Au cœur de la crise politique qui fait tanguer le gouvernement fédéral : le pacte de Marrakech sur les migrations.
Beaucoup de "fake news" circulent à ce propos, notamment sur les réseaux sociaux.
Andrea Rea, professeur de sociologie à l'ULB, était l'invité de La Première ce jeudi matin pour décrypter ce Pacte.
La N-VA, dans une campagne publicitaire finalement retirée, affirmait que le Pacte sur les migrations de l'ONU va rendre le séjour irrégulier non punissable, qu'il va assouplir les procédures de regroupement familial et qu'il va rendre plus difficile la détention des immigrants illégaux. Est-ce vrai ?
"C'est une interprétation tout à fait abusive de ce que dit le Pacte, par rapport à la migration. D'abord parce qu'il laisse la souveraineté totalement aux États, et donc ce sont les États qui vont décider. Ça donne juste des lignes directrices pour les États dans une logique d''immigration sûre, régulière et ordonnée'. Il faut insister sur 'ordonnée', puisque l'idée est d'essayer d'arrêter l'immigration irrégulière.
Ce que dit la N-VA, c'est une extrapolation tout à fait abusive parce que ce que dit l'ONU est même en deçà de ce que la législation européenne en général a déjà décidé. Donc, on est surtout sur une bataille symbolique plutôt que sur une extension des droits des migrants avec le Pacte."
Marine Le Pen dit qu'on prépare une nouvelle étape dans la submersion organisée de nos pays. Est-ce que c'est faux ?
"Oui, c'est tout à fait faux. Encore une fois, ce sont les États qui doivent décider de la procédure migratoire. Ça se passe dans des débats généraux de l'ONU, dont l'objectif était de dire 'arrêtons de voir la migration uniquement sur la question de l'irrégularité et insistons sur une immigration ordonnée'. J'insiste beaucoup, il y a trois termes et il y en a un qu'on oublie complètement, c'est celui de 'ordonnée'."
On ne peut pas continuer à avoir une immigration qui se paie par des noyades
Alors qu'autrefois c'était le chaos, avec quasiment une catastrophe humaine...
"Tout à fait, et quelque part, c'est aussi une réaction en disant : 'On ne peut pas continuer au niveau du globe à avoir une immigration qui se paie par des noyades, par exemple, ou par un certain nombre de personnes qui sont dans des souffrances, voire même qui vont décéder pendant la route migratoire'."
Ou des gens qui se font de l'argent sur le dos des migrants...
"Exactement, des passeurs ou même des organisations criminelles qui se font de l'argent sur ce phénomène mondial qu'est la migration. Le Pacte propose de traiter les migrants comme des êtres humains en donnant un certain nombre de garanties, mais en donnant aussi énormément de garanties aux États puisque c'est eux qui vont décider de comment ordonner une migration, voire dire aussi de ne plus avoir de migrants.
Là où il y une réinterprétation très forte, polémique et surtout symbolique de la part de l'extrême droite en général, mais aussi de tous les gouvernements où l'extrême droite est très puissante - par exemple comme en Autriche - c'est parce que le Pacte dit que l'immigration est positive pour le développement économique et des sociétés, qui est un argument qui ne sait plus être entendu par les partis d'extrême droite et par une partie de l'opinion publique.
La crainte, qu'a d'ailleurs aussi exprimée l'Autriche, est le fait que le Pacte puisse donner des droits aux migrants.
Mais les droits aux migrants existent en fait déjà ; les États européens les donnent, et ils les donnent d'ailleurs bien au-dessus de ce que le Pacte prévoit."
On n'a jamais eu aussi peu de migrants en Europe qu'aujourd'hui
Beaucoup de "fake news" circulent à ce propos, notamment sur les réseaux sociaux.
Andrea Rea, professeur de sociologie à l'ULB, était l'invité de La Première ce jeudi matin pour décrypter ce Pacte.
La N-VA, dans une campagne publicitaire finalement retirée, affirmait que le Pacte sur les migrations de l'ONU va rendre le séjour irrégulier non punissable, qu'il va assouplir les procédures de regroupement familial et qu'il va rendre plus difficile la détention des immigrants illégaux. Est-ce vrai ?
"C'est une interprétation tout à fait abusive de ce que dit le Pacte, par rapport à la migration. D'abord parce qu'il laisse la souveraineté totalement aux États, et donc ce sont les États qui vont décider. Ça donne juste des lignes directrices pour les États dans une logique d''immigration sûre, régulière et ordonnée'. Il faut insister sur 'ordonnée', puisque l'idée est d'essayer d'arrêter l'immigration irrégulière.
Ce que dit la N-VA, c'est une extrapolation tout à fait abusive parce que ce que dit l'ONU est même en deçà de ce que la législation européenne en général a déjà décidé. Donc, on est surtout sur une bataille symbolique plutôt que sur une extension des droits des migrants avec le Pacte."
Marine Le Pen dit qu'on prépare une nouvelle étape dans la submersion organisée de nos pays. Est-ce que c'est faux ?
"Oui, c'est tout à fait faux. Encore une fois, ce sont les États qui doivent décider de la procédure migratoire. Ça se passe dans des débats généraux de l'ONU, dont l'objectif était de dire 'arrêtons de voir la migration uniquement sur la question de l'irrégularité et insistons sur une immigration ordonnée'. J'insiste beaucoup, il y a trois termes et il y en a un qu'on oublie complètement, c'est celui de 'ordonnée'."
On ne peut pas continuer à avoir une immigration qui se paie par des noyades
Alors qu'autrefois c'était le chaos, avec quasiment une catastrophe humaine...
"Tout à fait, et quelque part, c'est aussi une réaction en disant : 'On ne peut pas continuer au niveau du globe à avoir une immigration qui se paie par des noyades, par exemple, ou par un certain nombre de personnes qui sont dans des souffrances, voire même qui vont décéder pendant la route migratoire'."
Ou des gens qui se font de l'argent sur le dos des migrants...
"Exactement, des passeurs ou même des organisations criminelles qui se font de l'argent sur ce phénomène mondial qu'est la migration. Le Pacte propose de traiter les migrants comme des êtres humains en donnant un certain nombre de garanties, mais en donnant aussi énormément de garanties aux États puisque c'est eux qui vont décider de comment ordonner une migration, voire dire aussi de ne plus avoir de migrants.
Là où il y une réinterprétation très forte, polémique et surtout symbolique de la part de l'extrême droite en général, mais aussi de tous les gouvernements où l'extrême droite est très puissante - par exemple comme en Autriche - c'est parce que le Pacte dit que l'immigration est positive pour le développement économique et des sociétés, qui est un argument qui ne sait plus être entendu par les partis d'extrême droite et par une partie de l'opinion publique.
La crainte, qu'a d'ailleurs aussi exprimée l'Autriche, est le fait que le Pacte puisse donner des droits aux migrants.
Mais les droits aux migrants existent en fait déjà ; les États européens les donnent, et ils les donnent d'ailleurs bien au-dessus de ce que le Pacte prévoit."
On n'a jamais eu aussi peu de migrants en Europe qu'aujourd'hui