de sécurité.» Tout était clair.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/e029549c-8ce9-11e2-b56d-ed4c09f9e0cb|2