Bible versus Big-Bang: et si on n’avait plus à choisir son camp?

Lors d’une conférence ce mardi au Musée international de la Réforme, le pasteur et physicien Roland Benz expliquera pourquoi il croit que les deux hypothèses ne sont pas si incompatibles que ça.

En quoi le récit de la Genèse et la théorie du Big-bang ne sont-ils pas si incompatibles que ça à vos yeux?
Parce qu’ils ne sont pas comparables, précisément. Outre le fait qu’ils soient écrits dans des contextes complètement différents, ils ne posent pas la question des origines de la même façon. Le texte de Genèse 1 affirme que Dieu, Elohim, met en ordre la création pour que la vie y soit possible. On est sur la question du pourquoi. Ce texte biblique s’apparente à un grand poème liturgique, une louange adressée à ce Dieu qui a créé le monde. Il ne porte pas sur le comment. Le modèle cosmologique dit du Big-Bang est, quant à lui, un modèle du monde réalisé à partir de tout un arsenal théorique mathématique, d’observations, de mesures, etc. Le récit biblique de la création est ainsi plus de l’ordre de la reconnaissance, et les modèles scientifiques de l’ordre la connaissance.

N’aurait-on pas alors tendance à croire plutôt la seconde version?
Permettez-moi un exemple. Un jeune homme est amoureux d’une jeune fille et veut lui faire savoir. Il lui offre un bouquet de fleurs, et lui adresse alors un doux «Je t’aime». Celle-ci lui répond alors «Merci pour l’information» et part analyser les fleurs sous son microscope. Les deux visions sont identiquement justes. Les récits de la création disent une relation au transcendant pour fonder une origine, alors que les modèles scientifiques cherchent à dire un comment, à détailler un processus. Et contrairement aux apparences, on peut relever différentes articulations possibles entre le texte biblique et la théorie du Big-Bang…

Quelles sont donc les principales correspondances que vous y voyez?
D’abord le fait que l’acte créateur est une mise en ordre, un arrachement au chaos. C’est d’ailleurs bien cette croyance initiale qui est nécessaire à tout scientifique: l’idée que ce monde est régi par un ordre, qui n’est pas immédiatement repérable, mais qui peut être défini, expliqué, théorisé. S’il n’a pas cette croyance, il ne peut pas faire des sciences.

L’autre apport de Genèse 1, c’est la dédivinisation totale du monde et de la nature, ce qui est totalement inédit par rapport aux mythes des différents peuples alentour. Or la dédivinisation à laquelle procède Genèse 1 est une des conditions nécessaires à la possibilité de faire des sciences: si on continue à penser le monde sous forme magique et de voir des esprits derrière tel arbre ou tel animal, cela empêche toute démarche scientifique.

Troisièmement, récit biblique, Big-Bang et théorie de l’évolution présentent tous une progression dans le temps avec des étapes. Même si celles-ci ne correspondent pas du tout en termes de durée (lire l’encadré, ndlr), reste cette notion de progression.
votre cerveau! On peut tout à fait réduire une expérience humaine profonde à un discours scientifique, mais ce discours est-il vraiment l’expérience que l’on vit?

 
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