Carburants : Préparez-vous à la hausse !

Pourquoi la hausse des prix est inévitable
Le gasoil et le sans-plomb concernés
50 centimes de plus sur le premier et 1 DH pour le second


Le scénario du GPM est alarmiste. Les pétroliers prévoient une enveloppe globale de compensation de plus de 62 milliards de DH, dont 53,1 milliards pour les hydrocarbures


Le scénario de la hausse des prix des hydrocarbures se précise. Adil Ziady, le tout nouveau président du Groupement des pétroliers (GPM), pronostique une révision des prix à la pompe au plus tard dans les deux prochains mois. Car la situation est intenable pour la trésorerie des pétroliers, à tel point que certains ont des problèmes de règlement des fournisseurs. D’ailleurs, le GPM compte saisir le ministre des Affaires générales et de la gouvernance, Najib Boulif, pour trouver un planning de réduction des arriérés de paiement de la Caisse de compensation. Valeur aujourd’hui, ceux-ci frôlent les 16 milliards de DH pour les seuls produits pétroliers. Or, les pétroliers avouent ne pouvoir supporter que 6 milliards d’arriérés, car la situation actuelle (16 milliards) induit des frais financiers de 800 millions de DH. Sous cette pression financière, le volume des stocks a considérablement baissé la disponibilité des produits s’amenuise.

Car le raffineur (Samir) est encore en phase de test de ses nouvelles installations. D’ailleurs, selon Adil Ziady, «toutes les entreprises du secteur ou presque ont explosé leurs lignes de crédit bancaire». En conséquence, d’énormes distorsions dans le secteur font déjà que certaines entreprises se sont détournées du propane, trop cher, au profit du fuel subventionné. Ceci au détriment des investissements lourds réalisés pour ce produit. Pour amortir le choc, les pétroliers demandent de pouvoir défalquer des arriérés la TIC (Taxe intérieure de consommation) qu’ils collectent au titre des droits de douane dont le montant a dépassé les 23,6 milliards de DH en 2011.

La tension sur la trésorerie des pétroliers est telle qu’elle se reflète même sur les reporting quotidiens des multinationales (Total, Shell…). Alertées, certaines maisons mère vont jusqu’à se référer au risque-pays. Pour les pétroliers, le souhait est d’arriver à zéro subvention. On en est encore loin, puisque le projet de loi de Finances 2012 table sur un prix du baril plafonné à 100 dollars.

Plus inquiétantes encore, les prévisions du GPM à fin décembre 2012. Les premières estimations font état de plus de 53 milliards de DH. Ce qui porterait l’enveloppe globale de la compensation (sucre et farine compris) à plus de 62 milliards de DH! Même si lors de la dernière réunion sur la réforme de la Caisse de compensation (cf. L’Economiste du 23 mars 2012), le ministre des Affaires générales et de la Gouvernance et les professionnels des secteurs bénéficiaires estiment ce montant à 51 milliards de dirhams.
 
Les arriérés de paiement frôlent les 16 milliards
de DH pour les seuls produits pétroliers. Or, les
pétroliers avouent ne pouvoir supporter que 6
milliards d’arriérés, car la situation actuelle (16 milliards)
induit des frais financiers de 800 millions de DH



Pour l’heure, l’Etat n’a d’alternatives que de subventionner ces produits ou augmenter les prix. Or, «l’Etat ne peut se permettre de subventionner à fonds perdus certains produits qui ne bénéficient pas forcément à la population cible», estime Adil Ziady, DG Pôle carburant & lubrifiants chez Akwa.
Quoi qu’il en soit, Najib Boulif soutient que «l’Etat ne peut continuer de supporter les charges actuelles». Tout comme le patron du GPM, le ministre appelle à une réflexion profonde pour réduire les distorsions du système de compensation. Tous deux privilégient la mise en place d’une réforme globale. Même son de cloche auprès de Abdellatif Jouahri, gouverneur de la Banque centrale, pour qui «le budget de la Caisse de compensation a été largement dépassé pour cette année. Il faut donc une réforme qui aille dans le sens d’une redistribution équitable des revenus». Ce qui passe d’abord par un gros effort de sensibilisation pour permettre à ceux qui sont directement rattachés au système de compensation de trouvers des alternatives plus souples. «A mon avis, il va falloir adopter une démarche progressive sur plusieurs années. Le temps qu’il faut pour sensibiliser les bénéficiaires», suggère Ziady.

N’empêche, la révision des prix est inévitable. A priori, le prix du super sans plomb à 10,25 DH le litre, dont 3,1 DH de subvention, sera revu à la hausse. Les toutes premières indiscrétions parlent d’une augmentation de 1 DH par litre. Le gasoil prendrait 50 centimes le litre de plus, soit 8 DH au lieu de 7,50 actuellement. Le fuel industriel, subventionné à hauteur de 3.554 DH la tonne, sera lui aussi concerné. Sur le fuel spécial (réservé à l’ONE), la consommation a explosé cette année, passant de 700.000 tonnes à 1,4 million.
En revanche, le statu quo demeure sur le butane, dont les prévisions de compensation dépasseront les 15 milliards de DH cette année. La conjoncture sociale fait que la question de ciblage sur le gaz n’est pas à l’ordre du jour.

L'economiste
 
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