Bouchareb répond aux accusations de plagiat

Exclusif. Accusé de plagiat par deux scénaristes, le réalisateur de Hors-la-loi répond aux critiques dans le JDD

Hors-la-loi doit affronter une nouvelle polémique. Les producteurs, auteurs et réalisateur du film sont en effet poursuivis pour contrefaçon. Après les manifestations cannoises et les déclarations du député Lionnel Luca, accusant le film de négationnisme, Rachid Bouchareb finit par s’interroger: "Ce sujet dérange-t-il tellement pour qu’il y ait cette accumulation de choses qui tentent de nuire au film?" De leur côté, Farid Afiri et Philippe Roques, auteurs d’un scénario intitulé Sparring Partners, disent avoir envoyé leur synopsis et scénario à Jean Bréhat en 2006 et 2007.
 
Le producteur de Hors-la-loi, qui siège par ailleurs dans deux commissions au CNC d’aide à l’écriture, se dit "extrêmement serein". Les deux plaignants réclament 750.000 euros, l’interdiction du film et dénoncent de nombreuses similitudes "flagrantes" entre les deux scripts, bien que les synopsis divergent. Hors-la-loi raconte les destins contraires de trois frères, échoués en partie dans le bidonville de Nanterre, entre combat politique, guerre d’indépendance et boxe. Sparring Partners, ceux de deux amis, séparés par la vie, et par cette même guerre, qui finiront par se retrouver en région parisienne dans un club de boxe. L’audience se tiendra le 12 octobre prochain au tribunal de Paris.

"C’est mon histoire, celle de mes parents, de leurs amis que je raconte"
Face à ces accusations, très en colère, Rachid Bouchareb a accepté de s’expliquer en exclusivité dans le JDD.

"Je suis vraiment très agacé par cette accusation. Je n’ai jamais lu le scénario de ces deux personnes. Je ne les ai jamais rencontrées non plus. Toute la matière qui existe dans Hors-la-loi fait d’abord partie de l’Histoire avec un grand H. Quant à la 'petite' histoire, elle est née au moment de l’écriture d’Indigènes en 2003-2004, premier volet d’une trilogie. Franchement, on n’est pas des idiots pour aller plagier le scénario de quelqu’un et se retrouver dans cette situation. C’est complètement dingue. J’ai travaillé pendant deux ans sur le script de Hors-la-loi avec Olivier Lorelle. Au-delà de cette polémique, c’est en partie mon histoire, celle de mes parents, de leurs amis que je raconte ici. A travers eux, j’ai vécu la guerre, le bidonville. Mes parents étaient en plein dedans. Je suis plus vieux que ces gens-là. J’ai tous mes souvenirs. Les grands thèmes que j’aborde comme la mort, la vengeance, l’amitié, la fraternité, le combat politique, sont universels…

En 1996, j’ai déjà réalisé un film, Les Années déchirées, où on parlait de familles expropriées, d’un personnage qui, dans son village, voit ses proches mourir, poursuit-il. Vous savez, Les Raisins de la colère et L’Armée des ombres ont été pour moi une source d’inspiration. Ces œuvres font partie du patrimoine du cinéma mondial. Par ailleurs, il me paraissait intéressant de mettre la boxe en avant car le FLN avait interdit aux sportifs de participer à la Coupe du monde en 1958. Olivier Lorelle a par ailleurs écrit un scénario sur la boxe, il y a très longtemps. J’ai aussi produit un film sur le bidonville de Nanterre: Vivre au Paradis. Alors, qu’on ne vienne pas me dire que j’ai plagié leur scénario. J’espère que la justice me donnera largement raison, mais cela est une autre étape..."

Danielle Attali - Le Journal du Dimanche
Samedi 18 Septembre 201
 
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