Boycott : la contre-offensive d’Israël et de ses amis

Lundi 22 février 2010

Boycott : la contre-offensive d’Israël et de ses amis

http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-02-22-Boycott-la-contre-offensive-d



« Je n’accepte pas que des personnes, responsables associatifs,

politiques ou simples citoyens, appellent au boycott de produits au

motif qu’ils sont kasher ou qu’ils proviennent d’Israël. Je souhaite que

le parquet fasse preuve de davantage de sévérité à ce sujet. J’ai donc

adressé une circulaire aux parquets généraux, leur demandant

d’identifier et de signaler tous les actes de provocation à la

discrimination. J’entends que tous les auteurs d’actes soient poursuivis

dès qu’ils auront été identifiés et notamment quand les appels auront

été faits sur Internet. A cet égard, je salue la détermination du

parquet dans l’affaire de l’individu qui avait appelé au boycott de

produits israéliens par voie d’affichettes dans un centre commercial de

Mérignac (1) . » Ainsi s’exprime Mme Michèle Alliot-Marie, ministre

d’Etat, ministre de la justice et garde des sceaux, le 18 février, dans

son discours au dîner de l’antenne bordelaise du Conseil représentatif

des institutions juives de France (CRIF).



L’« individu » qu’elle évoque s’appelle Sakina Arnaud. Membre de la

Ligue des droits de l’homme, elle participe à la campagne

Boycott-Désinvestissement-Sanction (BDS) dans sa région. Lui reprochant

d’avoir apposé des autocollants sur des produits provenant de colonies

israéliennes de Cisjordanie, le grand magasin Carrefour de Mérignac

porte plainte contre elle pour « dégradation légère ». Le parquet

requalifie toutefois la plainte en « incitation à la discrimination

raciale, nationale et religieuse ». Sur cette nouvelle base, le tribunal

de Bordeaux la condamne, le 13 février, à une amende pénale de

1 000 euros, plus 1 euro de dommages et intérêts pour les parties

civiles (l’association Avocats sans frontières de Gilles-Wiliam

Goldnadel, qui vient d’être élu à la direction du Conseil représentatif

des institutions juives de France, et la Chambre de commerce

France-Israël) et 500 euros de frais de justice. Carrefour, en revanche,

est débouté !



Que les autorités françaises aient voulu faire un exemple, nul n’en

doute. Mais il y a fort à parier qu’elles n’en resteront pas là. D’ores

et déjà, des militants d’autres villes sont convoqués au commissariat ou

la Préfecture pour avoir participé à telle ou telle action BDS.

Pourtant, le 20 mai 2009, dans une réponse au député Eric Raoult à

l’Assemblée nationale, Mme Michèle Alliot-Marie assurait : « Depuis le

début du conflit israélo-palestinien au mois de décembre 2008, plusieurs

associations de défense de la cause palestinienne sont intervenues dans

des grandes surfaces en appelant au boycott des produits en provenance

d’Israël ou de pays supposés apporter une aide à ce pays (…). Ces

opérations, il faut bien le préciser, touchent des produits importés

d’Israël et non des produits casher. » (2)



Le mouvement de solidarité aurait-il, entre-temps, changé d’orientation

et de méthodes, pour s’en prendre aux produits, magasins et restaurants

juifs observants ? Le ministère de l’intérieur n’a signalé aucune action

de ce type. Et pour cause : l’antisémitisme et le racisme ont toujours

été radicalement étrangers au mouvement français de solidarité avec la

Palestine. Comment une ministre d’Etat peut-elle se contredire avec

autant d’aplomb, pour proférer une contre-vérité reprise à son compte

par le premier ministre lui-même (3) ? Et pourquoi cette tentative

soudaine pour intimider et discréditer ceux qui dénoncent l’impunité

d’Israël ?

à suivre sur le site du Monde Diplomatique Blog de Dominique Vidal.
http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2010-02-22-Boycott-la-contre-offensive-d
 
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