Ces images peuvent choquer. Ce samedi 13 février, en fin d'après-midi, une patrouille de police a été agressée dans le quartier Beauregard à Poissy (Yvelines). Selon le Figaro, les forces de l'ordre ont reçu un signalement d’un attroupement de jeunes sur la voie publique. Dès leur arrivée, les policiers se sont fait attaquer à grands coups de mortiers par une dizaine d'individus qui hurlaient "Tuez-les".
Dépassés numériquement et confrontés à d'intenses tirs de mortiers, les policiers ont donc dû utiliser les gaz lacrymogènes. Un tir de LBD (lanceur de balles de défense), des grosses munitions en caoutchouc qui ne font pas l'unanimité en France à cause de leur dangerosité, a également été effectué.
Si les renforts sont venus assez rapidement, les agresseurs avaient déjà pris la fuite. Sur son compte Twitter, le SICP, le syndicat indépendant des commissaires de police, a sorti la vidéo afin de démontrer la "haine du flic" dans ces quartiers dits difficiles.
La SICP a également bondi face aux déclarations de la Défenseure des droits, Claire Hébon. Cette dernière avait suggéré ce vendredi 12 février de créer des "zones sans contrôle d'identité." Selon elle, ces contrôles sont obsolètes. "Est-ce qu'on ne pourrait pas expérimenter l'arrêt du contrôle d'identité ?" s'est-elle interrogée sur France Info. "Dans certains quartiers, pour certains jeunes, cela devient insupportable. Dans 95 % des cas les contrôles d'identité ne donnent rien."
Pour les syndicats, cette déclaration ne passe pas. "Comme solution, la Défenseure des droits promeut la création de zones sans contrôles d'identité, c'est à dire de 'non droit'. Mme Claire Hedon, ces habitants ne sont pas des sous-citoyens. Ils ont le droit à la sécurité!"
Ce week-end, ils avaient déjà avoué ne pas croire à ce projet de zones sans contrôle d'identité. "En résumé, ce sont des fan zones pour les délinquants... Faudra juste penser à bien les baliser pour que les honnêtes citoyens n’y entrent pas" avait ironisé le syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN).
Cette proposition avait également enragé le syndicat Synergie-Officiers qui accuse Claire Hédon d'être en dehors des réalités. "La prochaine fois que les policiers croiseront une bande en route pour une expédition punitive armée, ils détourneront le regard ? La Défenseure des droits est définitivement hors-sol et vit dans un monde parallèle de bobos", a-t-il tweeté. La SICP a abondé dans ce sens: "Les habitants de ces quartiers ont le même droit à la sécurité partout, pas uniquement dans les quartiers bobo" avait déclaré Matthieu Valet, secrétaire national adjoint du syndicat.
Pour répondre à Claire Hédon, l'Alliance, un des principaux syndicats des gardiens de la paix, avait répondu par un tract très explicite. "Le problème de nos quartiers, ce ne sont pas les policiers. Ne facilitez pas le travail des délinquants en créant des zones de non-droit."
Pour Le Figaro, Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat Unité SGP Police FO, cette proposition est indécente. "La Défenseure des droits suppose que c'est l'action de la police qui est responsable de la délinquance dans certains quartiers. Il n'y aura pas de baisse de la délinquance mais simplement une baisse des interpellations."
Selon elle, ces zones de non-droit ne régleront pas le problème de la criminalité. Ni celles des victimes. "Des individus pourront commettre des délits et des crimes sans que les policiers ne puissent plus s'adresser à eux. Cette initiative donne un blanc-seing à la délinquance et à la criminalité. Cela va mettre en difficulté les victimes dans ces territoires."
Ce problème soulève beaucoup de questions. Et ce jusqu'à l'Elysée. Eric Dupont Moretti, le ministre de la Justice, s'est également penché sur le sujet ce dimanche lors du Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI. "C'est une proposition illusoire" a-t-il commencé. "Imaginez que l'on ne puisse plus contrôler un territoire (...) On ne vit pas au pays des Bisounours." En revanche, le ministre a ajouté qu'il était favorable aux "caméras-piétons".
Une chose est certaine, le sujet n'a pas fini de faire parler de lui dans l'Hexagone.