
Au Maroc, la Belgique égratigne la liberté de la presse
Lors d’une visite de la ministre des Affaires étrangères à Rabat, la diplomatie a été préférée à la liberté de la presse.
Drôle » de scène lors de la première visite au Maroc de la ministre des Affaires étrangères Hadja Lahbib. Un groupe de journalistes (dont Le Soir ) suivait l’ex-journaliste à Rabat. La conférence de presse tenue avec son homologue marocain n’a eu de « presse » que le nom.
La ministre est jeudi et vendredi en visite au Maroc pour rencontrer son homologue Nasser Bourita. Les deux ministres discutaient notamment de coopération judiciaire et migratoire et des conséquences de la guerre en Ukraine. A l’issue de leur rencontre, Hadja Lahbib et Nasser Bourita devaient s’exprimer devant les médias belges et marocains.
Comme il est de coutume, le thème des questions devait être communiqué avant la montée dans l’avion. Surprise (ou pas) à la descente de l’appareil : le Maroc refuse les deux thématiques (la lutte contre le trafic de drogue et la migration, toutes deux à l’agenda de la réunion). Rien d’étonnant de la part d’un pays connu pour enfermer ses journalistes libres, comme en témoigne le cas d’Omar Radi.
Dans la foulée, les Affaires étrangères, visiblement gênées par ce refus marocain, transmettent une demande pour le moins étrange : les journalistes belges pourraient-ils poser une question quasiment dictée du côté marocain ? Le refus est (heureusement) accepté.
Mais la conférence de presse n’est donc plus qu’une conférence. On évite l’incident diplomatique avec un partenaire essentiel de la Belgique, à un moment où « un nouveau chapitre » s’ouvre entre les deux pays, comme s’en félicite le ministre marocain.
Dans des pays peu amis de la liberté de la presse, les pressions à l’encontre des journalistes, même suivant une délégation officielle, sont fréquentes. Mais il est rare que les autorités belges se fassent le relais des demandes saugrenues de ces partenaires imparfaits.
Lors de son discours, la ministre belge, qui n’avait pas connaissance de l’incident, a rappelé qu’en « période de guerre, la première victime, c’est la vérité. Depuis le début de mon mandat, je m’attelle à rétablir la vérité »… Mais la vérité passe d’abord par une presse libre.